J’appréciais énormément les articles que publiait Alain Silvert après certaines réunions du Conseil d’Administration de la Bertais. C’était vivant, joyeux, concis et joliment illustré de photos, (et on sait tous qu’Alain est un photographe dans l’âme…). Aussi, lorsque dans les délibérations du dernier CA, il a été proposé de relancer la rédaction d’un article pour évoquer les travaux du CA de façon « ludique », je me suis immédiatement proposé pour m’en faire le nouveau « reporter ». Lourde succession, alors je vais tenter de m’y coller, en essayant surtout de bien répondre à l’exigence « ludique »…
1er rang (de gauche à droite) : Jean-Pierre, Isabelle, Karine, Joël, Hélène, Marc A., Paul – 2ème rang : Cécile, Marc F, Thérèse et Christophe
Mardi 19 novembre, c’est déjà la 3ème rencontre du nouveau Conseil d’Administration élu lors de la dernière Assemblée Générale, cela en l’absence de Christophe indisponible ce soir-là. Globalement, les différents points ont à voir avec la nouvelle organisation qui se met en place suite au départ de « piliers » de l’association, et tout spécialement de Marie-Laure, sa présidente durant tant d’années. C’est parti pour normalement maximum 2 heures, mais comme au football nous avons droit à une prolongation de 30 minutes…
Sur la suggestion de Yann, véritable « geek » de notre communauté, un dossier partagé est créé sur la plateforme Dropbox, qui permet à tous les membres du C.A. d’accéder à de nombreux fichiers (comptes-rendus, liste des adhérents, planning, etc…)
Thérèse, en tant que nouvelle présidente, va se charger de la déclaration de changement du bureau, démarche qu’il est possible de faire « en ligne ».
Un nouveau compte bancaire est ouvert à La Banque Postale, en lieu et place du Crédit Coopératif (plus si coopératif que ça aux dires de notre trésorier…). Cette décision implique des changements de domiciliation bancaire, ce qui va nécessiter de conserver les 2 banques un certain temps. Bien du travail en perspective pour notre dévoué trésorier, j’ai nommé Jean-Pierre. Des tampons vont être établis pour faciliter notamment les endos de chèques.
Une liste de tâches est établie afin d’en permettre une plus juste répartition :
Marc Amstoutz (eh oui il y a deux Marc au sein du CA il va falloir s’y faire, l’autre étant le bien connu Marc Frelaut !) accepte de tenir à jour la base des adhérents de l’association ;
Joël (votre serviteur) accepte « de bon cœur de rédiger un compte-rendu ludique pour le blog » (ainsi est-il écrit dans le compte-rendu « officiel » : merci Cécile !) ;
Paul continue de prendre les réservations de séjours ; il le fera avec son amabilité habituelle ;
Thérèse se charge d’être l’interlocutrice pour les sous-locations de la Bertais ; elle va aussi contacter Marie-Laure pour les différents contrats d’entretien. Eh oui, la fonction de présidente n’est pas de tout repos !
Les inscriptions pour les prochains week-ends exceptionnels seront enregistrés par Isabelle pour le WE avec Gilles et Valérie Farcet et par Thérèse pour le WE avec Véronique Desjardins.
Pas de réunion, sans aborder les travaux en cours. Du gravier est commandé pour remplacer celui qui est en place dans la cour intérieure. Son étalement servira de seva n°1 lors de la prochaine rencontre du GSMP, les 7 et 8 décembre (le nombre de pelles et de râteaux a même été calculé pour s’assurer l’absence de chômage technique !). Une nouvelle tronçonneuse est acquise afin de faire face aux nombreuses coupes prévues cet hiver… Enfin, le changement des fenêtres du salon et de la cuisine est confié à Frédéric Gautier.
Quelques points divers à arbitrer :
Pour le WE avec Gilles et Valérie qui aura lieu les 14, 15 et 16 février prochains, le créneau horaire de 20h à 22h est retenu pour la réunion (exceptionnelle) du vendredi ;
Malgré le fait que la dernière rencontre de GSMP et le WE avec Véronique se déroulent à une semaine d’intervalle, une majorité se dégage pour n’y rien changer, afin de ne pas remettre en question les dates annoncées et déjà planifiées sur les agendas de tous les bertaisiens.
Les organisateurs de la venue de John Martin nous ont sollicité pour une réédition d’un WE en septembre prochain ; décision a été prise de ne pas y donner suite cette année.
