Auteur/autrice : Georges Morant

  • Prier

     

    Prier

    Prier Dieu, c’est se retrouver devant Absolu

    C’est étrange, déconcertant, aidant, réconfortant

    Le fait de mettre des mots sur la solitude existentielle soulage, allège

    Dieu, Cela qui Est, sans nom, ni forme, omniprésent rayonne en silence

    Dieu, Cela qui Est  ouvre la porte étroite de l’Essence

    Dieu, Cela qui Est, est la finalité d’une existence

    Réaliser Dieu, c’est disparaître en tant qu’identité personnelle séparée

    C’est mourir à l’ego qui se croit autonome, tout puissant

    Dieu est vertigineux

    Dieu ouvre à l’illimité

    Dieu défait tous les liens, tous les nœuds

    Dieu est Un

    Dieu est une ouverture impossible à combler

    C’est pourtant la raison pour laquelle, nous, chercheurs spirituels, nous nous mettons en quête de Lui

    Dieu est une ouverture à l’infini

    Dieu est une invitation divine

    Dieu ne se conte pas en mots mais en silence

    Dieu Est Silence-Infini-Vide-Rien

    Dieu nous invite à Le découvrir

    Dieu est la réponse absolue

    Dieu est Tout en majesté

    Dieu, au plus profond de nous-même, nous appelle en secret pour Le rejoindre.


     

  • Juste avant l’aube

    Maintenant n’existe pas vraiment

    Maintenant est Un

    Maintenant est Rien,

    La source toujours pure d’où tout vient

    Maintenant n’est jamais « né, crée, produit, composé »

    Maintenant est sans forme, vide et inconnaissable

    Maintenant est insaisissable

    Maintenant est la réalisation des sages

    Maintenant est Silence

    Tous les mots s’effacent devant maintenant

    Maintenant est Mystère Absolu

    Nous Sommes Maintenant

    Maintenant est vertigineux, la mort et la Vie

    Maintenant est l’appel divin qui résonne au plus profond de nous-mêmes

    Seule la Conscience

    Sentir au petit matin l’espace s’élargir est une pure merveille

    Cela, défait l’existentiel, dépouille en profondeur l’ego, l’identité séparée

    Georges Morant n’existe pas

    Le moi s’en est allé rejoindre en silence Cela, sans nom, sans forme

    La fulgurante beauté de l’Essence

    Maintenant est sacré

    Cela perce la carapace, la personnalité illusoire, irréelle, de celui/celle qui se croit séparé(e), autonome

    Maintenant est le source toujours pure de notre cœur d’enfant

    Maintenant n’a jamais commencé

    Maintenant coule en l’Infini

    Au petit matin, vers trois quatre heure

    Juste avant l’aube…

    Tout est déjà là

    S’éveiller n’est pas loin

    MERCI

     

  • Les fils de l’illusion…

    Chacun tissé dans des fils bien particuliers tente d’échapper à sa souffrance. Quand on regarde de près, cette réalité  fait froid dans le dos. L’impermanence et la mort, les douleurs physiques et psychiques, les tourments de voir un jour ou l’autre s’en aller les personnes les plus chères à nos cœurs.

    Chacun (e) croit dessiner son chemin à sa guise. En fait, il n’en est rien. Nous pouvons apercevoir à quel point nous sommes toutes et tous conditionnés. À nous de faire en sorte pour sortir de ce cruel dilemme : nous prendre pour des entités séparées, personnelles, des égos tout puissants maîtres de leurs mondes. Même si la perspective est radicale, ce n’est pas une raison pour se croiser les bras, continuer à nous engluer dans cette toile existentielle, matérialiste et néantielle. Celle-ci n’est jamais à court d’arguments pour nous maintenir en prison, nous faire prendre des vessies pour des lanternes, nous entraînant toujours plus loin dans une perspective sans réel espoir de libération.

    En des temps hypnotiques qui courent toujours plus loin, plus forts dans des horizons bouchés, ne baissons pas les bras. Les fils de l’illusion sont à vrai dire des plus fragiles. Ils ne tiennent qu’à un seul fil  (rire).

