Auteur/autrice : Edmonde Noël

  • V13 à l’heure bleue

     

    Le 6 Septembre sur France-inter à « L’heure bleue », j’entends Laure Adler présenter le thème de l’émission : le procès des attentats de 2015.

    «Alors, là ! NON !! Ça, en plus ? entre la guerre en Ukraine, le Covid, le réchauffement climatique avec tous ses désastres ! ? Je n’allais pas écouter ça en plus ! »

    Mais aussitôt une autre voix m’a dit : Si !
    Jusque-là, quand j’entendais des allusions à ce procès, je fermais aussitôt mes oreilles et ne les rouvrais que quand les mauvaises phrases étaient passées, mais cette fois, j’ai eu un scrupule devant ma lâcheté mon « indifférence » et ma défection, et, en même temps, je l’avoue, je me suis dit que l’émission portant sur l’ensemble d’un procès désormais  terminé, ensuite j’en serais quitte ! Alors, j’ai commencé à tendre l’oreille :

    Ça commençait par « Le Son du Silence » de Simon and Garfunkel. Et le silence aussi est entré en moi. Et j’ai écouté, jusqu’au bout, apaisée, confiante, le beau témoignage d’Emmanuel Carrère et Nadia Mondreguer (qui me renvoyait l’écho, parfois , de « Apeirogon », l’article de Mohamed, du 15/09). Merci à eux et Merci aussi à Laure Adler !

     Extrait de la présentation du podcast  par L’heure bleue  :Emmanuel Carrère a tenu pendant environ dix mois, une chronique dans L’Obs sur le procès des attentats du 13 novembre 2015. C’est ce récit qu’il livre dans « V13 ». Nadia Mondeguer, mère de Lamia Mondeguer, tuée lors des attentats, l’a rejoint en studio. »

    Je laisse la parole à Emmanuel Carrère et Nadia Mondreguer,  pour ce magnifique témoignage dont la beauté m’a profondément touchée. Et j’avoue avoir été particulièrement sensible à l’humanité remarquable des paroles de Nadia. 

    Comme je n’arrive décidément t pas à enregistrer le podcast de l’émission, je vous donne le lien qui vous permettra de l’écouter quand même. En espérant que le podcast soit encore disponible quand vous lirez cet article! Sinon, il vous restera le livre d’Emmanuel C, V13 , mais sans la voix de Nadia.

     

     

  • Ainsi parlait…

    On pourrait être quelqu’un de l’Univers, mais on veut être quelque chose du Tout-Paris.

    L’homme s’use à trop croire à soi seul, à se limiter à son égoïsme.

    Au lieu qu’il doit océaniser sa goutte d’eau.

    Saint-Pol-Roux

    Recueil de citations extraites de l’oeuvre de ce poète occupant une situation charnière dans l’histoire de la poésie, héritier du romantisme, considéré par Mallarmé comme un fils spirituel et précurseur du surréalisme, salué comme tel par Breton qui lui dédie Clair de terre. Lié au symbolisme, il termine sa vie en Bretagne et a été surnommé le mage de Camaret. ©Electre 2022
    Pour en savoir plus sur  Saint Pol Roux (écrits et biographie)

    Saint-Pol-Roux. « Bretagne est univers » (replay)

  • Marie-Annick

    Bonjour à la sangha

    Ce que je vais vous annoncer, à la demande de Yann, va surement émouvoir la plupart d’entre vous, les plus anciens en particulier, qui l’ont bien connue: Marie-Annick (Saudrais) atteinte depuis plusieurs années d’une maladie de Parkinson, est décédée hier matin (25 Aout). C’est Monique Gaboyer, sa grande amie, qui m’en avait informée, prévenue elle-même par la fille de Marie-Annick car elle était assez liée avec toute la famille.

    Monique et Marie-Annick étaient toutes deux professeurs de Physique-Chimie et je crois que c’est Marie-Annick qui a fait connaitre La Bertais à Monique (à moins que ce soit l’inverse ? Monique le dira elle-même peut-être).

    >L’enterrement de Marie-Annick aura lieu en l’église Notre Dame de Vitré , Mardi prochain à 14h30.

    Pour parler de mes sentiments et souvenirs personnels : quand Monique m’a prévenue, la  veille au soir, que Marie-Annick était dans le coma, j’ai aussitôt été soulagée à l’idée qu’elle était arrivée au bout de ses souffrances… Avec une petite blessure intérieure… de l’ego, du type « j’aurais dû »… « j’aurais pu  » aller quand même la voir avant ,malgré la distance Brest-Rennes,  elle qui m’avait accueillie si gentiment chez elle lors des weekends de La Bertais. J’aimais ces moments de complicité, comme lorsque nous allions toutes trois (je pense à Monique) à l’AG dHauteville et nous arrangions pour retenir nos places dans le même train….

