Jeudi 31 mai, le Collectif Colibris Rance Emeraude avait invité Pierre Rabhi pour tenir une conférence à Saint-Jouan de Guérêts.
Plusieurs amis de notre Groupe Colibris du Pays de Rennes s’y sont rendus.
En arrivant sur les lieux, j’ai eu l’agréable surprise d’y rencontrer Michèle Heiser qui a eu la gentillesse de faire les photos qui illustrent l’article.
Un temps est d’abord réservé à la visite dans le hall, d’une exposition tenue par les associations locales, soutenant des valeurs préconisées par le Mouvement pour la Terre et l’Humanisme (qui a donné naissance ensuite aux « Colibris »).
Bien sûr, il y a également un stand avec les livres écrits par Pierre Rabhi. 
Discret, il est assis juste à côté et sourit aux gens qui le saluent. Il est là pour dédicacer les livres qu’on lui présente. 
Et puis tout le monde rejoint la grande salle pour la conférence. 600 personnes ! Les organisateurs, pour lesquels c’était une première, en sont eux-mêmes étonnés. En prenant place dans cette salle, nouvelle surprise : juste devant moi, je retrouve Eric Bailly ! Décidément, La Bertais est bien représentée.
Pierre va parler pendant 1h30. Doucement, calmement, convainquant.
Il nous raconte son itinéraire : né dans un oasis au sud de l’Algérie, il se trouve orphelin de sa mère dès l’âge de 4 ans. C’est son père qui va l’élever. Il est forgeron, mais aussi poète et musicien. Ce sont les hommes qui créent les oasis. Un point d’eau dans le désert, on plante des palmiers qui vont donner de l’ombre et permettre de cultiver des légumes et des céréales, puis on plante des arbres fruitiers. La vie se déroule au rythme du temps et de la Nature. On a tout ce dont on a besoin pour vivre harmonieusement.
Puis, c’est la colonisation. Les français viennent exploiter le charbon. C’est le basculement social. Le père de Pierre Rabhi abandonne son métier et devient mineur. Les enfants vont à l’école et apprennent que leurs ancêtres étaient les gaulois. Interdiction leur est faite de parler leur patois.
La seule logique dans ce nouveau type de sociétés, c’est l’Occident et Pierre est envoyé par son père en France, dans une famille française qui va l’élever. Il est coupé de ses racines et de sa culture. Adulte, il travaille à la chaîne comme OS (« ce qui veut dire spécialisé en rien ») . Il ressent la mécanisation généralisée du système. Il éprouve le besoin de se rapprocher des philosophes pour savoir ce qu’est la Vérité. Il est touché par les Evangiles.
Il ressent au plus profond de lui-même, l’envie de contempler la Nature. Et en 1961, c’est le retour à la terre. Il quitte Paris pour s’installer avec sa compagne en Ardèche, dans la ferme de leur cœur, sans eau ni électricité. Le Crédit Agricole refuse de leur prêter de l’argent ne voulant « pas contribuer à leur suicide ». Mais il finit par obtenir gain de cause par sa ténacité en faisant remarquer au banquier que l’air pur, le silence, la sensation d’éternité ne figurent pas dans les références des conditions de prêt de la banque.
Va commencer alors une nouvelle vie pour lui et sa femme. Un retour aux sources et une pensée qu’il va partager avec tous ceux qui aspirent à autre chose qu’une société de consommation basée sur l’économie et l’argent.
Voici parmi beaucoup d’autres, quelques phrases qui ont résonnées en moi et que j’ai notées.
« L’homme se prend pour Dieu. Il s’approprie la Nature. Il veut la dominer. Il la saccage alors qu’il est lui-même la Nature »
« Qu’est-ce que vivre ? Est-ce naître et consommer en attendant de mourir ? »
« Nous avons une planète magnifique mais limitée. Nous avons un gisement de ressources gigantesques mais nous sommes en train de l’épuiser pour faire du fric ».
« La question à se poser est : Sommes nous dans un processus pérenne ou dans un processus qui va exploser ? »
« Tous les politiques parlent de croissance économique. Ce postulat repose sur l’insatiabilité que l’on créée chez les individus : consommer toujours plus pour être heureux. »
C’est à partir de cette réflexion que Pierre Rabhi a lancé son « Insurrection des Consciences » en 2002 : mettre sa vie en cohérence avec sa pensée.
Il prône une sobriété heureuse et une simplicité volontaire. Avoir un niveau de satisfaction beau et simple qui procure la joie qu’on ne peut acheter.
Avoir de la rigueur dans sa vie. Mais pas de la rigueur qui ne produit que de la rigueur. De la rigueur qui produit du bonheur.
Et d’affirmer : « l’avenir, c’est la Société Civile, grand laboratoire d’intérêt général, source d’énergie créatrice et de changement ».
Il nous encourage à être des colibris, de faire notre part pour créer en tous lieux des oasis pour se rassembler , recréer des communautés, avoir des échanges constructifs, recréer ce qui existait avant que l’argent ait tant de prégnance.
Nous ne sommes plus dans la dimension sacrée. Il est nécessaire de réintroduire la notion de Mystère dans notre vie. Le silence a son mystère, c’est lui qui va me renvoyer à moi-même. Tout est harmonie. Il nous faut rejoindre la Symphonie Universelle qui est la Réalité.
Pierre Rabhi nous a tous touchés au plus profond de nous-mêmes. Il est ovationné par le public.
Serait-ce donc le début de l’insurrection des Consciences ?
En projet : Le groupe des Colibris du Pays de Rennes invitera à son tour Pierre Rabhi en 2012/2013