    Une fois ces fils déliés, un à un ou tous d’un coup, notre représentation du monde s’effondre comme un château de sable. À vrai dire, vrai écrire, avoir des aperçus même brefs de cette autre réalité indicible, Cela qui permet tout, réchauffe le cœur et ouvre des horizons insoupçonnés. Celui d’un bonheur plein, infini, sans contraire, certes assez vertigineux, mais pas la peine de se voiler la face. Comme pour toutes les meilleures choses, il y aura un prix à payer. Et si nous mettons la barre très haut, nul doute comme le dit ARNAUD que c’est un prix complet.


     

  • Meditation

    Retourner à la source, découvrir la réalité de ce qui se cache derrière les apparences du corps physique et du mental.

    Opérer un véritable retournement, voir ce que je suis vraiment. « je » ne se contentera jamais de demies vérités. « je » aspire à Absolu.

    Devenir témoin de ce que je suis en vérité. Soulever tous les voiles et être conscient du Mystère d’Être.

    L’image qui me parle ce matin, est celle d’un vide sidéral.

    Pendant la méditation, le mental s’incruste surtout à coups de pensées à une vitesse affolante. Pas de panique ! Il fait son boulot et si vous lui laissez la place et son temps, il va finir par s’en aller.

    Le mental est un voleur. Il vous empêche de voir, sentir ce qu’il y a derrière les apparences, sensations, pensées, émotions. Il voile une réalité beaucoup plus vaste et apaisée que vous sentez poindre au cours de la méditation. Il vient se mettre entre vous et beaucoup plus grand que vous.

    Le cours de la méditation, ne cesse d’osciller entre deux pôles : le pôle mental et le pôle qui invite à l’infini mystère d’être.

    Les nuages peuvent un temps voiler le soleil de la Conscience mais finiront toujours par disparaître.

    Parfois tout s’éclaircit et ce matin, il m’a été donné de faire un vrai retour à ce qui au plus profond de moi-même, résonne en silence.

    C’est un sentiment très heureux, comme si vous aviez été libéré, pour un moment, de ce que vous n’êtes pas. Comme un retour à la source pure que nous sommes au plus profond de nous-même. Le mental vous chuchote que cela ne va pas durer. D’accord. Vous pouvez replonger encore et encore. L’espace s’est élargi en Cela-Conscience.  Il n’y a aucune espèce d’entrave. Vous vous êtes échappé pour un temps de votre condition existentielle ordinaire, « normale ». Elle a fondu. Elle est partie, volatilisée. La tradition indienne parle de SAT CHIT ANANDA Être-Conscience-Béatitude.

    La tradition chrétienne parle du royaume des cieux au-dedans de nous

    Trêve de mots…un dernier quand même… Vous savez alors au plus profond de vous-même que vous êtes cette Conscience et en plus qu’Elle est toujours là et que c’est le mental qui passe son temps à vous voiler la Réalité. J’ai oublié d’écrire un mot essentiel, parce ce qu’il exprime bien ce dont il s’agit : Ce mot est PAIX, une qualité de paix incomparable venue de Rien.

    Quand souffle le vent libérateur de l’esprit apaisé, un Sentiment dont il est très difficile de rendre compte, laisse la place à l’infini, au silence. Quand Cela vous tient dans ses bras, vous ne voulez plus du tout aller ailleurs. Vous avez trouvé un secret, un trésor, un repère divin où vous pouvez vous rendre si vous le souhaitez. Lui, se tient indéfiniment prêt à vous entendre, à vous recevoir, à vous inspirer.

    Quand le Réel se dévoile, vous êtes Conscience-Paix. Vous êtes vastitude comme dit Yann. Vous êtes comblé. Il ne vous manque absolument rien. Puissé-je me diriger peu à peu vers ce contentement et diffuser la Bonté fondamentale.

    PS : Y’a du boulot même si je le suis déjà !