    Je garde d’elle un vrai souvenir Lumineux que je ne veux pas gâcher par un regret de l’ego. Alors je lui dis :

    « Farewell Marie-Annick » Suis ton chemin et sois assurée de notre amour ! »

    Je n’assisterai pas à la cérémonie de Mardi, vu la distance, mais je serai en communion avec la sangha.

    ***

    Je joins à ce message le texte de Sylvaine que Yann m’a demandé de transmettre (et dont la lecture m’a mis du baume sur le cœur) :

    Merci à Yann de m’avoir proposé d’être la dame de compagnie Bien Etre auprès de Marie Annick Saudrais à l‘Ehpad du Clos Saint Martin. C’était un grand plaisir de lui parler de la Bertais et d’Hauteville, de lire des phrases d’Arnaud Desjardins pour essayer humblement de lui faire accepter sa nouvelle maison. Elle était si heureuse de me voir. Nous méditions ensemble. Ensemble nous chantions les amants de St Jean, en allant au Thabord en fauteuil roulant. Nous allions dans une épicerie acheter des gâteaux en rigolant comme des petites filles qui auraient acheté des friandises. Je partais toujours après lui avoir fait des massages des mains et je l’embrassais doucement. Son sourire et ses beaux yeux bleues resteront longtemps dans mon coeur. J’ai peu connu Marie-Annick mais je l’ai beaucoup aimée.

     

  • De l’émerveillement-replay

     

      De l’émerveillement  

     

    Dans son livre, La Drachme perdue, Michel Fromaget écrit : « L’esprit  apparait au regard de l’âme comme une véritable merveille et le plus fréquent est qu’il lui manifeste, au début, sa présence à travers l’expérience même de l’émerveillement. Qui d’entre vous – au moins pendant l’enfance, alors que le moi n’occupait pas encore toute sa place – n’a connu des instants de ravissement ? Qui n’a connu, au moins une fois, cet état de transport et d »exaltation où l’émerveillement est si fort que l’âme perd la notion de son existence propre pour se fondre dans l’objet de son étonnement – une fleur, un ciel… une musique… – et ne faire plus qu’un avec lui ? … » 

    Parmi les quatre textes cités par M. Fromaget témoignant d’un moment d’extase dans la nature, j’ai choisi  celui d’Henri Bosco, extrait du roman L’enfant et la rivière .


    A ma connaissance, écrit M. Fromaget, nul écrivain, mieux qu’Henri Bosco (1888-1976) n’a pu peindre cet état d’absorption où les sens acquièrent une acuité plus fine :

    « Je me souviens que j’éprouvai alors un grand sentiment de tranquillité. Je sortis du bois et fis quelques pas sur l’esplanade. Jamais je n’avais eu l’esprit si clair. Tout ce que je voyais 51Tj7GKNhwL._SX346_BO1,204,203,200_s’y dessinait en lignes simples et illuminées. Je ne pensais à rien mais penser m’était inutile car il me semblait tout comprendre facilement. Je jouissais d’une intelligence mobile qui s’épandait dans la clarté lunaire pour tout voir, tout entendre, tout saisir, sans même composer une pensée, par vertu du rayonnement qui m’enveloppait de sa flamme éblouissante (…) Mais il y faut la nuit, une lune amicale, des lieux favorables au songe et une présence réelle. Présence dont on ne sait pas quelle est la nature cachée ; mais présence sensible à travers l’ombre et la clarté, l’odeur des bois, la brise dans les feuilles. Elle n’est cependant ni l’ombre, ni la forêt, mais sans elle toutes ces choses ne seraient que sensations pures, alors que l’on sent l’être même dans cet être inconnu que nulle image ne figure et dont l’émanation fait rayonner la terre, les eaux, les arbres et le silence de la nuit qui l’aime, car il en est le cœur actif et  inaccessible.

    Or cet être était là ; et n’en pouvant trouver le nom ni définir la  nature secrète, je me contentais de la paix nocturne. Dans cette paix, l’être circulait, du sommet des collines jusqu’aux paisibles étendues de la campagne.»

    Après les témoignages d’extase dans la nature,  sans doute autobiographiques, d’un romancier, d’un peintre, Van Gogh, celui d’un poète : Verlaine avec son poème, chanté par Philippe Jaroussky,  L’heure exquise

    Remarque : Le chant est précédé, d’une minute d’annonce publicitaire que je n’ai pas réussi à supprimer. Mais, comme dit la Rose au Petit Prince : Il faudra bien que j’accepte les chenilles si je veux connaître les papillons.

  • La Belle Dorothée

    Le soleil accable la ville de sa lumière droite et terrible ; le sable est éblouissant et la mer miroite. Le monde stupéfié s’affaisse lâchement et fait la sieste, une sieste qui est une espèce de mort savoureuse où le dormeur, à demi éveillé, goûte les voluptés de son anéantissement.

    Cependant Dorothée, forte et fière comme le soleil, s’avance dans la rue déserte, seule vivante à cette heure sous l’immense azur, et faisant sur la lumière une tache éclatante et noire.

