… Suite et fin de l’aventure « maison en paille » à Riec sur Belon (le premier article, cliquez ICI et pour le second Là)
La maison étant hors d’air et hors d’eau, c’est l’intérieur qui va nous occuper.
La réccup : Quelle chance ! Nous avons un magasin à Quimperlé, qui régulièrement, se débarrasse de ses carreaux de démonstration. Après plusieurs mois de « surveillance » j’ai trouvé de quoi carreler les WC, et la cuisine ! pour la buanderie, c’est un ami qui s’est débarrassé de quelques caisses de carreaux blancs. J’ai beaucoup aimé enlever les prix encore collés aux carreaux, surtout quand ils dépassaient les 50 € le m2.

La cuisine en nuance de gris… Les WC, que mettre au sol et que mettre au mur ?
Sur le mur des wc on aperçoit un enduit terre. Après plusieurs essais avec la terre du terrain, j’ai trouvé une recette qui fonctionne très bien :
1 seau de terre, 2 seaux de sable fin, une poignée de ouate de cellulose (la ouate « arme » l’enduit et le rend plus cohérent) + parfois un peu de pigment.
Essais nécessaires pour éviter les craquelures… qui parfois me plaisaient. Cliquer sur la photo pour mieux les voir.

Difficile à voir sur la photo, mais la terre contient des paillettes de mica qui brillent en fonction de la lumière.
C’est ma fille Eloïse qui, à 14 ans, a fait presque tous les enduits (+ de 30 m2) !
Les réseaux :
L’électricité a été conçue avec du câble blindé pour limiter les ondes électromagnétiques. Pour l’internet : pas de wifi, que du câble. Il y a quelques années alors que j’inondais la maison de wifi et de téléphone sans fil, je découvrais que j’étais sensible aux hyper-fréquences et que, à haute dose, ce n’était pas inoffensif. Pour les portables, en choisissant des appareils adaptés (qui rayonne très peu : à faible DAS), j’ai pu quand même sauvegarder mon côté « geek » !

Des gaines un peu partout pour des circuits ultra-simples (mais bien plus facile à réaliser sur plan), le Consuel n’a pas bronché, l’installation était aux normes avec une très bonne mise à la terre.
Quant à l’eau… un plombier que j’ai fait venir afin de vérifier mes installations, m’a appelé gentiment « Mr Bricolage » ! Il n’empêche que l’installation fonctionne sans problème depuis une année.
Mais quand je revois cette photo, je me dis que le terme « Mr Bricolage » était assez bien vu.
Une fois la paille enduite, le bois posé, et les brosses à dents à peu près rangées, on n’y voit que du feu. Non il n’y a pas de lampe dans la baignoire, c’était juste pour la photo.

L’escalier est conçu et fabriqué par mon épouse, elle s’est occupée aussi de toutes les cloisons en plancher et de la plupart des sols bois et de beaucoup d’autres choses encore.

J’oubliais ! Il faut faire entrer l’eau, l’électricité et le téléphone dans la maison, donc 150 m de tranchée dans la gadoue! Puis placer une pompe de relevage pour emmener les eaux usées vers la phytoépuration :

Si l’eau, l’élec et l’assainissement sont prêts, et l’intérieur habitable… alors on peut y aller. C’est en aout 2013, non sans de nombreuses péripéties et une grosse fatigue, que nous avons pu enfin rentrer dans la maison. Il reste encore pas mal de choses à faire, mais on est dedans.
Il reste à placer un panneau solaire pour chauffer l’eau, une réservoir de 10 000 litres pour récupérer l’eau de pluie, de nombreuses finitions et mon atelier Céramique tout juste commencé et qui devrait être opérationnel d’ici 2 ou 3 mois.
Voici un aperçu :


Bilan après une année d’habitation…
On a acquis un poêle à bois en se disant qu’on pourrait l’utiliser pour y faire mijoter des petits plats ou simplement chauffer de l’eau : Impossible ! Car une petite flambée le matin d’une cagette de bois de chute de chantier et, en moins d’une heure, la maison était chaude. Au plus froid de l’hiver (celui-ci n’était pas très froid c’est vrai), on faisait une autre petite flambée le soir. Bref, même pas le temps d’arriver à chauffer une soupe ! D’ailleurs il nous reste encore assez de bois de chantier pour la saison prochaine.
Il n’y a aucun système de chauffage dans la salle de bain, le poêle et le soleil, renforcés par l’inertie de la maison, suffisent à la maintenir agréable même tôt le matin. Et aucune trace d’humidité, les matériaux l’absorbent.
Il n’y a pas non plus de système de ventilation, malgré les conseils de plusieurs artisans, nous en avons fait qu’à notre tête. Nous n’aimions pas l’idée d’une respiration artificielle pour une maison, donc on aère, même en hiver. Quant à l’humidité, le bois, la terre la gèrent, l’air oscille entre 40 et 60 % d’humidité.
Grâce aux « casquettes » qui empêchent les rayons de soleil d’entrer dans la maison en été, il n’y a pas de surchauffe, il fait actuellement plus frais à l’intérieur qu’à l’extérieur. A l’inverse, en hiver, le soleil étant bas dans le ciel, ses rayons rentrent sans frapper pour chauffer l’intérieur.
Le choix des matériaux rendent l’ambiance agréable (ce que nous disent les visiteurs) et ils ne rayonnent pas le froid comme peut le faire le béton.
La phytoépuration (assainissement par les plantes) fonctionne très bien, les différentes plantes continuent de se développer , c’est donc qu’elles sont bien nourries !
Pour l’électricité, nous avons abandonné EDF pour Enercoop seul fournisseur qui réinvestit ses bénéfices dans la production d’électricité verte. C’est en quelque sorte pour nous une relative sortie du nucléaire.

Deux années et demi de tensions à tous les niveaux, obligent à rechercher la détente ! Hier encore, je montais sur une échelle avec une visseuse dans une main, des vis entre les lèvres et une pièce de bois dans l’autre main (si, c’est possible !). Arrivé au sommet, aidé par de belles tendinites dans les deux bras, je prenais conscience de multiples tensions musculaires inutiles ainsi que de quelques refus apparus en bas de l’échelle ; alors tout naturellement, je les détendais un à un tout en positionnant et vissant la pièce de bois… Finalement construire une maison aide à une certaine amélioration de la pratique…