Auteur/autrice : Edmonde Noël

  • La citation du Lundi (52)

     

    index


    Tout est nourriture
    . Toute impression, un livre que nous lisons, une émission de télévision, tout cela pénètre en nous. Qu’est-ce que nous en faisons ? Sommes-nous vraiment capables de l’utiliser consciemment pour cette croissance intérieure ? Et là il faut que nous intervenions dans ce processus de digestion et d’assimilation : « Tout ce que je n’ai pas pu digérer, comment est-ce que je vais réussir à le digérer ? »

    (…..)

    Mais comme nous ne pouvons pas toujours nous protéger, que nous n’allons pas toujours quitter ce monde violent, brutal, conflictuel pour nous retirer dans un monastère, comment allons-nous nous nourrir et favoriser cette croissance intérieure ?

    Il y a là un point vraiment important : il y a une croissance qui se fait au niveau physique. Il y a aussi une augmentation de notre savoir. …. De même il y a une croissance intérieure, une croissance du niveau d’être. Pour cette croissance, il faut se nourrir, digérer, assimiler. …..

    La manière dont je me situe au moment où les impressions pénètrent en moi va beaucoup changer les choses. Si nous pouvions être toujours dans l’état de présence à soi-même, d’attention, de vigilance, auxquelles s’exercent un moine zen et un moine trappiste, nous pourrions déjà digérer différemment. Mais que de nourritures d’impressions nous avons absorbées et que nous n’avons pas pu digérer ! …..

    (Paroles d’Arnaud à La Bertais en Mars 2011)

  • La rose et le réséda

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    réséda

     

     

     

     

     

    LA ROSE ET LE RÉSÉDA

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats
    Lequel montait à l’échelle et lequel guettait en bas

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Qu’importe comment s’appelle cette clarté sur leur pas
    Que l’un fut de la chapelle et l’autre s’y dérobât

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Tous les deux étaient fidèles des lèvres du cœur des bras
    Et tous les deux disaient qu’elle vive et qui vivra verra

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
    Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Du haut de la citadelle la sentinelle tira
    Par deux fois et l’un chancelle l’autre tombe qui mourra

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat
    Lequel plus que l’autre gèle lequel préfère les rats

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas
    Et quand vient l’aube cruelle passent de vie à trépas

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Répétant le nom de celle qu’aucun des deux ne trompa
    Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu’il aima
    Pour qu’à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat

    Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
    L’un court et l’autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
    Et framboise ou mirabelle le grillon rechantera
    Dites flûte ou violoncelle le double amour qui brûla
    L’alouette et l’hirondelle la rose et le réséda

    (Louis Aragon )

     

    Ce poème est dédié à 4 grands Résistants de droite et de gauche, fusillés par les Allemands : Gabriel Péri, Honoré d’Estienne d’Orves,  Guy Moquet, Gilbert Dru . « Les deux fleurs, la rose rouge et le réséda blanc symbolisent par leurs couleurs deux appartenances politico-religieuses : le rouge est la couleur des socialismes, traditionnellement athées, le blanc, celle de la monarchie, et plus généralement du catholicisme qui lui est associé dans l’histoire de France. »
    L’idée m’est venue à l’esprit de proposer ce beau poème  lorsque j’ai entendu citer son titre à la TV Dimanche dernier (11/01) lors d’une émission sur les évènements que vous savez. L’idée était de s’en inspirer pour le respect et l’accueil de toutes les religions (sans exclure -si l’on peut dire- l’athéisme) de notre pays (et en ce moment, spécialement, j’ai une pensée  pour les synagogues et les mosquées).

  • Poème de Krishna

     
    ARBRE-DE-SANTAL
     
     
    Larbre de Santal

    L’arbre, assailli d’un noir tourbillon de cailloux,
    se venge en répondant par une douce pluie
    de belles fleurs, de purs parfums, d’excellents fruits.

    La coquille des mers, quand le plongeur la tue,
    lui répond en mettant des perles dans sa main.

    Le rocher que le pic du mineur frappe et brise
    l’enrichit de rubis et l’orne de saphirs.

    Le minerai que fond le feu de la coupelle, pleure
    et des gouttes d’or restent quand il n’est plus.

    L’homme seul…

    Mais, ô douce sagesse,
    celui qui t’aime a beau se sentir détesté,
    en vain la haine attaque et déchire sa vie,
    jusque dans le supplice il ne cesse d’aimer,
    il bénit jusqu’au bras sanglant qui le torture,
    et meurt d’amour, pareil à l’arbre de Santal
    qui parfume, en tombant, le fer de la cognée.