    Elle s’avance, balançant mollement son torse si mince sur ses hanches si larges. Sa robe de soie collante, d’un ton clair et rose, tranche vivement sur les ténèbres de sa peau et moule exactement sa taille longue, son dos creux et sa gorge pointue.

    Son ombrelle rouge, tamisant la lumière, projette sur son visage sombre le fard sanglant de ses reflets.

    Le poids de son énorme chevelure presque bleue tire en arrière sa tête délicate et lui donne un air triomphant et paresseux. De lourdes pendeloques gazouillent secrètement à ses mignonnes oreilles.

    De temps en temps la brise de mer soulève par le coin sa jupe flottante et montre sa jambe luisante et superbe ; et son pied, pareil aux pieds des déesses de marbre que l’Europe enferme dans ses musées, imprime fidèlement sa forme sur le sable fin. Car Dorothée est si prodigieusement coquette, que le plaisir d’être admirée l’emporte chez elle sur l’orgueil de l’affranchie, et, bien qu’elle soit libre, elle marche sans souliers.

    Elle s’avance ainsi, harmonieusement, heureuse de vivre et souriant d’un blanc sourire, comme si elle apercevait au loin dans l’espace un miroir reflétant sa démarche et sa beauté.

    À l’heure où les chiens eux-mêmes gémissent de douleur sous le soleil qui les mord, quel puissant motif fait donc aller ainsi la paresseuse Dorothée, belle et froide comme le bronze ?

    Pourquoi a-t-elle quitté sa petite case si coquettement arrangée, dont les fleurs et les nattes font à si peu de frais un parfait boudoir ; où elle prend tant de plaisir à se peigner, à fumer, à se faire éventer ou à se regarder dans le miroir de ses grands éventails de plumes, pendant que la mer, qui bat la plage à cent pas de là, fait à ses rêveries indécises un puissant et monotone accompagnement, et que la marmite de fer, où cuit un ragoût de crabes au riz et au safran, lui envoie, du fond de la cour, ses parfums excitants ?

    Peut-être a-t-elle un rendez-vous avec quelque jeune officier qui, sur des plages lointaines, a entendu parler par ses camarades de la célèbre Dorothée. Infailliblement elle le priera, la simple créature, de lui décrire le bal de l’Opéra, et lui demandera si on peut y aller pieds nus, comme aux danses du dimanche, où les vieilles Cafrines elles-mêmes deviennent ivres et furieuses de joie ; et puis encore si les belles dames de Paris sont toutes plus belles qu’elle.

    Dorothée est admirée et choyée de tous, et elle serait parfaitement heureuse si elle n’était obligée d’entasser piastre sur piastre pour racheter sa petite sœur qui a bien onze ans, et qui est déjà mûre, et si belle ! Elle réussira sans doute, la bonne Dorothée ; le maître de l’enfant est si avare, trop avare pour comprendre une autre beauté que celle des écus.

    Baudelaire : La Belle Dorothée. Le spleen de Paris.

     

    ≈≈≈≈

    ◊ Quelques repères chronologiques : 

    1794 : 1ère abolition de l’esclavage, révoquée en 1802

    1841 : Baudelaire, à 21 ans, embarque, à la demande de ses parents,  sur un voilier en partance pour les Indes. Mais mais il s’arrête aux Mascareignes (Maurice et La Réunion…) dont il reviendra au bout de quelques mois (dont 19 jours à l’île Maurice, d’après Emmanuel Richon, exégète de Baudelaire).
    C’est à son retour à Paris qu’il rencontrera Jeanne Duval, femme métissée, qui, au scandale de ses contemporains, sera sa maîtresse et sa compagne pendant 14 ans, liaison qui fut sans doute, aux yeux de ses contemporains, la pire de ses incartades, et, très probablement, le plus grand obstacle à la publication des « Fleurs du Mal ». Ci-dessous une photo de Jeanne Duval par Nadar.

    1848 : abolition définitive. A partir de cette date, les esclaves ont le droit de porter des chaussures…

    Jeanne Duval

    ◊ Pour en savoir plus sur Baudelaire aux Mascareignes on peut consulter https://www.potomitan.info/moris/baudelaire/index.php 

    Pour un autre poème de Baudelaire, « La vie antérieure », édité sur ce blog, cliquer ici
    Et pour un poème , publié dans Les Épaves, qui évoque « une autre Dorothée », cliquer ici.

    le opotomitan = Site de promotion des cultures et des langues créoles.

     

     

     

  • Un « petit poème en prose »

     Le joujou du pauvre

     

    Je veux donner l’idée d’un divertissement innocent. Il y a si peu d’amusements qui ne soient pas coupables !

    Quand vous sortirez le matin avec l’intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches de petites inventions à un sol, — telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l’enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, — et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s’agrandir démesurément. D’abord ils n’oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils s’enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l’homme.

    Sur une route, derrière la grille d’un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d’un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.

    Le luxe, l’insouciance et le spectacle  habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu’on les croirait faits d’une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.