Je tiens à signaler qu’il ne m’a pas été facile de rédiger ce compte-rendu, puisque j’y ai participé « à distance », via l’outil « FaceTime ». Il m’a été encore plus difficile de prendre des photos, vous le comprendrez aisément. Ce qui m’a le plus frustré – je vais vous le dire – c’est de ne pas avoir bénéficié de la sympathique collation proposée en fin de réunion par Anne-Marie : je n’en ai eu que la vue, voire même certains (je ne dirai pas qui) m’ont nargué avec le chocolat qui me passait sous le nez… de mon écran !
Donc, ne soyez pas surpris de me retrouver sur les genoux de Yann pour la photo de groupe prise en fin de réunion ! Et je rigole, car Yann a intitulé ma photo ci-dessous « cyberjoel », ce qui explique mon petit sourire pincé…
J’aborde, avec cet article, un sujet assez peu évoqué ici dans ce blog, celui de la relation, du vécu et de la transmission auprès des petits-enfants.
Parcours de découverte sensorielle, yeux bandés lors du mini-camp 2019
Avec Jocelyne, ma deuxième épouse, nous sommes les grands parents de 18 petits-enfants (et pour ne pas faire de jaloux, présentement à égalité pour la lignée biologique, soit 9 petits chacun, mais série en cours…).
Depuis la naissance de Jeanne, notre aînée, qui va bientôt fêter ses 14 ans, c’est toujours avec grand plaisir que nous accueillons l’un ou l’autre ou que nous partons avec eux lors des vacances scolaires, et le plus souvent en en emmenant plusieurs à la fois. Et que le lien soit de sang ou non, ils se considèrent tous comme cousins et cousines et nous appellent affectueusement Mamijo et Papijo.
A une époque, nous proposions les « mardi au moulin » où se retrouvaient après la classe tous ceux des petits qui le voulaient. Déjà à cette époque, sans l’avoir imposé, ce qui les passionnait c’était la créativité (petits spectacles ou réalisation d’objets).
L’an passé, nous avons été plus loin dans la démarche en proposant un mini-camp d’une semaine à tous ceux de nos petits-enfants intéressés. L’idée m’était venue à l’écoute de Pierre-Yves Albrecht (lors du Forum « A Ciel Ouvert ») et qui propose, avec ses propres descendants, des séjours qui se terminent par un temps d’initiation. Sans aller jusque là, notre intention était quand même bien de donner du sens à ce rassemblement familial. En 2018, la thématique tournait autour du respect et du bonheur en nous appuyant sur la magnifique chanson d’Adelbert (suggérée par une de nos petites, Alaya) : « C’est quoi le bonheur ».
Ce fut un franc succès pour les 11 enfants présents, qui tous ont réclamé une nouvelle édition (et même le benjamin, Loïc – 3 ans – réclamait un camp d’hiver !). Donc, nous avons récidivé tout récemment : du 9 au 14 juillet avec 12 enfants cette année (de 14 ans à 3 ans 1/2).
L’arrivée de la petite « troupe »
Nous avons pris le temps lors de vacances passées juste avant le mini-camp, de réfléchir à la thématique, à l’intendance et aux activités proposées. Nous avons aussi fait appel à l’aide de Bérengère, fille de Jocelyne, pour nous seconder.
Cette année, c’est le thème de l’avenir de la Planète que nous avons décidé de mettre en avant, en nous appuyant notamment sur cette chanson « Touche pas à ma Planète » qu’ils ont chorégraphiés lors du spectacle proposé aux parents le dernier jour. Mais, au-delà de cette thématique sérieuse, il s’agit d’abord de laisser les enfants jouer, passer du temps ensemble, renouer des liens, s’autogérer. C’est d’autant plus facile que les deux grandes, Jeanne et Louna, sont déjà (presque) des ados et se sont éclatées pour proposer une chasse au trésor et un spectacle désopilant…
Lors de la chorégraphie du spectacle final (de gauche à droite : Jeanne, Clémence, Margot, Adèle, Alaya, Lilou, Maïwen, Yann, Loïc et Louna)
Néanmoins, il faut reconnaître que cela demande une attention et une présence de chaque instant, qui laisse des traces même sur les dynamiques grands-parents que nous sommes ! Il a fallu quelques jours pour s’en remettre…
Les pleurs de certains en quittant le « camp » dimanche prouve, une fois de plus, que nous touchons juste en proposant ce rassemblement familial. D’une part, parce que cela leur permet d’engranger des souvenirs inoubliables, et d’autre part, les échanges lors des « Cercle de Paroles » matinaux ou la préparation des slogans pour la « Marche du Climat » devant les parents, laissera des graines de sensibilisation.
