Voici une chronique de David Servan-Schreiber, publiée au mois d’octobre dans la revue Psychologies Magazine, sur les bienfaits du lien et de l’amitié, aussi bien chez les humains que chez les babouins. Elle me semble d’une part tout à fait en phase avec la thématique de notre journée d’Assemblée Générale qui était l’éveil et l’ouverture du cœur, et d’autre part complètement en adéquation avec la proposition qui nous est faite par Swâmiji de vivre "en relation" :
Dans la grande plaine du Serengeti, en Tanzanie, quand un babouin isolé doit échapper à une attaque, ses niveaux de cortisol et d’adrénaline augmentent à toute vitesse. Si, dans la fuite ou la lutte, il est accompagné d’un autre babouin, ses hormones du stress montent moitié moins. Et si c’est tout un petit groupe qui tente d’échapper en même temps au danger, le taux d’hormones du stress bouge alors à peine. « Même pas mal ! » pourrait-on presque entendre s’écrier le singe en s’éloignant 1.
Dans un best-seller américain récent 2, Jeffrey Zaslow, journaliste et écrivain, raconte l’histoire de onze amies d’enfance. Alors qu’elles se sont éparpillées dans tout le pays après le lycée, leur amitié a survécu pendant près de quarante ans aux hauts et aux bas de la vie : les succès et les échecs universitaires, les mariages, les divorces, les difficultés de leurs enfants. Un jour, Kelly apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle va avoir besoin du soutien de ses proches. Au lieu de se tourner vers sa famille, elle choisit de prévenir ses vieilles copines. Un simple message, qui déclenche comme une « douche d’amour instantanée » : coups de fil, courriels, lettres, colis… les retours sont considérables. La chimiothérapie lui donne des aphtes ? L’une lui envoie un appareil à milk-shakes pour adoucir les muqueuses. Une autre, qui a perdu sa fille d’une leucémie, lui tricote un bonnet de laine pour qu’elle n’ait pas froid quand elle perdra ses cheveux. Une troisième lui offre des pyjamas taillés dans un tissu spécial contre les sueurs nocturnes… Kelly explique qu’il lui est plus facile de raconter ce qu’elle vit à ses amies qu’à ses médecins. « Nous nous connaissons depuis si longtemps que, entre nous, on peut parler de n’importe quoi », confie-t-elle gaiement au New York Times3.
La recherche le confirme : dans les moments difficiles, le réseau amical joue un rôle majeur par son action positive autant sur notre moral que sur notre biologie. Une étude américaine faite à partir d’un large panel d’infirmières a révélé que les femmes atteintes d’un cancer du sein qui pouvaient citer le nom de dix amis avaient quatre fois plus de chances que les autres de survivre à la maladie4. Comme si le simple fait d’être en lien créait un effet protecteur. Ces résultats se vérifient également chez les hommes. Selon une étude suédoise portant sur sept cent trente-six hommes, l’amitié compte autant dans la protection contre les maladies cardiaques que le fait d’être marié5. Toujours selon cette dernière, vivre sans amis est aussi mauvais pour la santé que fumer régulièrement.
Il est souvent difficile d’oser demander de l’aide à nos amis lorsque nous avons besoin d’eux. Il ne s’agit pourtant pas d’attendre tout d’un seul d’entre eux, mais d’accepter ce que chacun sait et offre avec facilité. Il y a celui qui sait écouter notre douleur et nous prêter son épaule pour pleurer, ou son bras pour rire. Celui qui nous aidera à préparer les questions difficiles avant un entretien. Ou cet autre peut-être qui se rendra disponible pour nous aider avec les enfants, les courses, le rangement, ou pour nous conduire en voiture quand nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes.
La vie est parfois comme la plaine sans fin du Serengeti, avec sa violence et sa beauté. Et c’est à nous d’y trouver les amitiés et les liens qui nous permettent, ensemble, de faire la traversée avec plus de douceur et de gaieté.
1. « psychoneuroendocrinology of stress : a psychobiological perspective » de s. levine, c. coe et s.g. Weiner, in Psychoendocrinology de F.R. brush et s. levine (academic press, 1989).
2. The Girls from
3. « What are friends for ? a longer life » de t. parker-pope, in The New York Times (2009).
4. « social networks, social support, and survival after breast cancer diagnosis » de c.h. Kroenke et al., in Journal of Clinical Oncology (2006).
5. « lack of social support and incidence of coronary heart disease in middle-aged swedish men » de K. orth-gomer, a. Rosengren et l. Wilhelmsen, in Psychosomatic Medicine (1993).