    De l’autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l’œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.

    À travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l’enfant pauvre  montrait à l’enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c’était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.

    Et les deux enfants se riaient l’un à l’autre fraternellement, avec des dents d’une égale blancheur.

    Charles Baudelaire. (Le Spleen de Paris)

    °Le Spleen de Paris (1869), également connu sous le titre « Petits Poèmes en prose », est un recueil posthume de poèmes en prose de Charles Baudelaire.

    En cliquant sur le lien on trouve la liste des poèmes en prose ; cliquer sur le titre pour afficher chaque poème.(Pas toujours réjouissants, » âmes sensibles… »)

     

  • La nuit…

    ∼ La nuit n’est jamais complète ∼

     

     La nuit n’est jamais complète.

    Il y a toujours, puisque je le dis,

    Puisque je l’affirme,

    Au bout du chagrin

    Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée

    Il y a toujours un rêve qui veille,

    Désir à combler, Faim à satisfaire,

    Un cœur généreux,

    Une main tendue, une main ouverte,

    Des yeux attentifs,

    Une vie, la vie à se partager.

    La nuit n’est jamais complète

     

    Paul Eluard
      Derniers poèmes d’amour 

    et

    Van Gogh
    La nuit étoilée

  • L’indestructible selon Arnaud

    ∗ L’Indestructible

     

    Il n’y a pas d’autre solution réelle que de
    chercher cet Indestructible en reconnaissant :
    « Oui, ceci est destructible, je m’incline, je le sais. »
    Seule la parfaite reconnaissance de l’implacable impermanence libère la conscience de l’Eternel et dissipe la peur de mourir.

    Arnaud

    La  Paix toujours présente. (p.74)

  • Nuit de feu Pascal. replay

                                                                                                                              Les messages et commentaires que j’ai lus récemment sur le blog, m’ont donné envie de mettre en replay (un peu modifié, allégé), ce ”Mémorial” qui m’avait touchée et me touche encore par l’émotion tangible et la ferveur qu’il dégage.

    LE MÉMORIAL

    (Fragment 742 des Pensées)

    « À la mort de Pascal,  on trouva dans la doublure de son pourpoint un petit parchemin plié, et dans ce parchemin une feuille de papier. Sur chacun de ces deux supports, figurait à peu près le même texte, autographe, trace d’une intense expérience religieuse . Gilberte  et ses amis convinrent qu’il s’agissait là d’une sorte de Mémorial qu’il gardait très soigneusement pour conserver le souvenir  d’une chose qu’il voulait avoir toujours présente à ses yeux et à son esprit, puisque depuis huit ans il prenait soin de le coudre et découdre à mesure qu’il changeait d’habits. …» (note 2 du Fragment 742)

    Pascal n’avait parlé à personne de cette « nuit de feu », mais sa sœur Jacqueline, religieuse au couvent de Port-Royal, avait remarqué, à partir de cette époque (1654), un changement radical dans la vie de son frère. »

     

    Mémorial Pascal
    Le Mémorial (l’ original)

    « L’original est écrit sur papier de la main de Pascal lui-même : il a sans doute été écrit durant la « nuit de feu »

    +

    L’an de grâce 1654.
    Lundi 23 novembre, jour de saint Clément pape et martyr et autres au martyrologe.
    Veille de saint Chrysogone martyr et autres.
    Depuis environ dix heures et demi du soir jusques environ minuit et demi.
    Feu
    Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob,
    non des philosophes et des savants.
    Certitude, certitude, sentiment, joie, paix.
    Dieu de Jésus‑Christ.
    Deum meum et Deum vestrum.
    Ton Dieu sera mon Dieu.
    Oubli du monde et de tout hormis Dieu.
    Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
    Grandeur de l’âme humaine.
    Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu.
    Joie, joie, joie, pleurs de joie.
    Je m’en suis séparé. …
    Dereliquerunt me fontem aquae vivae.
    Mon Dieu, me quitterez‑vous —
    que je n’en sois pas séparé éternellement.

    Cette est la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé J.-C.
    Jésus-Christ. —
    Jésus-Christ. —
    je l’ai fui, renoncé, crucifié .
     Je m’en suis séparé—-
    Que je n’en sois jamais séparé ! —
    Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
    Renonciation totale et douce.
    Etc.

    Note 10 : Deliquerunt me aquae vivae » : Ils m’ont délaissé, moi, la fontaine d’eau vive. (Jérémie, 2, 13)

    (Pour accéder au site présentant le texte dMémorial, cliquer ici.) 


    Quelques remarques supplémentaires  extraites deWikipédia
    ____________

    Après une expérience mystique qu’il éprouva en novembre 1654, il se consacre à la réflexion philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques. Il écrit pendant cette période Les Provinciales et les Pensées, publiées seulement après sa mort qui survient deux mois après son 39e anniversaire, alors qu’il a été longtemps malade.