Lors du Cercle de Paroles de début de journée
Lorsqu’on a la chance de côtoyer ses petits-enfants, c’est un immense cadeau des deux côtés. La relation est favorisée par le fait que le vécu est épisodique et que nous sommes moins dans la contrainte des règles (même si pour le camp, le premier échange portait justement sur ce qu’il était important de respecter). Voir briller les yeux des enfants, les entendre s’esclaffer ou, spontanément lancer une acclamation nous réjouit vraiment. Mais, nous savons aussi que notre attitude, nos paroles, peuvent les éclairer sur leur propre devenir et les aider à croître de façon la plus équilibrée possible.
C’est un livre passionnant que nous offre là Véronique Desjardins. A la fois parce qu’il décrit son itinéraire personnel, mais aussi car nous assistons aux débuts de l’aventure spirituelle entamée par Arnaud et qui le mènera au Bost, à Font d’Isière puis à Hauteville.
Dans ce présent livre, il sera essentiellement question des deux premiers lieux, puisque le récit de Véronique s’arrête en 1987, au moment où elle devient la compagne d’Arnaud.
Comme tout cheminement, Véronique s’est débattue avec des obstacles qu’elle croyait insurmontables. Et dont elle eut le plus grand mal à se détacher, tout spécialement dans sa relation aux hommes.
Plutôt que de tenter un résumé qui serait nécessairement subjectif, je vous offre un passage de ce livre que j’ai trouvé marquant et qui est très symbolique de la démarche authentique de tout chercheur spirituel :
« C’est avec beaucoup de gravité que je me rendis auprès d’Arnaud pour le dernier entretien de mon séjour après m’être lavée les cheveux et revêtue de ma plus belle robe. Et c’est avec non moins de gravité que je pris la parole pour énumérer mes leitmotivs, qu’il avait si souvent écoutés avec tant d’amour et de patience :
Je suis médiocre.
Je suis coupable.
Je n’ai pas droit au bonheur.
Je suis toujours seule.
Je n’intéresse pas les hommes.
Je suis frustrée, je n’ai rien reçu.
Jamais pour moi, toujours pour les autres.
Je suis une mauvaise disciple, je n’ai pas fait de grands lyings.
Je n’ai pas de courage, je suis faible.
Ce matin-là, cependant, il ne s’agissait plus des cris du cœur d’un être blessé mais du compte-rendu fidèle et succinct d’une maladie qui m’avait longtemps terrassée.
« Voilà les mécanismes de la vieille Véronique, dis-je à Arnaud. Et maintenant, voici la nouvelle Véronique : JE SUIS CE QUE JE SUIS.
« J’ai déjà reçu.
« Ce dont j’ai besoin me sera donné.
« Je m’ouvre aux autres, je m’ouvre au monde.
« A partir de là, la mise en pratique devient possible. »
Si le gourou se doit d’être impitoyable en face de nos mensonges, par contre il ne permet jamais de froisser un cœur ni de briser une espérance, quelle que soit la forme que celle-ci prend pour nous. Un maître ne s’arrête jamais aux apparences. Quel qu’ait pu être le caractère naïf et peut-être touchant de ma profession de foi, elle venait du cœur et Arnaud la prit en considération avec beaucoup de solennité.
« Une nouvelle Véronique est née, me dit-il. La vieille Véronique est morte et vous renaissez, vierge. C’est une nouvelle naissance.
« Seulement, tenez compte d’une chose importante : les échecs flagrants, même après avoir beaucoup progressé, ne doivent en aucun cas vous décourager.
» (…) Jusque-là, vous viviez dans un monde, « votre monde ». A présent, vous vivez toujours dans le même monde, mais brusquement votre vision a changé et le monde se transforme autour de vous. Vous êtes sortie de votre chrysalide. Appliquez-vous à solidifier cette cristallisation toute neuve. Si vous vivez dans un monde nouveau, inévitablement vous allez attirer d’autres événements. Comme votre monde est transformé, le monde va changer aussi.
« Tout ce que vous avez dit concernant votre ancien monde est exact : « Je suis faible, je suis médiocre, je n’ai pas fait de grands lyings… » Que pouvais-je faire si ce n’est vous écouter patiemment et attendre, attendre que naisse une Véronique positive. Quand avez-vous réalisé ce que vous venez de me lire ?
– Hier, après l’entretien. C’est mon cadeau pour votre fête.