  • Comme un parfum de Soi

    Les moment bénis, privilégiés, précieux pour écrire se révèlent souvent à l’improviste. Le temps semble alors suspendu. Le silence est dense et aucun mot ne peut en fait décrire ce qui se passe.  « je » se sens au cœur du Mystère de la Présence d’être, Indicible.

    l’Insaisissable me court après depuis  longtemps.  Ce genre de moment est pure méditation. Vous êtes en relation avec quelque chose qui s’étire à l’infini. Demeurer en Cela, même  pour quelques instants est source d’une joie secrète, pleine, vide. Cela se repose en vous. C’est un sentiment puissant. Le cœur de la conscience se tient là, sans nom, sans forme ; seulement un ressenti, mais si différent de l’ordinaire, un épanouissement d’être qui semble que rien ne puisse perturber. La Conscience,  car c’est bien d’Elle en fait dont il est question ici, maintenant. Méditer avec Elle, en Elle, grâce à Elle, est contemplation. La Conscience n’a besoin d’absolument rien. Elle Est ce que je suis vraiment. De tels moments sont des clins d’œil de présence à Soi-même. Pas moi, ego Georges Morant, identité personnelle séparée, mais Cela, bien au-delà de moi. Demeurer en Cela est pur bonheur.

    Quand les nuages du mental se dissipent, l’horizon vertical se dessine. C’est un retournement, un retour à Soi-même Quand vous vous tenez ainsi, c’est un peu comme si vous retourniez au sommeil profond ; sauf que là, et c’est une différence majeure, vous êtes conscient. Vous êtes conscient de la Conscience. Vous jouissez d’une tranquillité souveraine, une paix secrète enfin dévoilée. Vous êtes prêt en ces instant à vous en aller, vous effacer, disparaître en tant qu’individu personnel, séparé. Vous semblez plonger dans un sommeil profond mais vous ne dormez pas. Vous contemplez le mystère de la Conscience. Vous êtes immergés dans le Mystère d’être en vie, de la Vie

    Je dédie ce post à la période des fêtes de Pâques, endeuillée par la mort du pape.

  • La non-pensée est un concept

    RAMA: …Refléchir au concept d’absence de mental revient à réfléchir sur le mental.

    Ce verset rappelle que toute pensée reste une pensée, même des pensées sur la non pensée. L’absence de mental (ou de pensées) est d’abord une idée, un concept élaboré par d’autres personnes et que l’on a fait sien…

    Ne soyons pas dupes. Réfléchir sur l’absence de pensées est utile pour acquérir une vision d’ensemble du chemin spirituel, mais cela ne nous dispensera jamais de nous exercer dans le silence à diminuer puis taire les agitations mentales jusqu’au silence complet et à demeurer dans cette paix tranquille. Cette paix est comme un véhicule, comme un métro. Si nous voulons aller juqu’au terminus de la ligne, il est inutile de descendre à chaque station pour attendre la rame suivante et recommencer cet étrange scénario. Il faut rester dans la voiture (dans la paix) et le métro ira tout seul à son terminus. C’est la foule des pensées qui nous pousse dehors à chaque station.

    Extrait du livre de Yves Rémond : LEVEIL DANS LE YOGAVASISTHA page 228

  • A propos de simplicité et de reconnaissance

    Allez, un dernier post  avant la venue d’Yves… (Pour vous inscrire à son séminaire du we prochain, cliquez ICI)