( crédit photo : Christian Dumont )
corolle ouverte
pourpre pure et fragile
le vert s’incline
Mireille
feuilles vertes devenues marrons
les couleurs changent
et nous aussi
anonyme
vol vertical du papillon
chute d’une feuille d’automne
trajectoire séparée
Catherine LB
échappée belle
un grain de framboise
s’évanouit lentement
Murielle
une porte ouverte
un arbre sans feuille
la mouche se pose
Marie-Laure
heure du goûter
chocolat fondant
instant de plaisir
Yvon
contraste des feuilles
légères et vivantes
fragiles elles passent
anonyme
avec mon air spirituel
tous ces petits culs
sur la plage
Georges
bruissement incessant
les feuilles s’abandonnent
en habits d’or
Mireille
pluie battante
flip flop
la nature s’appaise
Yvon
vent indispensable
pelouse dérisoire
instant inespéré
Catherine LB
l’oiseau sur la branche
crisse la cour minérale
la noix dans sa bogue
Catherine C
un repas finissant
des traces de gras sur la table
les graines s’éparpillent
Mireille
mer calme
goélands planent
instant d’éternité
Yvon
un arbre tordu
tempête de vents
figé
une bêche deux bêches
Christophe B
tic tac tic tac tic
encore combien de temps
libération
Georges
La Bertais, août 2009
· Prenez quelques cèpes, très frais, très fermes, de préférence ramassés pendant une balade méditative au bord de l’étang de Feins, au bord du canal d’Ille et Rance, ou dans la forêt domaniale de Saint-Aubin-du-Cormier…
· Ne les lavez surtout pas ; brossez-les, grattez-les et enlevez la mousse sous le chapeau.
· Découpez les en tranches très fines.
· Poêlez ces tranches assez rapidement dans un filet d’huile d’olive bouillante ; à peine dorées d’un côté, c’est suffisant. Il ne faut pas qu’elles soient grillées.
· Epongez-les dans un sopalin ; laissez refroidir.
· Placez les tranches dans un plat large et peu épais.
· Salez, poivrez, râpez un peu de noix de muscade, parsemez d’un peu d’échalotte finement émincée (très peu pour ne par écraser le goût du cèpe), d’un peu de coriandre fraîche finement émincée, et versez un filet d’huile d’olive. (la coriandre peut être remplacée par de la ciboulette ou du cerfeuil)
· Laissez reposer entre une heure et une journée. (et recouverte complètement d’huile, cette préparation peut se conserver très longtemps)
· Servez à température ambiante, en apéro, en accompagnement d’une salade, ou en condiment.
· Un délice !
La Bertais, août 2009
Voici l’évocation de deux de mes journées. Deux journées très différentes.
Couché tard, trop tard, emporté par une connerie à la télé / Levé speed, réveil pas entendu / Je ne prends pas vraiment le temps de déjeuner ; je grignote un truc en catastrophe / Je mets la radio : que des nouvelles formidables, guerre, violence, crise, etc… / Dehors brouillard, temps gris, plombant / Je prends la route pour le boulot, une quatre-voies depuis peu, entre chez moi et mon boulot / Je fonce / J’ai calculé que si je roulais à 160km, il ne me faudrait 7mn pour arriver au boulot… formidable, non ?… / Encore la radio dans la voiture, toujours les mêmes infos rabâchées / Je fonce et je double, appels de phares car j’ai fait quelques queues de poisson / Ah les cons ! / Mais arrivé au premier rond-point avant mon boulot, ça bouchonne, comme d’habitude, et tous ceux que j’ai doublés me rattrapent : c’est moi qui ai l’air d’un con… / J’arrive au boulot / Le rituel du matin : passer serrer la main à tous les gens du service / J’ai l’impression qu’ils font tous la gueule ; certains ne me regardent même pas ; pas de sourire / Ah les cons ! / Puis réunions, mails, téléphone, etc…. / Bof, une journée de merde / Du coup tellement plombé, je me couche de très bonne heure…
Mais heureusement, comme écrit Saint Exupéry dans Courrier Sud : Le monde est neuf !
Je cite : «Port-Etienne, première escale, n’est pas inscrite dans l’espace mais dans le temps, et Bernis regarde sa montre. Six heures encore d’immobilité et de silence, puis on sort de l’avion comme d’une chrysalide. Le monde est neuf.» Et moi je rajouterais, chaque jour, chaque matin, à chaque instant, le monde est neuf !
à la lueur de l’aube
après le silence de la nuit
le chant d’un oiseau
Je me prépare un jus d’orange, un thé, puis je mange un fruit, un muesli. Je déguste mon thé face au jardin. Et je prends quelques minutes pour visiter le jardin, qui revit à la sortie de l’hiver.
Il fait frais. Le jardin est calme.
une fraîcheur matinale
le printemps à l’horizon
un crocus en fleur
Ce matin j’ai l’impression de prendre du temps pour tout en fait. Et au bout du compte, qu’est-ce que ça change, quelques minutes de plus ou de moins ?… Puis me voici sur la route. Ce matin, je quitte la quatre-voies, pour prendre l’ancienne route, la petite route le long de la forêt.