    Pascal, n’aura pas le temps de terminer son Apologie du Christianisme. Les notes qu’il laisse après lui seront rassemblées dans Les Pensées.Le Mémorial ne fera pas partie de la première édition.
    Pour accéder au site complet de wikipedia , cliquer ici : Pascal

     

     

     

  • Au pays des paroles gelées (Replay)

                                                                                                                                                                   En cette reprise des activités de La Bertais, notamment des séjours, avec leurs temps de travail sur l’inconscient, j’ai relu ce texte de Rabelais dont le titre , en Novembre 2017, m’avait déjà interpellée ( » des paroles gelées « !  de quoi s’agit-il donc ??! « ) Je vous aisse voir !

    §

    Quand j’ai lu cet extrait du Quart Livre. Je me suis demandé si Rabelais n’avait pas fait, juste avant, …un lying (!) au cours duquel il se serait embarqué sur son Atlantique intérieur jusqu’à sa mer de Glace où les paroles se dégèlent au printemps ! Et vous, qu’en pensez-vous ?


    François Rabelais

    Au pays des paroles gelées

    >>Dans le Quart Livre, alors que Pantagruel et ses compagnons naviguent, sur l’océan Atlantique,  à la recherche de l’oracle de la dive bouteille, en pleine mer, Pantagruel croit « ouïr des voix, tant d’hommes que de femmes ». Panurge, saisi de frayeur, supplie Frère Jean de le protéger . Pantagruel, s’appuyant sur des textes antiques, lui démontre comment les paroles peuvent geler et se dégeler : « Ici serait l’endroit en quel telles paroles dégèlent » .

    […..] Le pilote répondit : « Seigneur, ne vous effrayez de rien. Ici se trouve le confin de la mer de Glace où, au début de l’hiver dernier, eut lieu une grande et cruelle bataille entre les Arimaspiens et le Néphélibates. Alors les paroles et les cris des hommes et des femmes, les chocs des masses d’armes, les heurts des caparaçons, les hennissements des chevaux et autre vacarme de combat, gelèrent dans l’air. Maintenant, la rigueur de l’hiver étant passée, la sérénité et douceur du beau temps étant arrivées , elles fondent et se font entendre.

    —Par Dieu, dit Panurge, ne pourrions en voir quelqu’une ? (…)
    —Tenez, tenez, dit Pantagruel, voyez-en ici qui ne sont pas encore dégelées .

    Alors il nous jeta sur le tillac de pleines poignées de paroles gelées ressemblant à des dragées perlées de diverses couleurs, nous y vîmes des mots de gueule des mots de sinople des mots d’azur, des mots de sable, des mots dorés. Après avoir été échauffés entre nos mains, ils fondaient comme neige, et nous les entendions réellement, mais nous ne les comprenions pas car c’était un langage barbare . Un seul fit exception, assez gros, qui, Frère Jean l’ayant échauffé entre ses mains, produisit un son semblable à celui que produisent les châtaignes jetées dans la braise sans être entamées, lorsqu’elles éclatent, et nous fit tressaillir de peur. «C’était, dit Frère Jean, un coup de fauconneau* de son vivant.»

    Panurge demanda à Pantagruel de lui en donner encore. Pantagruel lui répondit que donner sa parole était propre aux amoureux.
    « Vendez-m’en donc, disait Panurge.
    —Vendre des paroles, c’est ce que font les avocats, répondit Pantagruel. Je vous vendrais plutôt du silence, et plus cher […]

    Illustration de Gustave Doré

    Néanmoins, il en jeta trois ou quatre poignées sur le tillac.Et j’y vis des paroles fort piquantes, des paroles sanglantes, dont le pilote nous disait qu’elles revenaient quelquefois du lieu où elles avaient été proférées, mais c’était se couper la gorge. J’y vis aussi des paroles horribles et fort désagréables à voir, celles-ci ayant fondu toutes ensemble, nous entendîmes hin hin hin tic torche lorgne brededac frrr bou bou bou. Traccc trac tir trrr trrrrr on on on ouououiou goth magoth, et je ne sais quels autres mots barbares : et il disait qu’ils évoquaient la bataille et le hennissement des chevaux à l’heure où l’on s’affronte.
    Puis nous en entendîmes d’autres grosses qui, en dégelant, rendaient les unes des sons de tambours et de fifres, les autres des sons de clairons et de trompettes. Soyez sûrs que nous y avons trouvé beaucoup de plaisir.

    Je voulais mettre en conserve quelques mots de gueule, tout comme on conserve de la neige et de la glace dans de la paille bien nette. Mais Pantagruel refusa disant que c’était folie de mettre en conserve ce qui ne manque jamais et que l’on a toujours sous la main comme c’est le cas pour les mots de gueule parmi les bons et joyeux Pantagruélistes.

    (Rabelais Le Quart livre, langue modernisée)

     

    Notes : 1.* Un foconneau est une pièce d’artillerie.
    2. Mots de gueule (etc.) : termes de blason.
    3. Cliquer sur François Rabelais  pour accéder à Wikipedia. Idem pour Gustave Doré .