    Texte de Krishna – 2160 av. JC

     

    J’ai trouvé ce poème par hasard, en 2008, sur un 33tours de Giani Esposito, et sa beauté m’a surprise et me surprend encore. Aussi je ne résiste pas à l’envie de le proposer de nouveau au Blog, certains d’entre nous ne l’ayant pas lu (car il est déjà paru en 2008 !). On pourra dire que c’est une réincarnation de plus  😳

    « Le krishna dont il est question est le 8ème avatar de Vishnou (celui qui est venu après Rama) et dont la Bagavad Gita raconte la geste ». (Paroles de Yann). (Cliquer sur le portrait pour l’agrandir.)

     krishna0[2]

  • La citation du lundi (48)

    « Si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur. »

    La tâche d’une tradition spirituelle est de nous rappeler cette phrase souvent citée :
    « Si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur. »  (Jean, III, 20)
    Elle n’est pas de nous enfermer dans la peur et la culpabilité. (Jean-Yves Leloup dans le livre « L’Art de mourir », coécrit avec Marie de Hennezel) 
    ____
  • Balade à Portsall

    IMGP0588

     

    À PORTSALL

    *

    Bleu pâle en miroir

    Des vagues à mes pieds

    La mer écumeuse caresse les rochers

    Au bruit régulier

    Je me sens bercée

    Je vais m’assoupir, de sons caressée

    Nappé de nuages

    Le ciel s’est éteint

    Le miroir bleu pâle s’est teinté de vert

    Rien n’est plus pareil

    Le temps a changé

    Au bruit  de la mer  je reste apaisée

    Amoco Cadiz

    Le temps a passé

    Vidé de ton sang 

    Sous le miroir bleu tu reposes en paix

     

    aigrette

     

    PS : L’Amoco a sombré à droite (mais au large) de la balise « Petit Men Louet ».Cliquer pour agrandir.

    IMGP0787

  • La citation du lundi (46)

    l'essentiel

    La peur fondamentale, c’est celle d’être détruit dans un aspect ou un autre de nous-même qui est, en effet, destructible. … L’être au vrai sens du mot n’est pas destructible. Mais nous avons peur de tout ce qui nous détruit relativement. « Il m’a fait une réflexion si injuste, ça m’a tué ! » Qui, cela a-t-il tué ?… Cependant, en acceptant ce qui sur le moment nous « tue » sous un aspect ou un autre de nous-même, nous découvrons peu à peu que la peur de la mort disparaît parce que nous découvrons dans l’instant présent une réalité indestructible.

    Retour à l’essentiel (p.276-77)

     
                                                                 
  • La citation du lundi (40)

     

    La baie d’Alger

    Dans les profondeurs de l’hiver, j’ai finalement appris qu’il y

    avait en moi un invincible été.

    Camus

    J’ai entendu cette citation de Camus (cliquer pour l’article de W) sur LCP, Bibliothèque Médicis. J’ai pensé qu’elle était pê extraite de L’Étranger (mais pas sûr !), qui se passe à Alger.

  • Le dernier des injustes.

    lanzmann_et_murmelstein

     Ayant pris conscience depuis le film « Hanna Arendt »- de la polémique suscitée autour du rôle des responsables juifs dans le génocide de leur propre peuple,  je guettais assidûment la sortie du « Dernier des injustes »,  de Claude  Lanzmann, totalement opposé à cette hypothèse.

    Ce film, sorti le 13/11, est basé sur un long entretien de C. Lanzmann en 1975 -en vue a priori de la préparation de Shoah– avec Murmelstein, le seul responsable juif qui ait survécu à la guerre. Et j’avoue que j’ai vraiment été touchée.

    Voici d’abord quelques extraits de textes présentant ce film , trouvés sur internet :

    1. École des lettres (clic) : Prestigieux intellectuel juif viennois, Murmelstein a été un rabbin respecté, devenu le dernier président du Conseil juif (Judenrat) chargé d’administrer la communauté juive viennoise pour les nazis, puis dans le faux camp d’hébergement de Theresienstadt – en réalité lieu de transit vers les fours. Le Claude Lanzmann actuel apparaît tout d’abord, face à la caméra, s’adressant au public avec la vigueur et la volonté de convaincre qu’on lui connaît et l’entraînant dans ces paysages de Bohême, qui ont si peu changé depuis que la gare de Bohusovice accueillait les déportés de toute l’Europe centrale.

    Claude Lanzmann, gare de Bohusovice

    2. Wikipedia Benjamin Murmelstein (9 juin 1905 à Lemberg – 27 octobre 1989 à Rome) était le Grand-rabbin de Vienne sous le nazisme puis responsable du conseil juif du camp de concentration de Theresienstadt.

    Il fait partie du Consistoire israélite de Vienne dont il dirige le bureau émigration puis en novembre 1942, il devient membre du Conseil des Anciens des Juifs de Vienne. En 1943 Eichmann décide de créer un conseil juif (Judenrat) de trois « Anciens » dirigé par le docteur Paul Eppstein et dont fait partie Murmelstein. En septembre 1944 il dirige seul l’administration autonome juive jusqu’à la libération du camp. En juin 1945, il est arrêté pour faits de « Collaboration » puis acquitté le 3 décembre 1946 devant un tribunal tchèque de Litomelice  face à l’ancien commandant du ghetto de Theresienstadt.

    À Rome, il est embauché comme vendeur de meubles. Il est interviewé dans Shoah  de Claude Lanzmann en 1975 : les rushes de cet entretien ne seront finalement pas conservés dans la version finale du film. Mais Lanzmann montera son prochain film  « Le dernier des injustes »,  avec ce matériel, entre autres pour prouver l’erreur de Hannah Arendt  et du concept de la « Banalité du mal ». ….