Je n’allume pas la radio. Juste le bruit du moteur. Je scrute la brume qui enveloppe les arbres. J’ai l’impression de traverser un monde de silence et de coton.
un espace ouvert
un parfum de liberté
je goûte à l’ennui
Je longe la forêt. J’aime les arbres. Puis voici le soleil enfin. Il apparaît lentement, doucement. J’ai l’impression que le printemps coule dans mes veines.
la brume se déchire
le soleil est dans mon cœur
un nuage s’éloigne
La zone d’activité où je travaille jouxte encore la campagne. A quelques centaines de mètres, pour ne pas dire à deux pas, un champ, où commencent depuis peu des travaux. Et dans ce champ, depuis des années, très souvent le matin, un héron cendré, parfois deux. Immobile. Indifférent au flot des voitures. Soudain il gobe quelque chose dans les herbes, peut-être un limaçon, comme le héron de La Fontaine.
ce matin d’hiver
une prairie blanche de givre
l’envol d’un héron
J’arrive au boulot. Je passe serrer la main de tous mes collègues. Comme d’habitude, certains ne me regardent même pas. Et alors ? De toutes façons, moi, après cette histoire de héron, le sourire, je l’ai, scotché sur mes lèvres. Et ceux qui me regardent, ils sont contaminés. Ils me sourient !
un regard profond
la parole est inutile
une vraie relation
Devant mon bureau, j’ai la chance d’avoir un arbre, un grand chêne. Il m’est même arrivé d’y voir un écureuil. Ce chêne, il me rappelle d’autres arbres. Ceux d’une propriété familiale dans le Limousin, maintenant vendue, terrain de jeu de mon enfance et théâtre de merveilleuses cueillettes de champignons. Un tilleul, immense, chez mes parents, plus haut que leur maison. Et puis un autre chêne, majestueux, à l’arrière de la maison de mon frère. A travers ces arbres, posés, enracinés, je me ressens connecté avec mes proches, calmement, durablement, dans la profondeur. Relié.
épouser le temps
instant après instant
aimer lentement
Cette journée !… Cette journée n’est pas comme hier.
Cette journée, elle a un goût… différent !
Ici et maintenant, le monde est neuf !…
Abd al Malik, un homme qui chante, un homme sur un Chemin.
Il passera à Rennes/Cesson Sevigné le 16 mai 2009.
(Merci à Jean-Pierre Hascoet pour m’avoir guidé vers son clip)
au soleil de mars
le doux moment d’un partage
une fleur de pêcher
Je n’ai pas un esprit très militant, et je ne suis pas particulièrement un adepte des manifestations, mais d’une part je me sens assez proche de l’esprit du Bouddhisme et d’autre part je suis sensible à la situation du peuple tibétain, car sans avoir une vision manichéenne de la nature humaine, je désapprouve l’envahissement, le contrôle et la domination d’un pays et d’un peuple, quel qu’il soit, par la force et la violence. Aussi je me permets de vous retransmettre cette proposition de l’Association de soutien au Tibet de Rennes, qui pourra peut-être intéresser les rennais.
Le 10 mars 2009 marquera le 50ème anniversaire du soulèvement du peuple tibétain et de l’exil du Dalaï Lama et de son Gouvernement. A cette occasion, la Communauté Tibétaine de France appelle tous les amis du Tibet à une journée d’action nationale.
Pour répondre à cet appel, le Comité de Soutien au Peuple Tibétain-35 invite tous les amis du Tibet à se réunir le
pour une marche silencieuse dans le centre historique (départ de la Place de la Mairie à 14H), suivie d’un rassemblement (de 15 à 17H, également Place de la Mairie).
A cette occasion, chacun pourra prendre la parole et s’exprimer, apporter un témoignage, lire une poésie …
Nous vous invitons à nous rejoindre nombreux, munis de vos drapeaux* et de vos documents (pour vos éventuelles interventions) ainsi que de foulards/bâillons rouges qui pourront symboliser, pour ceux qui le souhaitent, l’entrave à la liberté d’expression au Tibet.
Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à nous contacter : cspt35@gmail.com
———fin du message recopié sur le blog de cette association——–
Par ailleurs, j’ai lu avec attention les articles suivants :
La dalaï lama dénonce «l’enfer sur terre» subi par les Tibétains
Et puis voici la situation sous un angle très humoristisque, mais qui me semble aussi très réel :
Bonjour,
Lors du dernier GSMP, une consultation orale des présents a été organisée sur le thème du blog de la Bertais (dont s’était le premier anniversaire). Voici une synthèse des ressentis très divers et variés de ce panel de trente personnes. Cette synthèse a été réalisée à la suite de la dernière réunion de CA de votre association, consacrée pour partie à l’avenir de ce blog.