    Le Yoga-vasistha raconte l’histoire suivante : un homme pauvre se dit un jour que sa vie changerait du tout au tout s’il possédait le joyau magique de la cintâmani, cette pierre fabuleuse qui exauce tous les souhaits de son possesseur. Aussi, il se mit à prier les dieux de lui accorder ce trésor. Il les pria avec ferveur durant trois mois.
    Un jour, en se promenant dans la forêt, il tomba nez à nez avec le fabuleux joyau, posé là par terre, devant lui, par les dieux satisfaits des efforts du pauvre homme! Il ramassa la pierre, la regarda, mais très vite, le doute s’insinua en lui :  » Comment est-ce possible? Je n’ai prié que trois mois! trois petits mois! La plupart des gens prient toute leur vie durant pour le posséder et souvent n’obtiennent rien! Ce joyau est le trésor des dieux et il faut mériter bien plus que ça pour l’obtenir! Non. C’est impossible, ce ne peut être la cintâmani. Je me trompe! C’est trop facile ou alors c’est un piège des dieux…
    Je vais continuer à prier et à la mériter. » Il jeta le bijou dans les fourrés et reprit ses pratiques. Les dieux reprirent la cintâmani que l’homme avait refusée. L’histoire dit qu’au fil du temps, pour s’amuser (les dieux sont un peu joueurs) , les dieux jetèrent de temps à autre quelques morceaux de verre coloré à cet homme. Celui-ci les reçut comme des preuves qu’à ses yeux, il était bien sur la bonne voie pour recevoir un jour, enfin, la « vraie » cintâmani
    L’histoire se conclut sur l’image de cet homme qui part avec sa verroterie, s’isoler dans la forêt pour pratiquer plus intensément encore. Dans ce bois, dit le texte, il connut la souffrance… La fin est glaçante et peut faire réfléchir!

  • L’intérieur d’une graine

    Ceci est un article directement inspiré par le dernier livre d’Yves Rémond. S’il vous touche, souvenez-vous qu’Yves sera avec nous à La Bertais très prochainement et que les inscriptions pour participer à son séminaire sont ouvertes. Pour y participer => cliquez ICI 

    Rama : A l’intérieur d’une graine, on ne distingue pas la future pouce  de la plante. A l’intérieur d’une graine, il n’existe que la graine, et rien d’autre (195-34). De la même manière, l’existence d’un monde est intérieure au Divin et elle n’est perçue que dans le même Divin. S’il en est ainsi, le monde doit nécessairement être éternel et il ne peut être que le Divin, L’Immuable (195.35) …

    Yves : Quand on ouvre une graine, on ne voit qu’une masse homogène, généralement blanchâtre et c’est tout. C’est ce qui fait dire à Rama que dans une graine, il n’y a que la graine. La plante est contenue là, dans cette graine, cette masse où l’on ne distingue rien. La plante avec ses feuilles, ses tiges, ses fleurs, ses fruits est une illustration du monde avec son foisonnement de formes plus variées les unes que les autres. La graine, elle,  est l’image de Brahman : homogène, un, sans caractéristiques. Le graine contient la plante à l’image de Brahman qui contient le monde dont il n’est ni différent, ni séparé.

    Rama veut montrer qu’entre la graine et la plante, il n’existe pas de relation de  causalité (cette plante a poussé à partir de cette graine), mais une relation d’unité (cette plante est cette graine et cette graine est cette plante). Si l’on « ouvre » le monde, on ne trouvera que la Conscience (une masse dense et homogène de pure Conscience, dit le Yogavasistha). Le monde est la Conscience comme la plante est la graine. La perception du monde est la Conscience qui perçoit la Conscience en la Conscience.

     

    Puis Rama revient à la logique de la doctrine de la non création (195-36) :  » Comment L’Immuable deviendrait-il quelque chose de nature diamétralement opposée à lui (mouvant, instable, éphémère, etc.) ?

    Suivent trois versets qui dénoncent certaines idées que l’on pourrait se faire sur le Réel et le monde : le monde n’est pas une forme prise par le sans forme (195-37), le monde n’est pas contenu dans le Réel comme un objet différent du Réel (195-37) et enfin le Réel n’est pas la base, la fondation sur laquelle un monde s’érigerait en tant qu’entité indépendante (ce qui indirectement reviendrait à une forme de causalité) (195-39).

    YVES REMOND Dans son livre L’EVEIL DANS LE YOGAVASISTA page 233, 234

  • Condamné à la libération

    Ceci est un article directement inspiré par le dernier livre d’Yves Rémond. S’il vous touche, souvenez-vous qu’Yves sera avec nous à La Bertais très prochainement et que les inscriptions pour participer à son séminaire sont ouvertes. Pour y participer => cliquez ICI 

    RAMA : Si les désirs s’apaisent et si une liberté s’installe vis à vis des désirs et de toute forme d’action, alors la plus haute libération (nirvana) se lève et resplendit, même si les sages ne l’ont pas désirée.

