Il y a quelques années, avant de découvrir l’enseignement de Arnaud, j’avais cherché de l’aide dans différents écrits pour débuter la pratique de la méditation. J’étais tombée sur un article qui m’avait inspirée, dans un ancien numéro de la revue « Question de… » consacré à la méditation : Jean-Yves Leloup y présentait la méthode d’oraison hésychaste qui fut pratiquée, entre autres, par les moines orthodoxes du Mont Athos en Grèce. En quelques mots, l’hésychasme (du grec hesychia « l’immobilité, le repos, le calme, le silence ») est une pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l’Eglise orthodoxe dont le but est le repos et la paix de l’âme en Dieu.

Récemment, j’ai retrouvé sur le site internet de la revue « Question de… » ce même article et je vous propose donc un résumé du texte de Jean-Yves Leloup, résumé subjectif pour partager avec vous ce qui m’avait inspirée. On peut trouver sur la (riche) page internet de la revue des articles sur la pratique de la méditation d’auteurs de différents horizons. http://www.questionde.com/la-revue/la-revue-question-de/meditation/
« Il était une fois un jeune philosophe français qui se rendit au Mont Athos afin d’être initié, de vivre l’expérience de l’oraison des hésychastes, d’apprendre à s’ouvrir à la divinité.
Il y rencontra un moine ermite, le père Séraphin, et reçut pendant plusieurs mois son enseignement.

Lorsque le jeune homme demanda au père Séraphin de lui parler de la prière du cœur et de l’oraison pure, le père Séraphin lui dit : “Avant de parler de prière du coeur, apprend d’abord à méditer comme la montagne. Demande-lui comment elle fait pour prier. Puis reviens me voir.”
La première indication qui lui était donnée concernait donc la stabilité, l’enracinement d’une bonne assise. S’asseoir comme une montagne cela veut dire aussi prendre du poids : être lourd de présence.
Un matin il sentit réellement ce que voulait dire méditer comme une montagne. Il était là de tout son poids, immobile. Il ne faisait qu’un avec elle, silencieux sous le soleil. Sa notion du temps avait complètement changé : les montagnes ont un autre temps, un autre rythme. Etre assis comme une montagne, c’est avoir l’éternité devant soi.
Puis le père Séraphin le conduisit dans le fond du jardin où parmi les herbes sauvages on pouvait voir quelques fleurs. “Maintenant, apprends à méditer comme un coquelicot, mais n’oublie pas pour autant la montagne…”

La méditation c’est aussi une “orientation” et c’est ce que lui enseignait maintenant le coquelicot : se tourner vers le soleil, se tourner du plus profond de soi-même vers la lumière. En faire l’aspiration de tout son sang, de toute sa sève. Le coquelicot lui enseigna non seulement la droiture de la tige, mais aussi une certaine souplesse sous les inspirations du vent… et une grande humilité.
La montagne lui avait donné le sens de l’Eternité, le coquelicot lui enseignait la fragilité du temps : méditer c’est connaitre l’Eternel dans la fugacité de l’instant. C’est fleurir le temps qu’il nous est donné de fleurir, aimer le temps qu’il nous est donné d’aimer, gratuitement, sans pourquoi, car pour qui, pour quoi fleurissent les coquelicots ?
Il apprenait ainsi à méditer, pour le plaisir d’être et d’aimer la lumière.
Plus tard, le père Séraphin l’entraina par un chemin abrupt jusqu’au bord de la mer et lui dit : « Apprends à méditer comme l’océan »

C’est ainsi que le jeune homme, accordant son souffle à la grande respiration des vagues, (j’inspire, j’expire …, puis, je suis inspiré, je suis expiré), comprit que méditer c’est laisser être le flux et le reflux du souffle.
Il apprit également que s’il y avait des vagues en surface, le fond de l’océan demeurait tranquille. Les pensées vont et viennent, nous écument, mais le fond de l’être reste immobile. Méditer ainsi à partir des vagues que nous sommes (pour perdre pied et prendre racine dans le fond de l’océan), lui fit découvrir l’unicité de toutes choses et cela n’abolissait pas le multiple. Il avait moins besoin d’opposer le fond et la forme, le visible et l’invisible. Tout cela constituait l’océan unique de la vie.
« Etre dans une bonne assise, être orienté droit dans la lumière, respirer comme un océan, ce n’est pas encore la méditation hésychaste, lui dit le père Séraphin, tu dois apprendre maintenant à méditer comme un oiseau » , et il le mena dans une petite cellule proche de son ermitage où vivaient deux tourterelles.

« Méditer c’est murmurer comme la tourterelle, laisser monter en soi ce chant qui vient du coeur. Je te propose de répéter, de murmurer, de chantonner ce qui est dans le coeur de tous les moines de l’Athos. “Kyrie eleison, Kyrie eleison…” Ne cherche pas trop à te saisir du sens de cette invocation, elle se révélera d’elle-même à toi. Pour le moment sois sensible et attentif à la vibration qu’elle éveille dans ton corps et dans ton coeur. »
Le “Kyrie eleison” lui devint familier au bout de quelques jours. Il l’accompagnait comme le bourdonnement accompagne l’abeille lorsqu’elle fait son miel. Il ne le répétait pas toujours avec les lèvres : le bourdonnement devenait alors plus intérieur et sa vibration plus profonde.
La montagne, le coquelicot, l’océan, l’oiseau, méditer c’était d’abord entrer dans la louange de l’univers… car “toutes ces choses savent prier avant nous », disent les pères. »
« Puis le père Séraphin lui enseigna la méditation d’Abraham, qui entrait dans une nouvelle et plus haute conscience : derrière le frémissement des étoiles il y a plus que les étoiles, une présence que rien ne peut nommer et qui a pourtant tous les noms…

Méditer pour Abraham, c’est entrer en contact avec cette Présence, c’est s’oublier, le coeur sans limites, et rompre ses attaches pour se découvrir soi-même, nos proches et tout l’Univers, habités de l’infinie présence de « Celui-là seul qui Est ».
Méditer comme Abraham, n’éveille pas seulement en toi de la paix et de la lumière, mais aussi de l’Amour pour tous les hommes.
Pour finir son initiation, lorsque le jeune homme demanda au père Séraphin de lui apprendre à méditer comme Jésus, celui-ci lui répondit : « Cela, ce n’est que l’Esprit-Saint qui peut te l’enseigner.
Je préférerais ne rien te dire, ne pas employer d’image et attendre que l’Esprit-Saint mette en toi les sentiments et la connaissance qui étaient dans le Christ : Dieu et l’homme ne font qu’un. Cela récapitule toutes les formes de méditation que je t’ai transmises jusqu’à maintenant. »