Bien entendu, ceux et celles qui n’ont pas encore pu s’exprimer sur le sujet sont invités(ées) à le faire ici même en ajoutant un commentaire à cet article! Le prochain CA tirera partie de ce nouvel apport et proposera ensuite ses conclusions dans l’optique d’améliorer l’outil et son utilisation.
– une à plusieurs fois par jour : 4
– une à plusieurs fois par semaine : 20
– jamais ou très peu : 6
– l’intérêt, largement partagé, est qu’il constitue un lien régulier avec la Bertais, en dehors de nos rencontres sur place, pour certains « nouveaux » cela leur permet de connaître les personnes, d’autres retrouvent des personnes qu’ils connaissent, simplicité de relations, poursuite vie de la maison, …
– pour certain(e)s, le blog est un « rappel » de l’enseignement et suscite de la mise en pratique ; c’est une aide dans la pratique
– dans sa forme, le blog est souvent perçu comme agréable, sympa, ludique, …
– pour certain(e)s, le blog a très grande importance dans leur vie
– certain(e)s apprécient les informations pratiques – inscriptions, calendriers, compte rendu des réunions du bureau, …
– certain(e)s apprécient beaucoup la diversité des articles, d’autres trouvent qu’il serait nécessaire de cibler davantage les articles publiés et d’avoir une « ligne directrice » (par exemple centrer le blog sur la vie de La Bertais),
– ceux et celles qui ont participé à Cybertaisie, regrettent pour la plupart de ne plus retrouver dans le blog ces échanges directs sur leur pratique, avec la limite de l’intimité à encadrer dans un échange de ce type (« deuil » de Cybertaisie vraiment difficile pour certain(e)s)
– et certain(e)s demandent : quid de Cybertaisie ?
– certain(e)s trouvent les articles du blog trop culturels et pas assez spirituels, infos que l’on peut trouver ailleurs, pour d’autres le spirituel est aussi dans la variété et les choses simples, et « la loi de la différence s’y joue à fond » (dans le blog)
– certain(e)s apprécient beaucoup l’aspect culturel du blog
– certain(e)s attendent plus d’articles de fond sur la spiritualité qu’ils trouvent parfois sur ipapy, d’autres estiment que les articles de fond peuvent être trouvés ailleurs et que l’on risque de perdre la vie de la maison (trop intellectuel),
– pour certain(e)s, rédiger un article est un don (et n’appelle pas forcément au commentaire), et pour d’autres les articles permettent de se relier aux rédateurs/rédactrices
– certain(e)s ne trouvent pas facile d’écrire dans le blog (écrire n’est pas donner à tout le monde, et se livrer sur le blog n’est pas facile)
– certain(e)s sont gêné(e)s par l’identification floue de la communauté des lecteurs du blog (partie publique ? privée ? membres amis ? sympathisants ? qui d’autre ?)
– la synthèse régulière effectuée par Mireille est largement appréciée car elle relance les uns et les autres quant à leur intérêt pour le blog, nombreux souhaitent la remercier pour ce travail de qualité,
– certain(e)s y trouvent moins d’intérêts qu’au début, pour des raisons diverses : arrêt Cybertaisie, pratique très « chronophage » et sans fin – risque de dispersion, bavardages parfois et trop de commentaires à l’emporte pièce et non mesurés, flatte l’ego parfois, attente de Yann autre chose que des articles culturels sur le blog (d’autres apprécient car Yann s’expose autrement)
– certain(e)s trouvent certains articles trop longs
– certain(e)s regrettent les difficultés techniques pour publier un article
– certain(e)s ne disposent pas d’internet ou n’ont pas le temps matériel d’utiliser/consulter le blog
– autres appréciations / questions / suggestions :
o «moyen de l’expression de l’être (sortir de sa coquille)»
o qu’est-ce que l’on a le droit de publier comme textes spirituels ?
o qui peut être rédacteur/trice ?
o certains transfèrent/copient des articles ou des photos, est-ce justifié ? …
o quelqu’un propose que l’accès à une partie du blog soit payante pour pousser à plus d’engagement personnel (comme autrefois sur Cybertaisie)
o une personne qui ne va pas à Hauteville trouve que des articles sur Hauteville renforcent le lien avec Hauteville
Un prêtre était invité à un festin, mais comme il était un moine, l’hôte était troublé à l’idée de ce qu’il allait lui proposer et il dit :
« Qu’aller vous manger et boire ? »
Le moine répondit en souriant :
« Je prends du vin mais pas de nourriture végétarienne »
dans « Le Sourire de la Sagesse » d’Eric Edelmann (La table ronde)
Non non, je ne pense pas du tout à la Bertais…