    YVES : …A partir du moment où la conscience ne s’investit plus à outrance dans les objets du monde en lesquels elle se dilue, et qu’elle s’oriente vers sa propre source de façon stable et aisée, le nirvana suit automatiquement. « Automatiquement » ne veut pas dire « immédiatement ». Cela dépendra en partie de nos efforts, mais surtout de la « volonté de Dieu », de la Conscience elle -même  ou encore de la grâce. En tous les cas, la venue de la libération ne dépend plus de la personne. Elle s’invite sans prévenir. La maîtrise des désirs peut faire de celui qui la pratique un ascète, un rishi même, mais pas forcément un être libéré. La libération est une grâce qui vient d’elle même. Mais le verset va plus loin encore et affirme que le nirvana ne peut pas ne pas venir. Il est obligatoire en quelque sorte.

    …L’homme n’y échappera pas ; il lui faudra peut être des milliers (millions? milliards?) de vies, mais cela se produira, qu’il le veuille ou non. A partir du moment où l’individu s’engage dans une recherche spirituelle, il est « condamné » à réussir, car l’éveil lui fait de plus en plus confiance. Il brûle du désir de s’éveiller, car le Divin brûle du désir de se reconnaître, car le Soi ne peut que s’aimer lui-même, comme la rivière qui ne peut que dévaler vers l’océan. Nous avons juste notre part à accomplir : cultiver avec intelligence le détachement et le lâcher prise : je m’abandonne à la grâce, je lui fais de plus en plus confiance.

    YVES REMOND Dans son livre : L’EVEIL DANS LE YOGAVASISTHA Page 224, 225

  • La peur du vide…quel vide ?

    Ceci est un article directement inspiré par le dernier livre d’Yves Rémond. S’il vous touche, souvenez-vous qu’Yves sera avec nous à La Bertais très prochainement et que les inscriptions pour participer à son séminaire sont ouvertes. Pour y participer => cliquez ICI 

    RAMA : Je suis l’Espace vide. Ce qui existe est l’Espace vide. La Conscience est l’Espace vide. Le monde est l’espace vide et l’Espace vide n’est que l’Espace vide. Une fois parvenu à l’unicité de l’espace de la Conscience, adore cet espace du « Un » ! (192.62). Grâce à la connaissance et à l’investigation sur l’espace vide, l’être tout entier devient pareil au ciel…( 195.63)

    L’Espace vide dont il est question ici est bien sûr la Conscience, Brahman. Le terme utilisé ici et traduit par « espace vide »  est kha. Ce mot neutre signifie en premier lieu un trou, une cavité, une ouverture, puis par extension l’espace vide, l’air, le paradis…

    Tout chercheur spirituel devra un jour ou l’autre, plus ou moins progressivement, se retouver face à ce vide. Vide de quoi ? Vide du mental. Cela commence par l’espace vide de pensées discursives. Cette appellation « espace vide » est juste une appellation, un nom donné par le mental à quelque chose dont il est absent. En fait, cet espace n’est pas vide du tout, il est seulement vide du mental. En réalité, cet espace est plein, il est le Plein, plein du Plein, rempli du Brahman.

    Purnam adha, purnam idam, purna purnam udacyate, purnasya purnam addaya, purnam evavasisyate » : Ceci est le Plein ; cela est le Plein ; le Plein provient du Plein ; si l’on retire le Plein du Plein, le Plein demeure » dit la Brihadaranyaka Upanishad (V.1.1).

    Il faut donc enquêter sur cet espace qui se présente comme « vide » et affronter sa peur du vide. Tant que l’on croit à la réalité du mental et de ses productions, il est nécessaire d’y aller doucement. La perséverance et l’habilleté seront de mise pour ne pas faire lever de trop fortes réactions, mais aussi pour garder son axe et sa détermination. En effet, aux yeux du mental, un espace vidé de lui-même est apparenté à sa propre mort, et il a peur. En fait, c’est lui qui a peur pas nous ; mais tant que nous nous identifions à lui, nous disons et ressentons : « j’ai peur ».

