Auteur/autrice : Viviane Giroud-Ledeuil

 

 

En vacances en Bavière au début du mois chez  des amis allemands, nous sommes allés visiter Salzbourg qui se trouve juste à la frontière autrichienne.

J’ai aimé cette ville, étonnante  par son cadre pittoresque et son charme bucolique. 

  

Magnifiques enseignes décorant la plupart des maisons de la rue principale

 

 La rivière Salzach et au fond la forteresse Höhensalzburg

 

 

 

Mais je l’ai surtout aimée parce qu’elle est la ville natale de Mozart et qu’on ressent partout sa présence.

 

 

 

 

 La visite de la maison de son enfance s’imposait

 

 

 

Quelques photos coups de coeur.

 

Le portrait de Mozart enfant

                                                                                                                                                 Son 1er violon      

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le clavecin sur lequel il joua

 

                                                                              

        Et puis clin d’oeil à Yann qui a publié un article en Juin sur Don Giovanni   

                                                                                             une scénographie du 19ème siècle

                 Un Don Giovanni de la même époque

 

Il n’était pas possible de quitter cette ville sans assister à un concert.  

 

  C’est dans cette magnifique salle du Palais Mirabell où Mozart se produisit enfant, que plusieurs oeuvres de ce merveilleux compositeur interprétées par des musiciens de haut niveau ont réjoui nos oreilles.

  Il fait nuit, nous quittons Salzbourg sous le charme de sa féérie.

 

Samedi 31 Janvier

"Le désert est bien plus qu’une pratique du silence et de l’écoute. Il est une ouverture éternelle."

Edmond Labès

 

Le soleil se serait-il lever plus tôt aujourd’hui ? Peut-être…

 

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La lumière du jour effleure à peine la chevelure dorée des dunes que déjà nous entendons crépiter les petites branches sèches dans le feu qui chauffe l’eau du thé et du café.

Nous voici réunis pour la dernière fois autour d’un petit déjeuner à la saveur mi-joyeuse, mi-mélancolique. Nous rangeons tous les bagages, replions la tente qui nous a si chaleureusement abrités durant cinq nuits, aidons nos amis à charger leur matériel sur les dromadaires qui étaient devenus nos fidèles compagnons de voyage.

Un bruit de moteur au loin. C’est  Nauri qui vient nous chercher.

 

 Longues étreintes, phrases sobres. Mohamed et Nassé s’éloignent avec Nani, Saline, Lasfar et Frica. L’aventure est terminée. Ce soir nous dormirons à l’hôtel à Djerba et demain nous reprendrons l’avion pour la France.

 

 

 Dans le 4×4 , je regarde avec nostalgie défiler les dunes, les palmeraies et les premières maisons qui annoncent le retour à la vie sociale et nous revoici à Douz.Les rires des enfants se mêlent aux voix des marchands du souk qui invitent les touristes à venir visiter leurs échoppes aux mille trésors. Les mobylettes "pétaradent" tout autour de nous.  Les habitants aux vêtements multicolores déambulent dans les ruelles.

 

 

Au revoir Sahara, tu m’as appris l’humilité, ramenée à l’essentiel, fait redécouvrir les vraies valeurs, goûter à la plénitude du silence et de l’éternité.

 

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 "A l’origine de ce que je suis devenu, il y a eu cette marche lente, sans commencement ni fin, sur cette terre d’éternité, où la vie et la mort, le présent et le passé, la terre et les étoiles alternent indéfiniment pour composer une ardente symphonie, ponctuée par le chant du vent."

 Roger Frisson-Roche

Est-ce que nous nous reverrons ? Je ressens au fond de moi se profiler l’érosion d’un désir très ancien.

Alors, je  ne sais pas...

Inch’Allah !

 

  Merci à Guy, qui m’a fait connaître  "l’Ami du Vent" et à Marie-Annick qui a aussi marché dans le désert avec cette Association et m’a prêté son duvet chaud et douillet pour ce voyage ainsi qu’un très beau livre sur les touaregs.