    Benjamin Murmelstein

    J’ai trouvé ce témoignage d’un témoin direct passionnant, et convaincant. Je pense que, pour réussir à survivre comme il l’a fait malgré les risques accrus que lui occasionnait sa position , en « tranchant chaque jour entre un mal absolu et un moindre mal » Murmelstein a dû faire preuve de beaucoup d’intelligence, de finesse et de courage.  L’enjeu était de limiter le désastre, c’est-à-dire d’ éviter une fermeture de Theresienstadt, qui aurait entraîné la déportation massive de tous ses pensionnaires vers le camp d’extermination. 

    Il avait 75 ans, je crois, lors de l’interviewEt comme, toujours très énergique, malgré son âge (« Vous êtes un tigre »,  lui a dit C.L. en souriant.), il  répondait aux questions de Lanzmann -qui ne le ménageait pas toujours- avec bcp de verve,  j’ai eu l’impression d’un film non pas accablant comme on pourrait le craindre, mais tonique. Même si je suis peinée par l’ingratitude de ses « coreligionnaires », qui l’ont rejeté, voire pire, car, dénoncé comme « collabo » par certains d’entre eux, il a subi la prison et la comparution devant un tribunal tchèque qui a finit par l’innocenter.

    Pour vous encourager à le voir, je dirai aussi que c’est un film toujours beau, visuellement parlant : de belles vues de Rome, de Prague, et même de Theresienstadt -et d’autres lieux significatifs dont je ne me rappelle plus le nom (!) mais qui m’ont touchée- interrompent régulièrement le cours de cet entretien très attachant !

    Ce film m’a appris beaucoup de choses … Il doit être encore dans les salles actuellement. (Attention : il dure 3h38 !) 

    Lanzmann et Murmelstein 1975 à Rome


    L’extrait ci-dessous est un autre passage de l’article pris dans l’École des lettres(qui mérite d’être lu en entier)  :

    «Répondant aux questions du cinéaste, Benjamin Murmelstein raconte ses actions et ses réflexions comme Doyen du Conseil juif. Il explique en détail les problèmes qui se posaient à lui et les choix qu’il a faits pour tenter de les résoudre. Situation délicate entre toutes que celle qui oblige à temporiser, à trancher chaque jour entre un mal absolu et un moindre mal.

    N’ayant jamais cessé de s’interroger, il sait comment on a perçu son comportement, et pourquoi dans de nombreux cas on l’a traité de collabo, voire accusé d’être directement responsable de dizaines de milliers de morts. Sans révolte, mais avec un souci évident de justesse et de justice, il explique point par point comment il a rempli au jour le jour ce rôle ingrat dans un contexte critique.

    Le Lanzmann d’aujourd’hui remet en perspective le témoignage déterminant de Murmelstein, le contextualise et tranche avec assurance la question si débattue du rôle joué par les conseils juifs. Sa réponse s’oppose formellement aux constatations d’Hannah Arendt sur le rôle qu’elle leur attribue en les accusant d’avoir coopéré à la destruction de leurs coreligionnaires par docilité et respect des lois et à cause de « l’effondrement moral de toute la société européenne respectable ».


     

    A  l’entrée « Murmelstein », sur Google, vous trouverez, si vous le voulez, une foule d’autres liens.
    Si vous voulez voir des extraits du film et/ou entendre Lanzmann s’exprimer sur son film, dans des émissions TV ou radio, vous pouvez y accéder par les liens ci-dessous : 

    Le site Arte TV, qui passe des extraits du film : http://videos.arte.tv/fr/videos/cinema-le-dernier-des-injustes-de-claude-lanzmann–7706688.html

    Bibliothèque Médicis avec Jean-Pierre Elkabash  : http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/claude-lanzmann-et-dominique-de-villepin/claude-lanzmann,dominique-de-villepin/142303

    « Jour de Fred » émission radio de Frédéric Mitterand , sur France-inter, dans laquelle il interviewe  C. Lanzmann :http://www.franceinter.fr/emission-jour-de-fred-claude-lanzmann-et-le-dernier-des-injustes . On y trouve beaucoup de renseignements précis et beaucoup de sensibilité.

     AlloCiné pour la vidéo de la bande annoncehttp://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19538397&cfilm=213881.html

     

  • La citation du lundi (34)

    «Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas.»

    Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas, c’est tout à fait vrai. Ce sont les raisons du  cœur que nous cherchons*. Pratiquement vous pouvez considérer comme synonymes ces termes, la profondeur, le cœur, la vérité subjective. La tête ment. Le cœur, lui, connait la vérité. Et cette vérité du cœur, il faut que vous la laissiez  s’exprimer et l’entendre …  (Arnaud)

    *Dans le lying

    Le Védanta et l’inconscient. Chapitre La Purification de l’inconscient, p.195


     

  • La citation du Lundi (32)

    « ON NE PEUT PAS COMPRENDRE ET NE PAS ÊTRE D’ACCORD. »
    (Fragments d’un enseignement inconnu, de Ouspensky)

    Piotr Demianovitch OuspenskiCette citation se trouve à la p. 160 du livre d’Arnaud »Le Védanta et l’inconscient », (chapitre « La destruction du mental ». Arnaud la prolonge et l’explicite par un §, dont je vous recopie les premières lignes :

    «J’ai autrefois buté sur cette phrase : « Mais si, je peux bien comprendre mais je ne suis pas d’accord ». C’est faux. Ne pas être d’accord c’est juger, c’est penser que l’acte n’est pas juste : « cela ne devrait pas ». Quoi, cela ne devrait pas ? « Not what should be but what is » : « pas ce qui devrait être mais ce qui est ». Si je peux comprendre, je ne peux pas ne pas être d’accord, je ne peux pas ne pas être absolument d’accord avec ce qui est, simplement parce que c’est. …»

  • La citation du Lundi (31)

    « Il faut bien que je connaisse quelques chenilles si je veux voir des papillons. »
    (La rose au Petit Prince qui s’en va) 

     C’est une citation faite par Fabrice Midal dns l’émission « Partir avec » de Marie-Pierre Planchon sur France -inter, lors d’une très belle interview (2) dans laquelle il évoque son lien spirituel très fort avec Chogyam Trungpa, « la rencontre décisive de sa vie » (bien qu’il ne l’ait jamais rencontré physiquement), ainsi que le rôle, dans sa vie,  de la méditation, l’importance de l’acceptation de son humanité, de la tendresse, de sa fragilité, de sa vulnérabilité (cf. la rose)

    L’interview de F. Midal mérite bien d’être réécoutée en entier. Elle est scindée en 3 articles à suivre (30/04,1/05,  2/05) sur le blog  Phytospiritualité.
    La citation de St Exupéry  se trouve  dans le 2e article, du 1e Mai.Lien :
    http://spinescent.blogspot.fr/2013/05/rencontre-avec-fabrice-midal-2.html.

    Lien pour le 1er article : http://spinescent.blogspot.fr/2013/04/rencontre-avec-fabrice-midal-1.html.
    Et pour le 3e : http://spinescent.blogspot.fr/search/label/Fabrice%20Midal

  • Hauteville AG 2013

    L’AG 2013 d’Hauteville a eu lieu les 15 et 16 Juin derniers. Je ne me serais pas permis d’en faire le compte rendu, mais Yann, très occupé en ce moment,  me l’a demandé. J’ai donc accepté –à condition qu’il le supervise- ce travail très intéressant (heureusement j’avais pris quelques notes) mais un peu stressant

     Deux intervenants extérieurs étaient invités par Hauteville : Fabrice Midal et Red Hawk.

    • Fabrice Midal, philosophe, écrivain (il a, notamment, écrit une biographie de Chögyam Trungpa) est le fondateur de L’École Occidentale de Méditation « où il dirige de nombreux séminaires visant à présenter une approche laïque de la méditation qui soit en rapport réel avec notre vie quotidienne et en dialogue avec la pensée et la poésie d’Occident. A vingt ans, il rencontre l’enseignement de Chögyam Trungpa et s’engage dans la pratique de la méditation telle que ce maître l’a présentée pour l’Occident. » Ayant vécu dans le silence et l’angoisse d’une une famille juive -où il est né- qui a « échappé par miracle à la Shoa » il n’y a jamais trouvé sa place du fait de ce silence et c’est quand il s’est assis pour la 1ère fois sur un coussin de méditation qu’il a enfin eu l’impression d’être « arrivé à la maison ».

    J’ai choisi sur le Net 2 vidéos assez brèves (4.42 mn et 2.29 mn ) où en présentant deux de ses ouvrages, il nous transmet une partie de son enseignement.


    Son intervention à l’AG m’est allée droit au cœur et je suis restée sous la tente pour noter immédiatement, un peu pêle-mêle, les phrases et les thèmes qui m’avaient le plus touchée :

    L’importance de la liberté : la liberté c’est être fidèle non à la forme mais à l’être (nous avons, nous dit-il, de la chance d’avoir en Arnaud un maître si peu attaché à la forme).
    Importance, aussi, pour l’Occident de retrouver le sens profond de l’être car notre monde se détruit. Il est temps de se souvenir que l’on compte  non pour son utilité mais pour son être.
    Importance de la bonté, du cœur (« On ne comprend bien que par le cœur »). Et   la « bienveillance aimante » est, justement, sa formule essentielle.

    Sur la présence d’Arnaud à Hauteville : « Il sera là tant qu’on le portera dans notre cœur, tant qu’on l’aimera ».  » Toute personne qui vient ici est susceptible de rencontrer Arnaud, qu’elle l’ait connu au cours de son existence, ou qu’elle vienne à Hauteville pour la première fois et ne l’ait jamais rencontré. »


     

     

    • Red Hawk, auteur du livre « L’Observation de soi, l’éveil de la conscience » a été disciple d’Osho, et a longtemps été impliqué dans les groupes Gurdjief avant de devenir élève de Lee Lozowick.