    Quand on s’est suffisament accoutumé à cet « espace vide » et que l’on a commencé à goûter, apprécier et reconnaître sa paix, son silence et sa plénitude, commence alors une seconde partie du chemin : l’adoration. « une fois parvenu à l’unicité de l’espace de la Conscience, adore cet espace du « Un » . Le verbe « adorer » peut suprendre dans ce contexte de connaissance, mais c’est pourtant bien le terme choisi par RAMA (bhaja de la racine BhAJ- qui a donné bhakti et qui signifie adorer, prier, pratiquer). Cela montre déjà qu’une fois arrivé à un certain niveau de réalisation, les cloisonnements entre voie de la dévotion (bhakti yoga), voie de l’action (karma yoga), et voie de la connaissance (jnana yoga) n’ont plus vraiment lieu d’être. Il est question ici de libération et il ne s’agit donc pas de s’enfermer dans un dogme de plus, par exemple : la connaissance n’a rien à voir avec la dévotion. De quelle adoration s’agit-il ici ? Un long et magnifique passage du YOGAVASISTHA (VI.I.29.85 à VII. 43.46) détaille sous la forme d’un dialogue entre le sage VASISTHA et le dieu Shiva ce qu’est la véritable adoration: c’est l’adoration du Soi. En voici quelques extraits :

    Shiva :

    Le Soi est le dieu intime auquel on rend hommage avec les fleurs de la paix du coeur et de la connaissance.Oui, voilà l’adoration! L’adoration de la forme n’est pas l’adoration ( 29.127)

    Les gens ont délaissé l’adoration qui passe par la connaissance du Soi. Ils se sont trop longtemps attachés à des idoles factices et maintenant, ils goûtent à la souffrance ( 29.128)

    Le seul dieu est le Soi, au plus profond de nous-mêmes. La cause ultime est le Soi. On doit l’honorer sans cesse d’une dévotion envers la Connaissance. (29. 230)

    Une fois que l’agitation mentale a cessé, cette adoration de L’Atman peut débuter. C’est une adoration silencieuse, une mise en présence et un ababdon. Adorer de cette façon, c’est s’habituer à demeurer dans ce silence et cette paix, jusqu’à ce que le Soi, si intime, si nature, se révèle, et cela ne dépend pas de nous, mais de Lui. Comme dans l’image chrétienne des vierges folles et des vierges sages, notre part consiste à rester devant le seuil du palais ; la porte s’ouvrira quand l’ordre en sera donné au portier. En attendant, rien ne sert de tempêter de mille et une façons, rien n’y fera ; il vaut mieux rester attentif et prêt au moindre entrebaillement de la porte.

    Yves Rémond – « L’éveil dans le Yogavashista » -pp241.242.243

     


     

  • En rentrant chez moi..

     

    A

    Aussitôt franchi la porte de la maison, je suis d’un seul coup envahi, mis à nu par un silence pénétrant. Je suis rappelé à une profondeur sans limite
    Cela qui ne peut être mis en mots et pourtant j’écris. Cela te perce à jour. Cela voit, sent ce que le petit moi ne voit pas, ne sent pas la plupart du temps.
    Ressentir ainsi ce qui se passe en un instant est un sentiment fort, intense et recueilli. C’est bon, heureux de se voir dévoilé, mis à nu.

    Oui, car en fin de compte, ce n’est plus le petit moi ego personnel qui est aux commandes. L’essence a pour un moment pris le pouvoir-Être. Moi, normal, est toujours là mais a été découvert, dévoilé et c’est très heureux.

    Bien sûr, le petit moi ego-mental voudrait que ce genre d’instant béni s’éternise et ainsi, rejoindre L’infini
    C’est tellement bon de se tenir en la Présence de cet appel indicible. Le Silence peut alors déployer ses ailes divines.