 

Suite à la demande de Mireille, voici ci-dessous une carte vous permettant de localiser notre périple en Tunisie, dans le Grand Erg Oriental (à l’intérieur des pointillés rouges)

 

 Vendredi 30 Janvier

 "Le désert vous vide de vous-même pour vous remplir de lui-même. Curieusement, vous ne vous êtes jamais senti autant vous-même. Comme si votre être, libre de toute pensée, de toute image, de toute histoire, s’était ouvert aux dimensions du désert qui s’étend en vous, contenu dans ces instants qui sont des perceptions où il n’y a rien à changer car dans leur simplicité, leur nudité de présents absolus, ils sont la perfection même."

Daniel Popp

 

C’est notre dernière journée de marche dans le désert. Alors, je veux m’en imprégner, le mémoriser, dans ma tête et dans mes cellules. Prendre à bras le corps ce gigantesque océan de sable, crêté d’or, ne surtout pas m’habituer à cette beauté, la redécouvrir à chaque instant. La lumière du jour souligne les couleurs, renforce les contrastes sur les dunes.

Au bout d’un moment, nous les quittons pour traverser une zône plus aride parsemée de plantes à épines ou de sbat (herbe à chameaux).

Le soleil tape très fort aujourd’hui. A l’horizon, j’aperçois des montagnes couvertes de neige !!! Mirage, bien sûr, c’est mon premier et assez bizarrement Françoise a le même que moi.

Nous croisons des nomades qui se déplacent avec des ânes tirant des charettes. Nos amis chameliers échangent des paroles en arabe avec eux, puis nous voici à nouveau dans les dunes.  Nous apercevons un bébé dromadaire avec sa Maman, en liberté. Charmant et inattendu !

Mais le "clou" de cette randonnée sera la découverte au milieu des dunes, d’une petite maison carrée

 

surmontée d’une coupole : une Koubba, tombeau du marabout du village abandonné que nous allons découvrir un peu plus tard. Dans l’Islam, l’appellation Marabout désigne un ascète, un sage.

 Le soleil cogne de plus en plus fort. Une fois de plus, je suis à la traîne et la caravane est loin devant moi. J’ai l’impression de me retrouver toute seule au milieu du désert. toute seule ? Non !

car un petit scarabée vient à ma rencontre. D’habitude, je n’aime pas trop les insectes, mais là …Il m’est très sympathique. Je me penche vers lui et lui parle comme à un ami.  (Cette situation est à l’origine d’une histoire que j’ai écrite et que j’aurai plaisir à vous conter si l’occasion se présente.)

 Après cette mini-pause fort sympathique, je finis par rejoindre le groupe. Je ne suis pas la seule à être épuisée. Nous n’arriverons pas jusqu’au lieu prévu par nos guides pour faire la halte repas, à savoir le puits d’un village que nous voyons au loin. Nous nous installons sous des palmiers et Mohamed, pendant que Nassé prépare le repas,  va faire un aller et retour d’une demi-heure en plein soleil pour aller remplir d’eau les jerricans vides. Nous sommes très admiratifs de ces hommes courageux et tellement plein de sollicitude pour nous.

Cet arrêt nous aura fait beaucoup de bien, et nous repartons pour une heure et demie de marche. Heureusement, il fait moins chaud. Nous traversons le village abandonné que nous apercevions tout à l’heure. Nous nous arrêtons devant le cimetière où sont édifiées plusieurs "koubbas". Recueillement, et silence dans le Silence si palpable dans cette immensité. cliquez sur la photo pour l’agrandir, puis une 2ème fois pour un plein écran

et c’est vers 18 H que nous atteignons l’endroit où nous devons dormir. Il faut faire vite pour ramasser le bois et monter la tente, car la nuit va vite tomber.

 

La lune apparait, puis l’étoile du berger, puis toutes les autres. Je m’isole sur une dune pour méditer. Moment sublime. Je veux en profiter, c’est notre dernière nuit dans le désert.

La veillée sera encore plus chaleureuse que les autres. Des liens profonds se sont créés entre nous et nous avons envie de retenir le temps : Françoise nous lit des citations sur le désert, Mohamed et Nassé se remettent à chanter. Douce nuit qu’on voudrait éternelle.