    Le thème de son intervention fut : Comment arriver à la conscience de soi ? Très amical, et même jovial parfois, il s’est efforcé de nous y amener en nous faisant sentir concrètement le rôle du corps dans cette prise de conscience : «  Ne cherchez pas dans la tête, mais  mettez la conscience au-dessous du cou. La tête n’est pas faite pour sentir cela. Cela c’est le rôle du cœur. » A l’issue de sa prestation (qui ressemblait plus à un « spectacle » qu’à une conférence, tant elle était mise en scène de façon vivante et participative), il y a eu une véritable razzia sur son livre (en vente sur place). Il faut dire qu’outre cette promotion directe, la 4ème de couverture du livre est particulièrement élogieuse puisqu’on y lit  ces mots d’Arnaud :

    « Depuis mon entrée dans les groupes Gurdjieff il y a 60 ans, j’ai lu de nombreux ouvrages en français et en anglais, sur l’observation de soi, la conscience de soi et le rappel de soi. Ce fut pour moi une heureuse surprise de découvrirdans ce livre des idées importantes que je n’avais pas trouvées ailleurs, ou du moins pas exprimées d’une façon aussi convaincante. Beaucoup d’ouvrages sur la spiritualité sont intéressants, peu sont vraiment utiles. Celui-ci est réellement précieux. »

    L'observation de soi


    D’autre part Siân Bouyou, et Christophe Massin, membres des Amis d’Hauteville, ont témoigné de leur parcours, et du rôle primordial qu’Arnaud -qu’ils ont rencontré il y a fort longtemps, au Bost- et Lee ont joué dans leur évolution.

    • Siân, épouse de Jean-Pierre Bouyou, aministrateur actuel d’Hauteville, fut d’abord disciple d’Arnaud et maintenant de Lee.

    Arrivée il y a quelques années à Hauteville où elle accompagnait son mari, elle a commencé -sur les conseils de Lee qui lui avait recommandé de « servir »- à seconder Michèle Baroni dans sa charge à la cuisine. Michèle récemment partie en retraite, Siân a pris sa succession : permanente à Hauteville, elle assume la responsabilité de la cuisine… dans l’ashram de son 1er Maître spirituel.

    • Christophe Massin, disciple d’Arnaud–et son gendre-  est cofondateur avec Bernard Pernel et feu Sylvie Petel, de la Maison Raphaël à Paris, où, entre autres, il fait pratiquer les lyings. 

    Disciple d’Arnaud depuis longtemps, il évoque devant nous l’aide importante que lui a aussi prodiguée Lee, dans une période maintenant ancienne, notamment dans son parcours auprès de son propre Maître.
    Plus récemment, il a commencé à animer à Hauteville quelques semaines de séjours à thème. 
    Il est aussi médecin psychiatre et écrivain et vient de faire paraître un nouvel ouvrage, « Souffrir ou aimer ».

    Souffrir ou Aimer


    Tous quatre ont été introduits et accompagnés sur l’estrade soit par Véronique, soit par Emmanuel, soit par Éric Edelmann qui a clôturé ce week-end en nous demandant de voir comment nous allons poursuivre notre chemin à partir des éléments qui ressortaient de ces interventions, comment arriver à l’aube de l’Atman (comme c’est le rôle d’un ashram de nous y amener).

  • Hannah Arendt

    «Hannah Arendt», un film passionnant et la découverte d’une femme superbe (du moins si j’en crois le film). D’elle, Hannah Arendt, je ne connaissais rien (juste le nom) mais quand j’ai lu le synopsis j’ai décidé d’aller voir le film, sorti depuis peu.

    Je vous propose, ci-dessous, des passages copiés collés de l’article de Bernard Marx du 6 mai 2013 sur ce film avec la controverse -encore actuelle- soulevée à propos de la position exprimée par Hannah dans son compte rendu du procès d’Eichmann (Pour accéder directement à l’article complet : http://www.regards.fr/web/Hannah-Arendt-de-Margarethe-von,6591) :

      ◊ Hannah Arendt et le procès d’Eichmann

     Le dernier film de Margarethe von Trotta, … est sorti en France le 24 avril, sous le titre « Hannah Arendt »  (…..) Le scénario s’est focalisé sur quatre années, de 1960 à 1963, autour du procès d’Adolf Eichmann, du texte qu’Hannah Arendt en tire (« Eichmann à Jérusalem ») et de la violente polémique qu’elle suscite.

    On connait l’histoire : Adolf Eichmann qui avait dirigé le bureau des affaires juives de l’office central de sécurité du Reich et organisé les déportations vers Auschwitz avait réussi à fuir en Argentine avec l’aide de la Croix Rouge et de dignitaires du Vatican. En mai 1960 il est capturé par des agents du Mossad et transporté à Jérusalem. Accusé de crimes contre le peuple juif et de crimes contre l’humanité, Il est jugé par un tribunal israélien. Le procès dure 8 mois d’avril à décembre 1961. Condamné à mort Eichmann est pendu le 28 mars 1962.