    4. Je viens de découvrir sur le site  théâtre on line, que  la pièce « Paroles gelées » sera jouée à Saint-Denis en 2018.  Cliquer sur le lien ci- dessus pour ce site (qui, en plus, présente une courte biographie de Rabelais, l’essentiel).

    5. Sur le manuel scolaire où j’ai trouvé ce texte, j’ai vu qu’un livre est paru chez Droz en 1953 : François Rabelais Quatrième centenaire de sa mort. L.V. Saulnier y écrit le chapitre : « Le silence de Rabelais ou le mythe des paroles gelées ». Il est cher (48€) mais on peut pê le trouver dans une bibliothèque, si on y tient. Décidément, ces paroles gelées m’intriguent !

     

  • L’arbre de santal – replay

    Voici le replay d’un article qui date de 2008.
    J’ai juste amélioré la présentation de l’époque .
    Cliquer sur les photos pour les agrandir.

    ♠♣♠

     


    L’arbre de Santal

    L’arbre, assailli d’un noir tourbillon de cailloux,
    se venge en répondant par une douce pluie
    de belles fleurs, de purs parfums, d’excellents fruits.

    La coquille des mers, quand le plongeur la tue,
    lui répond en mettant des perles dans sa main.

    Le rocher que le pic du mineur frappe et brise
    l’enrichit de rubis et l’orne de saphirs.

    Le minerai que fond le feu de la coupelle, pleure
    et des gouttes d’or restent quand il n’est plus.

    L’homme seul…

    Mais, ô douce sagesse,
    celui qui t’aime a beau se sentir détesté,
    en vain la haine attaque et déchire sa vie,
    jusque dans le supplice il ne cesse d’aimer,
    il bénit jusqu’au bras sanglant qui le torture,
    et meurt d’amour, pareil à l’arbre de Santal
    qui parfume, en tombant, le fer de la cognée.

    Texte de Krishna – 2160 av. JC

    J’ai trouvé ce poème sur un 33tours de Giani Esposito, et sa beauté m’a surprise. J’ai cherché en vain qui était ce poète Krisna de 2160 av. JC.
    Depuis j’ai eu une réponse de Yann : « Le krishna dont il est question est bien entendu le 8ème avatar de Vishnou (celui qui est venu après Rama) et dont la Bagavad Gita raconte la geste ».


  • Acceptation

    « Si on n’accepte pas son aspect, on reste au pied de l’Himalaya, on ne peut pas monter »

    C’est la phrase que j’ai entendue en Juin, prononcée par un enfant, à la fin de l’émission TV Le Monde en marche, qui présentait le parcours d’enfants défigurés dès leur naissance par une malformation congénitale  ou un accident survenu dans leur petite enfance. Et, répulsion, je ne voulais pas voir ces visages ! J’ai failli zapper mais cette réaction m’a agacée, et, vexée, j’ai décidé de regarder, pour m’habituer à voir au lieu de nier.

    Alors, j’ai regardé -mais, aussi, écouté- le témoignage de ces enfants. Et derrière ces visages, il y avait l’âme. 

    Car l’émission, très attachante,  était basée sur des témoignages -rien d’abstrait ni de théorique, donc- des enfants d’abord mais aussi des parents et des soignants qui les accompagnaient depuis longtemps avec patience, écoute et intelligence. 

    Ils étaient quatre enfants :

    Le plus jeune, 6 ans, était né avec un naevus qui couvrait toute la partie gauche du visage. A force de traitements celui-ci avait été éliminé en grande partie, au prix de beaucoup de souffrances, mais il en restait encore sur l’aile du nez. Et l’enfant envisageait de cesser le traitement. Ses parents respecteraient sa décision.

    Une adolescente de 12 ans, avait eu, bébé, le visage brûlé par une capuche enflammée qui s’était rabattue sur elle. Elle s’était beaucoup exprimée, toujours gaie et souriante, pendant l’émission et j’avais été très impressionnée par sa maturité et sa persévérance à suivre son parcours. Qualités qui, d’ailleurs, étaient aussi la marque des trois autres jeunes.

     La deuxième ado était née sans l’oreille droite, ce qu’elle cachait habilement par sa coiffure mais il restait un certain déséquilibre dans le visage, me semble-t-il. En compensation, elle pratiquait avec assiduité et , et beaucoup de grâce, un sport de combat. Son père l’avait soutenue dans ce choix-là, qui la valorisait. 

    Tous, d’ailleurs  avaient une activité physique, sur le conseil de l’équipe soignante, car bénéfique à leur équilibre. 

    Ainsi, le quatrième du groupe , qui avait 20 ans, avait décidé d’arrêter son traitement à 12 ans, pour consacrer toute son énergie à la natation , un choix qui lui avait permis une belle réussite sportive et aussi une belle intégration parmi ses compagnons d’équipes.

    Bref, j’ai été très impressionnée par le courage de ces enfants et l’intelligence de tous ces témoignages : enfants , soignants, parents ! 