– Ne lâchez pas ce que vous venez de découvrir. Je vous ai un peu bousculée pendant ce séjour. J’ai été dur. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit depuis plusieurs années : j’ai toujours cru en vous. Jusqu’à présent, à force de vous sentir coupable et de vous juger, vous vous annihiliez vous-même. Laissez tomber la honte que vous traîniez. Découvrez votre propre beauté intérieure. (…) Il y a dans l’homme une grandeur, une noblesse. Prenez conscience de cette grandeur qui réside en vous. Libérez-vous de toutes les souillures qui voilaient votre beauté. Bienvenue dans un nouveau monde. Quand une transformation s’accomplit, vous abordez une île.
– Arnaud, m’écriais-je, précisément cela fait deux fois cette semaine que je fais le même rêve : je suis sur un bateau et j’accoste sur une île où se trouve une basilique blanche. Et il y a un sentiment inextricable de merveilleux.
– Oui, me dit Arnaud, quand il s’opère une transformation, le Grand Inconscient se manifeste. Le thème de l’île est un grand symbole et quand vous l’abordez il ne reste plus qu’à l’explorer en tous sens, mais le principal a été fait. Puis il ajouta : Ce que vous n’avez pas osé écrire : un jour, un homme me dira « Tu es la lumière de ma vie ».
– C’était impliqué dans « Ce dont j’ai besoin me sera donné ».
– Bienvenue dans un monde nouveau. Souhaitez que d’autres découvrent ce que vous venez de découvrir. Et merci pour mon cadeau, Véronique ! »
Je ne suis pas le premier à évoquer sur notre blog Christian Bobin : Noël, Edmonde et Gireg ont déjà publié un article le concernant.
Pour ma part, voici déjà bien longtemps que, de temps à autre, je me plonge dans l’univers de ce si étonnant écrivain. La découverte du « Très Bas » en 1993 fut une révélation et depuis, j’y retourne comme à une source, lorsque j’ai vraiment besoin de me désaltérer…
Itinéraire singulier que celui de cet homme qui d’emblée annonce :
« Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde, et il n’y avait rien de comestible. Mais quand l’autre est vraiment avec moi, je peux manger : je bois une gorgée d’air, je mange une cuillerée de lumière. »
Désarçonnant, non ? Et c’est ainsi au fil des pages d’une œuvre minimaliste qui compte à ce jour plus de 60 titres. Voici encore une autre de ses fulgurances :
« Encore tout enfant, j’ai quitté mon corps et je suis entré dans mes yeux. J’ai toujours lu ce que je voyais, et pas seulement dans les livres. Si, avec le temps, on perd un dixième de vue, moi, il me semble en gagner un dixième. »
Christian Bobin est né en 1951 au Creusot où il demeure encore aujourd’hui.
À la fois poète, moraliste et diariste, il est l’auteur d’une œuvre fragmentaire où la foi chrétienne tient une grande place, mais avec une approche distanciée de la liturgie et du clergé.
Il est né d’un père dessinateur à l’usine Schneider du Creusot et d’une mère calqueuse. Enfant, il était solitaire et aimait la compagnie des livres.
Après avoir étudié la philosophie, il a travaillé pour la bibliothèque municipale d’Autun, à l’Ecomusée du Creusot et a été rédacteur à la revue Milieux ; il a également été élève infirmier en psychiatrie.
Ses premiers textes, brefs et se situant entre l’essai et la poésie, sont publiés chez différents éditeurs. Sa forme de prédilection est le fragment, une écriture concentrée faite de petits tableaux représentatifs d’un moment. Ses ouvrages tiennent à la fois ou séparément du roman, du journal et de la poésie en prose.
Il connaît un certain succès à partir notamment d’Une petite robe de fête (1991), mais reste un auteur « amoureux du silence et des roses », fuyant le milieu littéraire. « Ma vie, écrit-il dans Louise Amour, s’était passée dans les livres, loin du monde, et j’avais, sans le savoir, fait avec mes lectures ce que les oiseaux par instinct font avec les branches nues des arbres : ils les entaillent et les triturent jusqu’à en détacher une brindille bientôt nouée à d’autres pour composer leur nid. »
En 1992, il rencontre un autre succès, grâce à un livre consacré à saint François d’Assise : Le Très-Bas. Il publie en 1996 La Plus que vive, hommage rendu à son amie Ghislaine, morte à 44 ans d’une rupture d’anévrisme.
Il reçoit de l’Académie française le Prix d’Académie 2016 pour l’ensemble de son œuvre. Christian Bobin a publié plus d’une soixantaine d’ouvrages.