     Femme, juive, allemande, apatride 18 années durant à partir de 1933, de nationalité américaine depuis 1951,    penseuse inclassable, Hannah Arendt est en 1960 une professeure de théorie politique réputée. Son travail sur le totalitarisme entrepris de 1945 à 1949 et publié en 1951 aux Etats Unis a une importance considérable, bien que méconnu en France à l’époque, notamment à gauche, car elle compare l’Allemagne d’Hitler et l’URSS de Staline et affirme le caractère totalitaire des deux systèmes.

    Elle propose au New Yorker de suivre le procès……. Son compte rendu parait en 5 articles en 1963 puis dans le livre « Eichmann in Jerusalem » publié peu après. La représentation qu’Hannah Arendt donne d’Eichmann (non pas un monstre, mais un homme au contraire très médiocre, rouage de la machine totalitaire), la thèse de « la banalité du mal » et l’affirmation d’une participation de responsables des communautés juives d’Europe à l’accomplissement du génocide provoquent des réactions d’une rare violence, y compris parmi certains de ses amis. ………….

    LE FILM : Filmer l’intelligence en action, la pensée en train de produire est une gageure. Margarethe Von Trotta la relève. Son film d’un style très classique est passionnant. Tout n’est pas réussi.  ….. Mais Barbara Sukowa est remarquable. Margarethe von Trotta et elle font vivre devant nous Hannah Arendt. La cinéaste choisit de recourir à des images d’archives pour tout ce qui concerne le déroulement du procès. Ni Eichmann ni les témoins ne sont joués. Elle ne recrée la salle d’audience que pour un seul plan. Pour la suite du procès, Hannah restera en salle de presse, assistant aux audiences via un téléviseur. Ces images d’archives sont d’une force terrible. …….

     

    ◊ Comprendre

    Aujourd’hui 50 ans après la parution de « Eichmann à Jérusalem, essai sur la banalité du mal », la polémique n’est pas éteinte.
    Claude Lanzmann achève un film sur Benjamin Murmelstein, le dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, seul « doyen des Juifs » à n’avoir pas été tué durant la guerre. Il sera présenté dans quelques semaines à Cannes en 2013. Il y a un an et demi, en novembre 2011, dans une interview à Marianne, il expliquait le sens de ce projet, et s’en prenait à Hannah Arendt :
    « Eichmann n’était pas du tout le falot bureaucrate dont Arendt a brossé le portrait en même temps qu’elle inventait le concept de banalité du mal. ….. Mais elle-même ne savait rien. C’était une juive allemande exilée qui ignorait tout de la réalité de ces choses et de ces gens….. Le président du conseil juif de Varsovie a choisi de se suicider, le 23 juillet 1942, quand il a vu que les déportations vers Treblinka commençaient et qu’il ne pouvait rien y faire….. Beaucoup d’autres se sont également suicidés…..  Pourquoi Arendt n’insiste pas plutôt là-dessus ? La première chose face à une catastrophe pareille, c’est l’humilité ».(…..)

    P.S. : Un article concernant ce film de Claude Lanzmann est paru sur ce blog , cliquer ici : https://www.labertais.org/2013/12/dernier-injustes/ 

     


    Vous trouverez encore sur internet quantité de sites qui traitent du sujet, avec pas mal de controverses.

    Je vous propose aussi la rediffusion d’une récente émission (60′) de la « Librairie Médicis » /LCP, intitulée « Arendt, Eichmann, et les autres » sur des « femmes remarquables », dont, essentiellement,  Hannah Arendt, la première et aussi la dernière  évoquée (par Julia Kristeva et Sylvie Courtine-Dénamy, qui interviendront encore dans le courant de l’émission.)  Puis « Les femmes mystiques » évoquées dans un livre qui vient de paraître aux éditions Laffont, présenté par Audrey Fella ; ensuite Apollinaria…, maîtresse de Dostoïewski, Clara…, compagne de Kafka. Et enfin, retour à Hanna Arendt -d’ailleurs l’émission, a été sans doute conçue à cause de la sortie de ce film-  avec une discussion sur les polémiques qu’elle a suscitées etc. , et, en plus, l’interview de la réalisatrice, et des extraits importants du film puisqu’on peut voir une partie du procès avec ses images d’archives, dont Eichmann dans sa cage de verre.

    http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/arendt,-eichmann-et-les-autres/sylvie-courtine-denamy,audrey-fella,georges-arthur-goldschmidt,julia/133017

     


  • Poèmes saturniens

    Je n’avais encore  fait passer aucun poème de Verlainesur le blog, et, depuis un moment,  j’en avais des remords. J’en avais mis de Baudelaire et Rimbaud, il manquait une perle à la couronne. Il me faut avouer que longtemps j’ai eu un problème avec sa personnalité à cause de ses crises de violence extrême ,  dues à son addiction à l’alcool. Mais j’ai mis en pratique 😐  et, entre autres, reconnu que ça ne l’empêche pas d’être un grand poète ! Aussi, quand j’ai lu l’article de Mireille* présentant le « jardin secret  » d’Annie (Fantaisie 29), tout à coup ce poème de Verlaine s’est mis à me trotter dans la tête, alors je me suis dit qu’il me faisait signe, c’était celui-là ! Et pour les photos, je les ai glanées dans le jardin d’Annie, bien sûr ! 