    Et voici, en conclusion, la dernière phrase, celle sur laquelle se termine le reportage, que je cite de mémoire, prononcée dans le groupe des enfants, sur laquelle ils semblaient tous d’accord. Une « phrase-choc » qui fait de ces enfants  au « visage différent », des Upa-Gurus ! :

    ”Récupérer une apparence ”normale” ou presque, c’est comme vouloir faire l’ascension de l’Himalaya : !il faut beaucoup de courage, mais d’abord il faut accepter son aspect. Tant qu’on n’accepte pas son aspect, on reste au pied de l’Himalaya.”

     Quant à moi, cette émission très positive et qui ne s’apitoyait jamais, m’a enrichie d’une belle ouverture sur le monde en me faisant sortir de l’emprisonnement d’un préjugé. Et ces jeunes : de vrais Upa-Gurus  !

     Les 2 dernières photos sont de Mathieu Ricard. Cliquer 2 foispour les agrandir.(https://www.matthieuricard.org/photographies/paysages). 

     j’ai trouvé, récemment un article dans Ouest-France. ;https://www.ouest-france.fr/medias/television/enfants-aux-visages-differents-ils-temoignent-de-leur-combat-quotidien-sur-france-5-c116f604-cceb-11eb-aca8-de157cf71a82

     

  • Les musiques du monde et le temps

     

    Lorsque j’ai lu « Trio Chemirani » en titre d’un article de iPapy, en 2019, j’ai aussitôt ouvert l’article car ce nom me renvoyait à au moins 40 ans en arrière, à une époque où,  par l’intermédiaire d’un ami personnel proche d’un ami de Djamchid Chemirani, j’avais eu l’occasion d’entrer en contact avec la musique traditionnelle persane et notamment le zarb, instrument traditionnel, que je découvrais. Et j’avais assisté, pour mon plus grand plaisir, à quelques concerts donnés par Djamchid Chemirani et deux de ses compatriotes, en Bretagne et dans le Midi. 

    Cette fois-ci c’est une superbe vidéo du trio Chemirani à l’abbaye de Royaumont, en Aout 2015, que nous proposait iPapy ! Et dont je vous propose le YouTube ci-dessous.

    Pour la petite histoire, comme j’entendais ses amis parler de lui -paroles amicales, élogieuses- j’ai appris que Djamchid, iranien, marié à une française, vivait dans le Midi. Il avait de tout jeunes enfants, semblait tout à fait décidé à s’établir et vivre en France, mais tenait à à une chose : que ses enfants aient un prénom iranien.  A cette époque, Djamchid était donc assez  jeune et j’avoue qu’en plus de sa musique, j’étais sensible à sa belle allure.

    Aussi, quand j’ai ouvert l’article de iPapy, quelle surprise ! Le temps avait passé ! C’était Djamchid,  ce petit vieux écroulé sur son zafu !? Où étaient passées ses magnifiques moustaches noires ? (Et moi, et moi, alors ? j’avais donc vieilli autant, moi  aussi !!?)

    Remise de mon émotion, je me suis aperçue qu’il n’était pas écroulé du tout mais qu’il avait seulement dû perdre quelques petits cm, que la moustache avait juste changé de couleur … Et que c’était toujours un vrai plaisir de l’entendre !

    Quant à ses bambins, Keyvan et Bijan, que je voyais pour la première fois grâce à cette vidéo, ils avaient simplement grandi ! … Ah, quand même, j’oubliais : j’avais déjà vu l’aîné, Keyvan, à Brest, sur la scène du Quartz où il participait, au zarb, à un concert donné par la Kreiz Breizh Académi créée par  le chanteur breton Erik Marchant.

    Si vous pouvez, mettez la vidéo en grand écran, vous profiterez mieux de la belle lumière du réfectoire des moines.
    Ne vous inquiétez pas des coupures dans le son : ce teaser est fait d’un ensemble plusieurs courts extraits. *

     

    En définitive, bien sûr le temps a passé mais il n’a pas changé que les corps,  il a changé aussi, et surtout, l’esprit de la musique : qu’elle soit traditionnelle, de Bretagne, d’Iran ou d’ailleurs, elle a su s’ouvrir aux musiques du monde, comme le montre cet extrait. Et j’avoue que je n’ai pas seulement adoré la musique mais que j’ai été touchée aussi par  la  diversité des origines – instruments, ethnies – et la convivialité entre les musiciens. De la beauté sur tous les plans !

    Et puis j’enchaine avec un concert de Keyvan enregistré pendant le confinement pour la scène de la Sacem Oxygène, avec, en 2ème partie, un beau morceau de santour dédié au musicien breton, Jacques Pellen.

    • Pour les personnes qui voudraient en savoir plus, j’ajoute un lien pour l’interview de Keyvan  qui avait précédé  le concert de 2015, à l’abbaye de Royaumont, expliquant sa démarche, sa recherche musicale etc. L’interview -de 35mn, entrecoupée de passages musicaux – que j’ai trouvée très riche, et sympa aussi- a été pour moi une ouverture sur un monde quasi-inconnu.