 

Jeudi 29 Janvier

"Loin des paysages verdoyants et nuancés, je découvrais au Sahara le reflet de mon paysage intérieur… Je traverse un pays où enfin le rêve coïncide avec le réel."

André Chouraqui

 

Journée très forte encore pour moi sur plusieurs plans.

Levés tôt le matin, nous avons marché dans une zône plus aride que la veille et au bout d’une heure, ô surprise ! nous voyons des roses des sables affleurer à la surface.

Elles sont très nombreuses et nous commençons à en ramasser, mais Mohamed nous indique que nous en trouverons de plus belles encore un peu plus loin.

A 50 mètres de là, il s’arrête et commence à creuser avec son bâton et nous sort de vraies merveilles du sol. Achetées à l’étal d’un souk, cela fait un joli souvenir, mais "cueillies" par soi-même dans le Sahara, cela prend une toute autre dimension !

Nous nous posons une dizaine de minutes pour les nettoyer, enlever le sable incrusté dans tous les interstices. Mohamed et Nassé nous montrent comment faire avec des bouts de branches sèches ramassées dans les épineux de la steppe. Et nous repartons avec notre trésor chargé sur les dromadaires (les pauvres !)

  Nous avons beaucoup à marcher encore. La chaleur est intense, la marche difficile dans les sables mouvants des hautes dunes que nous avons retrouvées. Il faut trouver le bon angle, choisir la crête ou au contraire la vallée, essayer d’apprécier où cela sera le moins difficile. Je recommence à prendre de la distance par rapport aux autres, de plus en plus. Je suis fourbue, éreintée,

Bientôt, je constate que la caravane est hors de mon champ de vision. Alors, sans stress cette fois-ci, je suis les traces de pas sur le sable. Au bout de vingt minutes, j’aperçois en haut d’une dune, les amis qui m’attendent.

Je les rejoins, non sans mal, mais sans complexe. Je m’accepte telle que je suis, avec mes limites. Lorsque j’arrive auprès d’eux, Mohamed me demande "ça va ?" . Dans un grand éclat de rire, je crie "OUI !" et je m’affale au sol. Alors Mohamed s’approche de moi et avec un très beau regard, me tend son bâton et me dis "tu continueras à marcher avec ça". Le bâton de Mohamed, son compagnon de route qui ne le quitte jamais, il me le donne pour me soulager ! Jean-François me prend dans ses bras,  Françoise me fait croquer un morceau de sucre, Rémi me remet mon chèche qui s’est défait avec le vent. C’est un beau moment que je ressens comme un cadeau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il nous faudra marcher encore une bonne heure avant d’atteindre le lieu où nous planterons le camp pour la nuit. Mais avec le baton de Mohamed et l’énergie que m’ont transmis mes amis, plus de problème. Je vais à mon rythme, doucement et au fil de mes pas je m’imprègne davantage de la beauté et du silence.

Et bientôt apparaît au loin, parmi les dunes enchevêtrées de sable doux comme une caresse, l’oasis tant attendu.  Mon dieu que c’est beau !

 

(Cliquez sur la photo pour l’agrandir)

Il est 16 Heures, nous n’avons pas encore déjeuner, mais dans le désert, le temps ne compte pas. Nous ne repartirons pas aujourd’hui. Repos dans cet éden, dans ce paradis de lumière jusqu’à demain.

 

 

 

Mercredi 21 Février

 "Nous nous surprendrons sans cesse. Dans ces terres hostiles, nous sommes étonnés de notre faculté d’adaptation. Très vite, nous épousons le rythme des chameaux et la vie à même le sol autour du feu. Cela montre à quel point cette vie naturelle est ancrée en nous. C’est un retour à la terre qui nous plonge aux sources de ce que nous sommes."

Blanche de Richemont

Après notre petit déjeuner rituel et le chargement des dromadaires, nous voici repartis pour de nouveaux horizons.

 

Le soleil est déjà au rendez-vous.