(source Wikipédia)
Pour entrer un peu plus loin dans cette oeuvre d’une grande densité, je vous livre cet extrait figurant dans La Lumière du Monde :
« Tous les bébés naissent en temps de guerre et dans des villes en ruine. Sitôt qu’on naît, on reçoit les éboulis de la vie. À peine nés, on se trouve sous les pylônes électriques des bruits, des conventions, du peu d’amour. La seule chance qu’on aurait, ce serait d’être élevés par des dieux. C’est effarant de voir qu’on tombe à la naissance entre des mains qui sont inexpérimentées, tremblantes, si peu sûres. Je ne suis pas une exception. Tout, dans ma vie, découle d’une première note donnée. Or, il se trouve que cette première note est sombre. Mon écriture, c’est comme une étincelle qui a tout de suite son autonomie, et qui provient pourtant du choc des matériaux les plus lourds et les plus noirs. Ce que je vis de clair est sans cesse arraché au sombre, je vais chercher mon amour jusque dans les enfers. Vous rendez-vous compte combien les entours de cette lumière doivent être obscurs pour que je sois ébloui par le bleu d’un hortensia ou par la simple parole d’une mère à son fils ? Quand j’étais enfant, la nuit était partout autour de moi, mais la noirceur du monde était parfois traversée par un rai de lumière : pour ne pas sombrer, je m’y agrippais comme un fou. Je peux vous assurer qu’un pétale de rose est assez solide pour empêcher quelqu’un de rouler au néant. »
Non seulement les mots de Christian Bobin résonne à mes oreilles comme une douce musique qui fait écho à mes propres questionnements, mais je suis aussi subjugué par sa parole, posée, tranchante parfois, étonnante aussi et qu’un rire franc vient fracasser comme une vague s’échouant sur les rochers. J’en ai visionné un certain nombre avec grand intérêt, et c’est celle-ci qu’en final je vous propose pour aborder le monde si fascinant du poète spirituel.
Depuis le départ, je m’intéresse à ce mouvement social des Gilets Jaunes. Au début, j’étais plutôt dubitatif sur ces activistes des réseaux sociaux qui réclamaient la baisse du prix de l’essence et l’abrogation des taxes sur les carburants. Depuis les premières manifestations du samedi 17 novembre, force est de constater que ce mouvement révèle un « raz-le-bol » d’une bonne partie de la France périphérique et rurale, trop longtemps négligée et reléguée.
Au fil des semaines, ce mouvement des « Gilets Jaunes » a grandement évolué passant d’une gronde fiscale, à une demande sociale, puis – et c’est là à mon sens que ça devient intéressant – à une demande politique de plus de démocratie.
Si un geste a été fait par le gouvernement pour répondre à la forte demande d’améliorer le pouvoir d’achat, pour autant, cela n’a pas suffit à désamorcer ce mouvement et si, durant la période des fêtes, les manifestations ont quelque peu faibli, en ce mois de janvier c’est reparti de plus belle, avec le soutien (certes en baisse) d’une majorité de la population.
Même si je ne suis pas entièrement d’accord avec certains aspects de ce mouvement (sur la destitution du Président par exemple), je lui reconnais une grande originalité et une vraie spontanéité avec cette effervescence citoyenne qui se manifeste depuis deux mois maintenant.
Aussi, hier étais-je à Bourges pour le grand rassemblement voulu pour cet acte IX. Moment intéressant qui conforte l’impression que je pouvais en avoir : oui, la grande majorité des manifestants se veut pacifique et désireuse de voir plus de justice fiscale, sociale, citoyenne et écologique. Oui, certains viennent là pour en découdre – il ne faut pas être naïf – dans ce cas, surtout éviter de les suivre… La violence ne peut que desservir la cause défendue.
Voici quelques clichés de cette manifestation « bon enfant » qui réunissait plus de 6000 personnes à Bourges, loin de la « foule haineuse » dépeinte par les autorités.
Si quelque chose me réjouit au plus haut point, c’est de voir que la population que l’on disait indifférente, passive, est animée par une exigence démocratique et par un intérêt certain pour toutes les questions politiques (on peut le mesurer avec les revendications énoncées dans ce document). Certes, cela s’est cristallisé autour de revendications assez « corporatistes » : baisse du prix de l’essence et augmentation du pouvoir d’achat. Mais les rassemblements sur les ronds-points ou les échanges sur les réseaux sociaux ont fait émerger une conscience bien plus large que la seule question matérielle. Elles ont ressoudé une population que l’on disait allergique au processus démocratique, alors qu’en fait il s’agissait avant tout d’un rejet des élites dirigeantes et du système verrouillé des partis et du jeu électoral.