     

    Après trois ans

    Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,                                 
    Je me suis promené dans le petit jardin                                               
    Qu’éclairait doucement le soleil du matin,                                  
    Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

    Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
    De vigne folle avec les chaises de rotin…
    Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
    Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

    Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
    Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
    Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

    Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
    Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
    — Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.˜

    Et puis l’incontournable Chanson d’automne, tirée du recueil Poème saturniens, comme le précédent, 1er recueil publié de Verlaine, composé de poèmes probablement écrits alors qu’il était encore au lycée. 

    Chanson d’automne

    Les sanglots longs   
    Des violons
    De l’automne
    Blessent mon coeur
    D’une langueur
    Monotone.

    Tout suffocant
    Et blême, quand
    Sonne l’heure,
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure

    Et je m’en vais
    Au vent mauvais
    Qui m’emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
    Feuille morte


    De nombreux poèmes de Verlaine ont été mis en musique.
    Voici Chanson d’automne* interprété par Brassens sur Youtube. 


    Ou, juste en écoute et avec un beau portait de Verlaine jeune par Gustave Courbet :
    http://memoirechante.wordpress.com/2011/08/19/verlaine-chanson-dautomne/*. Avant vous verrez passer Ferré -dont la trop grande présence physique me gène, sur ce poème- et qui a jugé bon de modifier une fois le texte de Verlaine en remplaçant « Blessent mon cœur » par « Bercent mon cœur » , sans doute sous l’influence de cet « idiot » de Trenet, auteur de cette « adaptation »  !!


    **Pour accéder aux articles, ou pour lire le poème Correspondances de Baudelaire, ou le Bateau ivre de Rimbaud, cliquer sur le lien souligné. – Idem sur les photos pour les agrandir.

  • Angélique Ionatos

    « La grecque Angélique Ionatos signe avec sa complice Katarina Fotinaki la création Anatoli, qui en grec signifie à la fois l’Orient et le lever du soleil.Les deux femmes partagent à la fois un amour fou pour leur langue maternelle et ses poètes et une passion pour la guitare. Leurs voix s’élèvent en volutes, grave et chaude pour Angélique Ionatos, cristalline et légère pour Katerina Fotinaki. Les doigts courent avec virtuosité sur les cordes. Rires complices, bonheur de jouer, elles portent jusqu’à l’incandescence la parole d’urgence d’un peuple aux longues racines, à qui l’humanité est infiniment redevable. » (Extrait du texte de présentation du Quartz*, Décembre 2012 festival « No Border 02, musiques populaires du Monde »)

    Angélique Ionatos, je ne l’avais jamais vue sur scène et quand j’ai lu son nom sur le programme du Quartz j’ai aussitôt su que j’irais. Je suis sortie du Quartz aussi touchée que les spectateurs qui témoignent dans la vidéo ci-dessus, et en accord avec eux…  Et, enthousiasmée, j’ai eu envie de mieux la connaître, j’ai donc cherché sur le net d’autres renseignements sur elle (et sur Katerina Fotinaki que j’aime beaucoup aussi). Je leur laisse la parole, la musique et la scène …

     « Retour aux sources »

    Dans le site suivant il y a une vidéo où leurs chants alternent avec des morceaux d’interviews, ce qui permet de mieux les connaître en tant que personnes. (cliquer sur ce lien pour y accéder)


    «En Grèce, l’art doit redonner de l’espoir »
    (Submitted by Mondomix on dim, 06/03/2012)

     «C’est par la poésie qu’Angélique Ionatos a choisi de répondre aux difficultés que traverse la Grèce. On pourrait croire à une position d’esthète, à une fuite vers la tour d’ivoire des adeptes de l’art pour l’art. C’est tout le contraire : la chanteuse grecque va chercher dans ses recueils cornés et annotés les mots de notre présent, qu’elle transforme en pures vibrations, capables de traverser la plus vaste des salles de spectacle ou le plus cuirassé des cœurs. Dans le lumineux foyer du Théâtre de la Ville, elle nous a expliqué sa démarche …

    Vous évoquez le présent de la Grèce au travers de la poésie. Que prophétisent les poètes grecs que vous avez choisi de chanter ?

    Angélique Ionatos : Depuis longtemps, je travaille sur les textes des plus grands poètes grecs, dont le Prix Nobel Odysséas Elytis, qui, dans une œuvre maitresse, donnait sa vision de la Grèce et, à travers elle, du monde. Dans ce poème, écrit dans les années 50, il parle de l’avenir. Dans un texte dont le titre se traduit justement par « prophétique », il disait « Toi, le poète exilé dans ton siècle, dis-nous ce que tu vois ». Et le poète de répondre : « Je vois un temps où le bonheur se vendra en boites de conserve, où chacun aura sa petite part de rêve, et viendront des années tristes ». Mais il finissait en disant que, quand même, « les rêves prendront leur revanche », ce qui a donné le titre de ce spectacle.