    « Je » aspire à disparaître
    Quand tout s’évanouit, Cela se révèle.
    Je viens du Silence

    Cela n’a rien à voir avec une émotion ordinaire. Cela est tranquille, si tranquille, que quand « je » disparais, il laisse la place à Cela-Mystère- Absolu
    Quel est ce sentiment sans nom et qui pénètre l’être au plus profond ? Quelle est cette paix si particulière sans aucun appui qui tend vers L’infini ?
    N’est-ce pas cela dont témoignent tous les maîtres et enseignements authentiques ?

    « je » est aspiré au-delà de lui-même. C’est un sentiment très heureux de ressentir cette paix, ce silence qui semblent venir d’un autre monde.
    L’évidence qui jaillit maintenant de mon esprit est la chose suivante : Cela, Paix, Silence ne sont pas du tout d’ordre personnel. Ce n’est pas possible. Cela, détache du petit moi-ego, accapareur qui se croit séparé et tout puissant.

    Demeurer en cette Présence est très réconfortant. C’est comme un resourcement, un retour à une sorte d’origine.
    « je », aspiré au-delà de lui-même, respire Cela, L’indicible qui ne peut être mis en mot et ramène le sujet à l’évidente impossibilité de vouloir saisir L’infini.


     

  • Joyeux Noël

    A la plus belle des cérémonies

    Le temps et l’espace évanouis

    Le Silence nous invite en permanence

    A rejoindre le mystère de la Vie, être en vie

    Connaissez-vous quelque chose de plus précieux

     

    Boire à la Source de la pure Conscience

    Voir derrière les miroirs déformants de nos moi

    Jaillir la lumière en zones d’ombres

    Eliminer tous nos concepts et préjugés

    Délier tous les nœuds présents-passés

    Mettre un terme à toutes nos stratégies de défense

    Dissoudre nos egos virtuels, impuissants

    En finir avec toute cette arrogance

    Guérir de toute cette suffisance

    Nous laisser inspirer par tellement plus grand

     

    N’avons-nous pas en vérité qu’un seul désir

    Découvrir ce que nous sommes vraiment

    Nous relier à notre intimité essentielle

    Nous rejoindre Nous-mêmes

    Tout feu éteint, tranquille

    Dans les bras de l’indicible

    Joyeux Noel

     

  • Le premier renne

     

    J’ai été dernièrement particulièrement ému par le dernier livre de Olivier Truc : « Le premier renne ».

    Olivier Truc est né à Dax, journaliste, il vit à Stockholm depuis 1994 où il est le correspondant du Monde et du Point. Spécialiste des pays nordiques et baltes, il est aussi documentariste. Il est l’auteur de L’imposteur et du Dernier Lapon (génial), pour lequel il a reçu entre autres le prix des lecteurs Quais du Polar et le prix Mystère de la critique.

    D’abord, un petit clin d’oeil à Forence Grenier à qui j’avais conseillé le « Dernier lapon » et qui je crois me souvenir, l’avait bien apprécié.

    Ce n’est pas si facile d’écrire cet article. Parce qu’en fait, j’ai été particulièrement ému par son dernier livre : « Le dernier renne ». C’est la lecture de ce livre qui a déclenché cet article difficile à écrire; peut être parce que trop proche, trop intime. Pour commencer, je voudrais vous dire que depuis longtemps je suis attiré par le nord et particulièrement par le Grand nord, la Laponie. Sans vouloir faire de la remontée de samskaras à bon marché, c’est sûr que cela remue fort en moi. Peu m’importe finalement, maintenant où je m’enfonce doucement dans la vieillesse de faire une plongée dans l’inconscient. Je ne peux quand même pas ne pas vous dire que les romans d’Oliver Truc ouvrent clairement une dimension mystique évidente, criante.

    Ce qui me vient dès maintenant et qui est l’origine de ce coup de coeur est le fait que presque tous ses romans qui sont aussi des polars (j’aime) se passent dans le grand nord, en Laponie (Suède, Norvège, Finlande)

    Et dans ces coins là, ce qui demeure et m’attire irrésistiblement, ce sont d’abord les paysages d’ouverture infinie dans des zones neigeuses et glacées. J’ouvre une petite parenthèse pour vous confier que ceci a un côté franchement romantique. Parce qu’en fait, je suis très frileux et ne ferait pas long feu sous de tels climats extra froids.

