(…) Comme l’a dit le Bouddha : « Tout ce qui est composé sera un jour décomposé ». Tout ce qui est produit est un jour détruit, même le calme et la souplesse que j’ai obtenus grâce à la pratique du yoga…
De tout ce que j’ai pu acquérir, que ce soit le pouvoir, la richesse ou le calme né de la pratique du yoga, qu’est-ce qui subsistera après ma mort?
Les enseignements traditionnels affirment qu’il existe une réalité que rien ne peut détruire. Cette réalité, le Bouddha l’a appelée le » non né, non-fait, non-devenu, non-composé ». Cela implique que cette réalité n’a pas eu un commencement dans le temps. Or, rien de ce que nous pouvons observer ne mérite de s’appeler le « non né » : tout est né, a été fait produit, que ce soit par la main de l’homme ou par la nature. Ce châle est né un jour, les plants de coton dont sont issus les fils qui le composent sont nés un jour. Il n’y a pas une réalité dont nous puissions prendre conscience qui ne soit pas le produit de quelque chose d’autre. Tout ce qui relève de notre expérience courante est composé, fût-ce composé d’atomes (ou de cellules en ce qui concerne notre organisme). Tout ce que nous voyons à tous les niveaux, dans tous les domaines, est observé dans le temps. Tout a une histoire, un devenir, que ce soit l’Empire romain, les objets qui nous entourent ou nous-mêmes. Et tout est sujet au changement. C’est le changement qui fait le temps. S’il n’y a aucun changement d’aucune sorte, le temps s’arrête et nous entrons dans le domaine du non né, non fait, non devenu, non composé. Et « s’il n’existait pas un non né, non fait, non devenu, non composé, a précisé le Bouddha, il n’y aurait aucune évasion possible hors du né, du fait, du devenu, du composé« .
Là, nous sommes au cœur de la méta-physique, au-delà de la nature. C’est cette réalité ultime que les hindous appellent âtman. Voici une parole étonnante pour ceux qui sont formés à l’approche chrétienne classique : » S’il y a quelque chose après la mort, c’est qu’il y a quelque chose avant la naissance ». Ce « quelque chose », nous pouvons l’appeler la Vie éternelle, la Conscience ultime, une réalité qui ne dépend pas du tout de nous, qu’aucun effort aussi intense ou persévérant soit-il ne peut produire, ce qui correspond à l’idée que Dieu est infini et éternel et qu’en même temps nous pouvons en avoir l’expérience intime en nous-mêmes.
La grand affirmation de tous les enseignements spirituels est que la voie consiste non pas à produire mais à découvrir une réalité qui est déjà là, qui n’a pas commencé à un certain moment, donc qui ne finira pas à un certain moment. C’est la vérité essentielle, fondamentale…
Arnaud, page 44-45 de son livre : LA TRAVERSEE VERS L’AUTRE RIVE
















