(…) Swamiji m’a fait remarquer un jour que l’expression : » faire silence » était inexacte. On ne peut produire le silence. Le silence ne peut être que le fruit de la cessation des bruits. Quand tous les bruits s’arrêtent, le silence est là, identique à ce qu’il était il y a deux mille ans, parfait, vierge. C’est donc sur les bruits qu’il faut faire porter nos efforts et non sur la recherche d’un silence que nous pourrions produire.
Une autre image va dans le même sens : nous sommes déjà nus sous nos vêtements. Si nous voulons pratiquer le naturisme, nous n’avons pas à produire la nudité mais simplement à enlever ce qui la recouvre, ce qui la voile, c’est-à-dire tous nos vêtements, les uns après les autres. Et la nudité qui était là, voilée par ces revêtements, se révèle. Nous ne sommes pas plus ou moins nus -s’il reste une chaussette à un pied, nous ne sommes pas nus- mais nous sommes plus ou moins habillés.
Ceci peut être déroutant car d’un côté les enseignements spirituels nous parlent de pratique, de chemin, ce qui suppose des actions précises, des efforts, et de l’autre, nous entendons dire que ce que nous cherchons est déjà présent en plénitude, que nous le sommes déjà.
(…) Si la Réalité primordiale ne dépend pas de nous, en revanche ce qui dépend de nous est d’enlever ce qui la recouvre, ce qui crée l’impression de l’ego individualisé, de la séparation, de la limitation.
Encore une image : la nappe d’eau est là, à quinze mètres de profondeur. Pour la rejoindre, il est nécessaire de creuser un puits ou de faire un forage. Et si ensuite, je peux arroser mon jardin, ce n’est pas par la grâce de mon forage mais par la grâce de la nappe d’eau…
Le travail qui nous incombe consiste à creuser le puits pour atteindre la nappe d’eau qui nous attend dans la profondeur. C’est un vaste programme, différent pour chacun, car nous avons tous nos taches particulières qui se surajoutent à la propreté en nous. Nous avons tous nos bruits personnels qui viennent recouvrir le silence …
ARNAUD, dans son livre : La TRAVERSEE VERS L’AUTRE RIVE page 48