    Et, après après avoir lu le commentaire de Murielle sur la transmission de la musique, le trio Chémirani, père et fils , une scène qui me touche, en plus de la musique !

     

     

  • Le son du silence (replay)

    En écho à l’article de Georges, La Réponse absolue, du 22/04, un replay d’un article écrit en 2009 après un séjour à Hauteville, avec J.Castermane, disciple de K.G. Dürkeim. Voici, ci-dessous, quelques extraits que j’aurais envie d’appeler « versets ». Les trois premiers se suivent, dans le livre, les autres pas.

     Le son du silence
     (Karlfried Graf Dürkeim)

     

     

     

    Là où le son du silence se fait entendre, est la méditation au-delà de l’objet.

    *

    Une méditation au-delà de l’objet ? Oui, dans la mesure où elle est en quête de quelque chose qui n’est pas l’objet. Mais alors, qu’est-ce que c’est ? C’est quelque chose qui exclut la question : « Qu’est-ce que c’est ? »

    *

    Il s’agit de l’Essence, de la manière par laquelle la VIE supraterrestre, qui est l’ESSENCE de toute chose, est présente en nous et aspire à se manifester à travers nous sur la terre. Essence signifie aussi, toujours, vie créatrice et libératrice. Tout ce qui se fixe ou s’arrête lui oppose une résistance : la conscience des objets, le centre de cette conscience, le Je qui gravite autour de sa propre permanence et s’y accroche, les objets dont il fait constat, les concepts et images qu’il pose. S’unir à l’Essence n’est possible que si la conscience d’objet est suspendue au profit d’une conscience tout autre : d’une conscience qui se tient en soi. En elle, l’homme ne se fixe plus, et se libère de tout ce qui est quelque chose.

    *

    Même au milieu du bruit, le silence de l’Être authentique résonne, et fait retentir sa tonalité éternelle. Aucune oreille humaine ne peut l’entendre. L’entendre, pourtant : tout est là. Le silence de l’Être authentique n’est pas seulement là où se tait le bruit du monde. De sa façon d’écouter, dépend que l’homme perçoive le silence de l’Être dans le silence du monde, ou même au milieu du bruit

    *

    Là où la nature repose complètement en soi, elle est environnée de silence. Tel un arbre, simplement, et comme il se tient là et ne veut rien savoir d’autre. Un chevreuil qui pâture, et sa manière d’être totalement à ce qu’il fait en prenant sa nourriture. Un enfant qui s’adonne à son jeu avec un immense sérieux, entièrement absorbé. Là est ce silence, celui de la vie qui coïncide avec elle-même.

    *


    Le son de l’Être essentiel retentit sans cesse. La question est de savoir si, comme instruments, nous lui sommes assez accordés pour qu’il résonne en nous et pour que nous l’entendions.

     

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    Remarque : ci dessous la présentation de mon article en 2009, un peu allégée.

    En Mai, j’ai participé à un stage avec Jacques Castermane –disciple de K.G. Dürkheim- à Hauteville. A la bibliothèque, j’ai flashé, en fait, sur un petit livre de Dürkheim posé avec d’autres sur la table du fond, dont le titre m’interpellait. Voici  quelques extraits que j’aurais envie d’appeler « versets ». Le trois premiers se suivent, dans le livre, les autres pas.
    Une fois rentrée chez moi, dans l’espoir de trouver quelque chose pour prolonger l’ambiance du stage, que j’avais beaucoup aimé, j’ai ouvert le blog « Phytospiritualité » à la page Jacques Casterman,
     et je n’ai pas été déçue ! 

  • Il n’aurait fallu

     

    IL N’AURAIT FALLU

    Il n’aurait fallu

    Qu’un moment de plus

    Pour que la mort vienne

    Mais une main nue

    Alors est venue

    Qui a pris la mienne

    Qui donc a rendu

    Leurs couleurs perdues

    Aux jours aux semaines

    Sa réalité

    À l’immense été

    Des choses humaines

    Moi qui frémissais

    Toujours je ne sais

    De quelle colère

    Deux bras ont suffi

    Pour faire à ma vie

    Un grand collier d’air

    Rien qu’un mouvement

    Ce geste en dormant

    Léger qui me frôle

    Un souffle posé

    Moins une rosée

    Contre mon épaule

    Un front qui s’appuie

    À moi dans la nuit

    Deux grands yeux ouverts

    Et tout m’a semblé

    Comme un champ de blé

    Dans cet univers

    Un tendre jardin

    Dans l’herbe où soudain

    La verveine pousse

    Et mon cœur défunt

    Renaît au parfum

    Qui fait l’ombre douce

    Louis Aragon – Le Roman inachevé

    Ce poème est chanté, entre autres, par Monique Morelli et par Léo Ferré.

    Monique Morelli :

    Léo Ferré :