Une grossière erreur au départ a été d’opposer crise sociale et écologique avec la célèbre formule de ceux qui se préoccupent d’abord de leur « fin de mois » avant de penser « fin du monde ». Cela a été ressenti avec du mépris par tous les gens qui – pour beaucoup – tirent le diable par la queue pour se nourrir, se déplacer, se chauffer et où, toute facture imprévue vient plomber le budget familial. D’autant plus que ce ne sont pas les milieux populaires et éloignés des centres urbains qui sont les plus polluants.
Cette crise qui secoue le pays a révélé avec acuité la déconnexion des élites économiques, médiatiques et politiques du pays. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écouter des échanges, des débats à la télévision ou sur internet où je détecte beaucoup de fraîcheur et des discours dénués de langue de bois. Une anecdote : sur le plateau d’une chaîne de télévision deux jeunes « gilets jaunes » interrogent une députée La République en Marche sur le montant du SMIC. Stupeur, celle-ci n’en connaît pas le montant. L’un des deux gilets jaunes, effaré par cette méconnaissance quitte alors le plateau… En tout cas, contraints ou forcés (et aussi parce c’est une source d’audimat), les médias sont bien obligés de montrer une autre réalité, guère abordée en temps ordinaire et qui révèle les vrais problèmes de la société.
Ce qui frappe dans ce mouvement, c’est aussi la fracture sociale et territoriale du pays. Clairement, elle révèle une France que l’on n’entendait plus : péri-urbaine et rurale, celle précisément où je vis. Éloignée des centres urbains, de toute vie culturelle et privée des équipements de base : services publics, transports en commun, etc… Cette découverte permet de remettre au centre les questions d’intérêt général, des disparités et des inégalités. Et, on le sait, la situation s’est tellement dégradée depuis plus de 30 ans, qu’aujourd’hui la cocotte-minute explose.
Cela m’amène à la délicate question des dégradations et violences commises surtout lors des manifestations à Paris les 24 novembre, 1er et 8 décembre. Bien évidemment, on ne peut que les condamner, car elles ne contribuent qu’à « pourrir » la situation. Toutefois, il faut être bien naïf pour y voir là seulement la responsabilité des « gilets jaunes ». D’une part, parce qu’ils sont débordés par des franges beaucoup plus radicales et qui sont prêtes à en découdre (je les ai vu à l’oeuvre en début de cortège à Bourges, essayant d’entraîner dans le centre-ville l’ensemble du cortège, alors que les organisateurs insistaient pour que chacun respecte le parcours prévu). D’autre part, parce que cela peut aussi participer d’une certaine stratégie politico-policière.
En conclusion, ce mouvement spontané, assez insaisissable parce que très hétéroclite, se révèle d’une fraîcheur inattendue en ces temps où tout semble cadenassé, sans issue autre que celle de relancer la croissance, la consommation avec comme arme la compétition au nom de la mondialisation. Il n’y aurait pas d’autre alternative possible nous serine-t-on depuis des années… Les « Gilets Jaunes » viennent nous dire le contraire et nous rappellent que le destin est entre nos mains et que, si nous savons nous organiser, nous avons un pouvoir insoupçonnable pour amorcer des changements et poser les jalons d’une société plus humaine. Pour illustrer cette perspective, je trouve intéressante cette vidéo de Vincent Cespedes.
Alors, et vous, comment voyez-vous ce mouvement qui fait la une de l’actualité ces temps-ci et qui est aussi très « clivant » ? Nul doute que cela soit le cas au sein même de notre petite communauté…
Tout est parti de la lecture d’un passage assez étonnant du livre d’Arnaud « En relisant les Evangiles », le voici :
Albert Chambon et sa famille en 1945
Laissez-moi vous citer le témoignage d’Albert Chambon dans son livre : « Oui, je crois » : « … Six ans au-delà d’une retraite à la Grande Trappe, je recevais la grâce de Buchenwald qu’il « valait la peine d’obtenir, même si on n’obtenait pas celle de la sortie », suivant le mot du Père Leloir ; et il est vrai que dans le monde déshumanisé des camps de concentration, un extraordinaire privilège nous était offert à tous : celui d’atteindre sans effort les sommets de la spiritualité. Littéralement dépouillés de tous les biens terrestres, loin de toute amitié, de toute affection, de toute tendresse et de tout amour, libérés des obligations auxquelles les hommes qui vivent en société sont astreints, privés des secours que la religion peut apporter, la foi pouvait ruisseler en nous. Tout apparaissait si clair, l’échelle des valeurs humaines si évidente, qu’il semblait ne plus y avoir choix pour d’autre chemin. Plus aucun brouillard ne nous empêchait de distinguer ce qui est essentiel ici-bas de ce qui ne l’est pas. Nous ne pouvions que nous affliger d’avoir été si longtemps aveugles. La voie de Dieu était éclatante de lumière. Les yeux de nombre de déportés se sont fermés, ainsi, à la vie terrestre, dans une vision aveuglante de ce que doit être l’existence humaine pour être conforme aux desseins de la Providence Divine. Quant à ceux qui, comme moi, ont eu le privilège de revenir de ces lieux maudits, il leur demeure comme une étrange nostalgie de cette vérité qui, alors, nous embrasait et nous a désertés peu à peu après notre retour parmi les vivants. »
Ouvrage contenant essentiellement le récit de captivité d’Arsène Doumeau écrit dès son retour des camps en 1945
Cette lecture m’a d’autant plus frappé que c’est un sujet – la déportation – que je connais particulièrement bien. Mon épouse est fille de Déporté. Son père était un homme qui tirait sa force et son énergie (et elles étaient immenses) de la tragique épreuve qu’il avait connu à l’âge de 25 ans. Même si je n’ai pas connu Arsène Doumeau (car mort en 1995) – selon les propos de Jocelyne – lui aussi vivait une certaine forme de nostalgie des liens si forts qui l’unissaient à ses camarades dans les camps de concentration nazis.