    Il y a toujours de l’espoir chez Elytis. Il parlait des années dures qui allaient venir mais il continuait de croire en l’être humain, ce grain de sable qui, dans les pires situations, se réveille. L’être humain crée ses propres anticorps. Dans une société ploutocrate, mercantile et hautement robotisée, l’être humain (en tout cas, celui qui mérite encore ce nom) est toujours là où on ne l’attend pas. C’est cette idée que j’ai envie de véhiculer à travers ce récital : n’oubliez pas la part de rêve, ce qui fait de nous des êtres humains, …

    Le temps est venu de résister, de résister à cette société qui nous oblige à ne penser qu’en termes de pouvoir d’achat. Acheter mais acheter quoi ? Quoi de plus ? On baigne dans de fausses valeurs. Nos besoins nous sont dictés. Mieux vaut vivre avec peu et ouvrir les yeux comme les enfants. Yannis Ritsos disait que la jeunesse, c’est se lever, voir cet arbre qui est dans notre rue depuis toujours et s’en étonner. C’est ça, la jeunesse : ne pas s’habituer, ni à la beauté du monde, ni à l’injustice. C’est un éveil. Le rôle des artistes, c’est, à travers la beauté mais aussi la lucidité, de redonner de l’espoir. En tout cas, en Grèce où les suicides se multiplient, où les gens sont dans un état effroyable de désespoir, il faut redonner de la dignité, redonner l’envie de rêver et de résister …

    Vous faîtes des aller-retour constants entre France et Grèce. Y avez-vous participé à des manifestations ?

     Angélique Ionatos : Oui. Je les ai vécues avec, à la fois, beaucoup d’espoir et de désespoir. Quand j’ai vu des gens comme Mikis Theodorakis et Manolis Glezos se faire gazer par les gendarmes, j’ai eu envie de mourir. On a envoyé des gaz lacrymogènes sur ces deux vieux résistants qui étaient descendus dans la rue pour soutenir les Grecs … J’ai eu tellement honte. Quand je vois le parti néo-nazi, ce ramassis de voyous démagogues, populistes et xénophobes, récolter tant de voix, j’ai honte qu’ils soient grecs. J’ai honte que, dans un pays qui a inventé le mot « philoxenia », qui signifie l’hospitalité, on en soit là.

    Pour ce spectacle, vous serez accompagné de la chanteuse et guitariste Katarina Fotinaki et du violoncelliste Gaspar Claus, qu’on a récemment aimé dans un projet néo-flamenco avec son père, Pedro Soler. Pourquoi l’avoir choisi ?
    Angélique Ionatos : Gaspar, je le connais depuis très longtemps : je l’ai vu naître. Je l’ai souvent vu sur scène et je trouve qu’il a un grand lyrisme mais, qu’en même temps, il sait accompagner un texte. J’avais envie de travailler avec lui parce que j’ai de plus en plus envie de travailler avec la jeune génération : Katerina Fotinaki, … Plus je vieillis, plus je travaille avec des jeunes et plus le public rajeunit aussi. C’est très étonnant. Les jeunes nous remettent toujours en question. Ils ont une impertinence propre à la jeunesse. (…..) C’est très important que les artistes s’engagent dans ce qu’on appelle en grec « politismos », qui signifie la civilisation, plus que la culture. En tant qu’êtres civilisés, que faisons-nous pour les enfants, pour l’avenir ? Comme je pense que tout doit passer par l’éducation, le rôle des artistes est peut-être là …
     (…..)
    Finalement, vous êtes plutôt optimiste …
    Angélique Ionatos : Oui. Enfin, je dirais que je crois en l’être humain. J’ai foi en l’être humain. Sans cette foi, je cesserais de vivre. Si on regarde les images nécrophiles qui nous montrent les cadavres d’enfants en Syrie, quand on voit les  gens dormir dehors, dans une misère extrême à Paris, on n’a pas envie de vivre. Ou on se tire une balle dans la tête, ou on se dit ; « Je vis et je vais résister ». « Chacun ses armes » disait Elytis. Moi, mon arme, c’est mon chant, c’est la musique et ce sont les choix que je fais dans l’art que je pratique. Ce sont mes armes et je me battrai jusqu’à ce que je meure …

    Propos recueillis par François Mauger

    Je n’ai pas copié l’ensemble de l’interview, mais voici le lien pour ceux qui voudraient la lire en entier


    angélique ionatos – mia thalassa par chiranne :
    « une vidéo d’angélique ionatos issue de l’album mia thalassa, une mer, d’après une oeuvre originale de mikis theodorakis arrangée (il y a beaucoup d’humilité dans ce terme) par christian boissel et des poèmes de dimitra manda poètesse grecque contemporaine! une beauté simple et franche » Lien 

     

    Et pour ceux qui le veulent et ont encore du temps, un lien vers un vidéopodcast d’une interview de… 42′ !

    * « Le Théâtre de la Ville », est à Paris. Le Quartz = centre culturel de Brest.

    P.S. : Ce 7 Juin 2014, j’ajoute 2 liens vers l’émission de France inter « Rendez-vous avec X » . Il s’agit de 2 émissions  (31 Mai &  7 Juin 2014) consacrées à la Grèce pendant et après la dernière guerre mondiale et qui m’ont beaucoup appris et touchée car elles me semblent lui rendre une justice bien méritée : Grèce, un passé oublié (1)Grèce, un passé oublié (2)