    Les personnages de ses romans sont vraiment interessants, attachants, complexes, sidérants. Il y aurait tellement à dire que j’en reste muet. J’ai l’impression que je ne vais pas m’en sortir avec cet article!

    Alors, je vais passer la parole à d’autres dont la plume est beaucoup plus fluide, explicite.

     » Olvier Truc nous raconte le pays sami avec un talent irrésistible. Il sait nous séduire avec ses personnages complexes et sympathiques. Et, comme dans le Denier lapon et la Montagne rouge, il nous enmène à travers des paysages somptueusement glacés. »

    Si le coeur vous en dit, je vous conseille de commencer par son premier roman : Le Dernier lapon ». Mais en fait, vous pouvez très bien commencer par le denier qui m’a tant secoué : « Le premier renne ».

    Un dernier mot car je pense à Alain silvert qui, il y a bien des années maintenant, avait écrit sur notre blog de l’époque un article sur un voyage en laponie.(cliquer ICI)

    PS : Dernière minute, maintenant : J’ai fait une erreur très signifiante même si je ne sais pas encore sa signification : Je viens de la corriger. Au lieu d’écrire « le premier renne » j’avais écrit le « dernier renne ». Sans vouloir faire de l’interpretation facile, je me demande si ces territoires du grand nord ne sont pas en voie de très grand transformation voire d’extinction à long terme.

    (et si vous souhaitez en savoir plus, voici une vidéo où l’auteur parle son oeuvre)

  • Citation de la semaine n° 88

    Queyras

     » Quand la brume de l’ignorance s’est levée, quand ce qui a été écrit sur le coeur est devenu invisible même dans le rêve « , quand la pluie de l’ego a cessé, le sage rayonne comme un lumineux ciel d’automne »

    L’EVEIL DANS LE YOGAVASISTHA VI-I. 39.61

    YVES REMOND : L’approche qui touche le coeur et celle qui touche la tête sont toutes deux indispensables et complémentaires pour atteindre le but. Contrairement à une vision simpliste, voire sectaire, la voie de la connaissance n’est pas juste une réflexion aride. La juste dévotion et tout ce qui élève le coeur y tiennent une place indiscutable et conséquente.

  • Être habile avec le mental

    …Le sujet indépendant et autonome que tu penses être n’est jamais apparu, lui non plus…ta question sur ce qui n’existe pas est posé par un sujet inexistant qui se croit existant…

     » Fais l’expérience du monde, tout en étant conscient que si tu te le représentes comme distinct de la Conscience, ce monde est illusoire, non existant et te fera souffrir ».

    Vasistha encourage son élève à vivre toute expérience en ce monde à la lumière de la Conscience. La clé de cette pratique est l’expression  » tout en sachant que… »…

    Être conscient conduit vers la libération…

    Concernant le mental, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais attendre que le bébé grandisse et lui donner une bonne éducation. On peut et on doit « purifier » le mental, c’est à dire favoriser les concepts et les comportements qui vont dans la direction de la libération et neutraliser ceux qui en détournent. Paradoxalement, un mental éduqué et pacifié deviendra un allié précieux sur ce cheminement vers l’éveil. Le mental restera également indispensable pour continuer de naviguer et vivre normalement dans le monde, si c’est notre destinée. Cette purification a aussi des limites et ne sera jamais parfaite, mais cela ne nous condamne pas à nous croire indéfiniment indépendants de la Conscience.

    Rappellons juste encore une fois qu’être conscient ne se résume pas simplement à penser ou  dire « oui  »  je suis conscient que … » et à faire ensuite tout ce qui nous passe par la tête, comme si cette seule déclaration nous donnait carte blanche et nous dédouanait des conséquences de nos actions prétendument conscientes.

    YVES REMOND: Extrait de son livre : L’EVEIL DANS LE YOGAVASISTHA page 169, 170