Une anecdote illustrera mon propos. Il doit la vie à un déporté-prêtre. Alors qu’il vivait l’enfer dans le camp de Dora où, il était chargé de creuser un tunnel à la pioche – 10 à 12 heures par jour, sans voir le jour – Frère Birin lui suggéra de postuler comme relieur, ayant appris que le père d’Arsène exerçait ce métier jadis. Ainsi extrait de l’enfermement dans le tunnel, il connut un sort moins pénible en travaillant comme relieur. Et lui, l’instituteur athée, eut l’occasion de rendre la pareille à son sauveur, en réalisant un petit étui pouvant contenir l’hostie que Frère Birin consacrait lors des messes qu’il célébrait. Après la guerre, ils se revirent et cet homme devint même le parrain de mon épouse. Et Jocelyne se rappelle bien, enfant, de la venue de cet homme en soutane dans leur logement de fonction d’enseignants d’école publique.
Cette histoire de la déportation a donc fortement marqué ma femme. A la mort de son père, elle entrepris de perpétuer le souvenir de cette douloureuse histoire, autant pour en atténuer le traumatisme que pour en tirer des leçons appelant à la vigilance et à l’espoir. En 2005, dans le Vercors – haut-lieu de la Résistance – nous est venu à Jocelyne et moi un projet de Mémorial qui s’est concrétisé après de nombreuses péripéties en 2012. Lieu unique dans tout le grand Ouest, le Mémorial des Déportés de la Mayenne ouvert dans la ville même de Mayenne évoque cette histoire et ce veut un lieu vivant et invitant à une grande vigilance sur tous les conflits contemporains. Ce Mémorial commence désormais à être bien connu, en voici une rapide présentation faite par son initiatrice, mon épouse. Si vous passez par Mayenne, je vous invite à vous y arrêter.
« L’Être primordial et universel est le but de chacun de vous. L’atteindre est la plus haute des réalisations et c’est le but essentiel de votre vie. Ajuster votre vie à cette réalisation est votre tâche principale sur la Terre. Tous les autres travaux ne servent qu’à vous aider à vivre, mais cette grande tâche d’atteindre la réalisation spirituelle est le sens même d’une vie d’homme. Vivre, c’est faire le nécessaire pour arriver à ce but. »
Swami Chidananda
Depuis plusieurs jours, je butais sur la lecture de cet article situé au cœur du dernier numéro de la revue « Sources ». Il me paraissait bien long, assez ardu et surtout, contrairement aux autres articles, il se présentait sur une colonne et non sur deux, ce qui rend la lecture – pour moi en tout cas – moins aisée.
Clairement, je faisais un blocage. Hier soir, au terme d’une journée un peu difficile, je ne me sentais guère en mesure de lire. Alors reprendre la revue ? Je n’en avais ni l’envie ni l’énergie, mais c’est comme si je n’avais pas d’autre choix et ça devenait vraiment vital : il me fallait absolument LIRE ce texte.