Je me sens bien , immergée dans ce désert de lumière et de silence. Tout ici prête à la Méditation.

 

Mais le besoin de rencontre de l’autre s’aiguise aussi fortement dans cette ambiance d’éternité. C’est ainsi que spontanément, je me mets à discuter avec Rémi. Je lui parle de ma recherche spirituelle et de l’Enseignement d’Arnaud Desjardins. Lui, à son tour, me raconte son itinéraire. Ancien commercial à "Carrefour", il a amorcé une complète et profonde reconversion. Il suit actuellement une formation de thérapie du corps, style "gestalt thérapie". Nous nous rendons compte en poursuivant notre échange que nos chemins se rejoignent complètement et ça fait chaud au coeur.

Après tois heures des marche, c’est la pause déjeuner. Je m’assieds près de Mohamed. Il me demande où se trouve ma maison par rapport à la place du soleil.

Bon, le soleil est très haut dans le ciel et il me semble que ce matin, il s’est levé de ce côté, à gauche. Donc l’ouest doit être à droite et je lui indique cette direction.

"Ah ! me dit-il, près de la Suisse et des montagnes ?"

Raté ! C’était de l’autre côté. Je lui dessine alors une carte de France dans le sable. Tout de suite, il y place Paris. Je lui montre la Bretagne et y situe Rennes, puis en face, Strasbourg pour Rémi et Belfort pour Françoise. Il semble satisfait et me sourit.

Il se met ensuite à la confection de pain. Je l’observe. Tous ses gestes sont précis et vigoureux.

 

 

 

Il malaxe la pâte faite de farine et d’eau dans une cuvette en aluminium pendant cinq bonnes minutes

 

 

                                                                                                                         L’étale en forme de galette sur un tapis

 

 

 

Puis la dépose sur les braises pour une cuisson de dix minutes

 

 

 

 

 

 

 

  

Pendant ce temps, Nassé a préparé les légumes et nous pouvons donc manger. Avant de repartir, il convient de faire la vaisselle.

Comment fait-on la vaisselle dans le désert alors qu’il n’y a pas d’eau ?

 

 

 

 

Eh ! bien, nous découvrons que le sable est un excellent récurant et qu’après un nettoyage méticuleux avec cette poudre magique, nos assiettes sont impeccables.

 

 

 

Les affaires ramassées et rechargées , nous voici repartis pour une nouvelle  étape.

Cette fois-ci, c’est avec Françoise que je lie conversation. Cette femme de 72 ans a une énergie extraordinaire. Elle est toujours devant la caravane et ne semble jamais fatiguée. Veuve depuis 5 ans, elle s’est lancée à la conquête des déserts après la mort de son mari. Très active, elle voyage beaucoup à travers le monde dans le cadre d’associations humanitaires dans lesquelles elle milite  : l’ACAT (association des chrétiens pour l’abolition de la torture) et le CCAD (Comité Catholique contre la Faim). Là encore, quelle richesse !

Cette longue discussion m’aura permis de moins sentir ma fatigue et mes douleurs musculaires, car après les trois heures de marche ce matin, nous sommes repartis pour deux autres heures.. Mes cuisses, mes mollets me font terriblement mal, j’ai des ampoules aux pieds. J’ai envie de crier : "je n’en peux plus !" Mais je vois là une ruse de mon mental car puisque j’arrive toujours à avancer, puisque je ne m’écroule pas sur place, c’est que je peux encore. Cette prise de conscience va beaucoup m’aider et je vais pouvoir aller jusqu’au bout, fatiguée certes, mais sans avoir perturbé le groupe et … fière de moi.

Je suis étonnée d’ailleurs de constater à quel point on récupère vite ses forces physiques et surprise de me sentir en pleine forme pour la veillée où je vais "conter" à mon tour, suivie de Rémi qui va nous faire rire avec des devinettes très "calées". Ce sont enfin, nos amis chameliers qui vont clore la soirée avec leurs chants tellement beaux et qu’ils sont si heureux de nous faire partager.

 

  

  

L’osmose est complète maintenant entre nous tous. C’est le miracle du Sahara !