J’éprouve le désir depuis un moment de préciser tout ce que la non activité Yoga nidra est susceptible d’apporter quand on souhaite l’utiliser de façon approfondie.
Sur un plan purement physique, la pratique de la détente corporelle proposée à cette occasion peut s’avérer à la longue d’une exceptionnelle efficacité : le simple fait d’apprendre à identifier des tensions, puis à les neutraliser permet d’acquérir une conscience du corps qui ne se limite pas à la posture dite du » cadavre » mais peut être utilisée dans la vie courante, dans la mesure ou on a appris à identifier des crispations parasites, puis à les neutraliser.
Nombreuses demeurent les circonstances où une émotion engendre ce genre de réaction physique, comme un fort serrement des mâchoires ou des tensions dans l’espace dorsal, sans oublier les poings serrés, liste évidemment non exhaustive…
Quand on apprend à » habiter le corps » , il devient tout à fait possible de vivre bien plus détendu au niveau simplement musculaire, ce qui peut entraîner de surcroît une certaine détente du mental, la relation corps-esprit n’est plus à démontrer!
J’ai pu témoigner à plusieurs reprises des bienfaits retirés de l’apprentissage puis de l’enseignement de la relaxation (dans le cadre du club « yoga » que j’animais à l’usage des élèves du lycée de Morlaix, où je fus CPE durant 25 ans) J’ai ainsi constaté que je terminais mes journées de travail bien moins fatigué que lors des premières années, alors que l’activité professionnelle n’avait nullement diminué, sous les ordres d’un proviseur pas vraiment cool ; l’activité restait importante, mais sans crispations parasites, c’est du moins la seule explication que j’ai pu trouver pour justifier une fin de carrière plutôt « détendue » . Évidemment, cette détente demeure dans le quotidien d’un retraité très actif qui achève des journées bien remplies sans fatigue notable…
C’est surtout au niveau de la pratique spirituelle que le yoga nidra offre des possibilités remarquables. Cette non activité physique reste en effet centrée sur une utilisation systématique de la conscience témoin : il ne s’agit plus de cogiter, mais de voir apparaître sur le tableau de bord les sensations corporelles généralement occultées, le pilote conscience peut vivre pleinement son rôle. Sentir de façon détaillée le contact de la langue avec les dents et les gencives peut sembler un exercice inutile, il mobilise pourtant de façon attentive une conscience activée et consciente d’elle même, c’est en ce sens qu’Arnaud Desjardins a pu un jour qualifier la relaxation de méditation couchée, au cours de laquelle le mental bavard peut assez facilement se retrouver simplement court-circuits par cette mobilisation de la conscience vers les sensations corporelles. Il débutait d’ailleurs assez souvent des méditations guidées par des instructions typiques de la relaxation (méditation, une relaxation assise…)
Un bon yoga nidra, c’est un vrai voyage au cœur de la conscience, c’est à dire au centre de notre réalité ultime décrite de façon si percutante par les Upanishads, cette partie de nous qui n’a ni commencement ni fin, et à laquelle il reste tout à fait impossible d’attribuer des caractéristiques. Utiliser cette conscience pour explorer les sensations corporelles, c’est un peu comme pratiquer la musculation dans une salle de sport, avec cette possibilité de découvrir peu à peu l’état non perturbé de la Conscience, SAT CHIT ANANDA, Être, Conscience, béatitude, dont les errements du mental bavard nous exilent…
Évidemment, il faut bien admettre que ce programme ambitieux demande de la persévérance, et bien que nous nous trouvions assez loin du temps de repos bien mérité après une active demi journée de séjour. Il reste possible d’opter pour un dodo réparateur, en chambre ou bercé par ma douce voix, mais il semble utile de préciser les fécondes possibilités offertes par cette pratique somme toute assez simple.