Ce que je fais et, où, d’emblée, je tombe sur ces paroles de ce sage hindou, Swami Chidananda, figurant en introduction de cet article. Et la suite se révèle de la même teneur :
« Le message des grands prophètes, des grands messagers de Dieu, des grands mystiques de tous les âges et de tous les climats, a toujours été invariablement le même : ramener l’homme à Dieu, vous ramener à la source éternelle de votre être, et vous faire passer de l’obscurité à la lumière, vous conduire de l’esclavage à la liberté et vous arracher à toute tristesse pour vous amener à l’expérience d’une félicité absolue. »
« Une vie sans éveil spirituel n’est pas une vie du tout. C’est une simple existence. »
Wouah ! je suis sidéré, remué au plus profond de mon cœur et touché par les paroles de Swâmi Chidananda qui viennent résonner comme un puissant écho de mon attente. Et cela continue :
« Tant que vous ne serez pas réellement « éveillé », la vie n’aura pas vraiment commencé pour vous. »
« Vous devez aspirer à être constamment dans un état d’éveil et conscient de ce que vous devez réaliser. Chaque lever et chaque coucher du soleil doit vous trouver plusieurs pas en avant sur cette route-là. Ce progrès constant sur la voie spirituelle doit être votre maître mot chaque jour. »
« Nous faisons de ce qui est impermanent l’objet de notre vie, au lieu de ce qui est permanent. Faire cela c’est se condamner à la tristesse et à la misère. »
« La souffrance est un processus d’éducation. Elle existe pour rendre conscient de l’authentique sens de la vie humaine. Elle est là pour aiguillonner vers l’éveil. »
« Rappelez-vous toujours que le mental et les sens sont connectés d’une façon très profonde. C’est dans l’état de sérénité que votre personnalité va s’intérioriser. Dans votre cœur va brusquement jaillir un sentiment de satisfaction parce que vous avez abandonné les désirs non nécessaires. Et alors seulement, vous allez devenir profondément enraciné dans cet état. Votre foi va devenir très fermement établie. Ce sont là des éléments essentiels à votre progrès spirituel. Vous serez capable d’avancer vers le but de votre vie seulement si cette foi est bien enracinée. »
« Supposez que vous ayez obtenu cet éveil, comment alors allez-vous vous garder éveillé ? C’est la difficulté. Il est tellement facile de se rendormir. (…) Vous devez faire l’effort de demeurer sans cesse dans un état d’éveil permanent. Et pour soutenir cet état d’éveil la chose à faire est la pratique spirituelle quotidienne et une vie intérieure active. »
« Mon but (…) est de vous convaincre que l’éveil spirituel est une nécessité absolue pour que votre vie porte ses fruits et soit vraie. Sans éveil spirituel on est plus mort que vif. »
« Vivez une vie très active et très dynamique, mais ne laissez pas passer un seul jour sans une pratique spirituelle. Quand vous vous éveillez le matin, quand vous saluez le soleil levant, vous devez vous dire : un jour de plus m’est donné pour m’élever un peu plus sur le chemin spirituel. Vous devez accueillir chaque journée comme la chance de pouvoir vous élever plus haut dans l’éveil spirituel. »
L’intégralité de cet article qui m’a tant touché se trouve ICI
Dans un précédent article, j’avais eu l’occasion de vous informer du départ de mon tour de France en vélo et du blog qui permettrait de suivre les péripéties de ce grand voyage => tdfjoeletbernard.over-blog.com .
Aujourd’hui que le tour est bouclé (je suis rentré à Laval le 29 septembre) – et cela génère une belle satisfaction dans tout mon être d’avoir ainsi réalisé ce périple – je voudrais partager avec vous les raisons qui m’amènent à relever de tels défis.
Et le point d’entrée de cette réflexion sera l’interrogation que m’a faite Yann après la première partie de juin, notamment en constatant combien gravir un col – et a fortiori plusieurs – se révèle une souffrance indicible : « J’ai du mal à comprendre que tu trouves un tel plaisir à te mettre dans des conditions aussi extrêmes ».
Il est vrai que pour le non-initié à cette discipline sportive, le vélo demande un effort :
– dès lors qu’il est prolongé : pour moi faire 100 km et plus sont monnaie courante, inaccessible pour celui qui se lance sans entraînement ;
– dès que se présente des côtes, et ne parlons pas des cols, lorsqu’on n’est pas habitué, le souffle est haletant et les muscles sont tétanisés ;
– enfin – et ça n’est pas le moindre mal – l’accumulation de kilomètres procure une souffrance bien mal placée qui gâche énormément le plaisir de tout débutant au vélo.
Le vélo est donc une pratique sportive qui doit s’inscrire dans la durée pour commencer à devenir plaisante et procurer des sensations agréables. Pour en revenir au mal du « fessier », il y a belle lurette que le mien est tellement tanné que je ne ressens plus aucune douleur…
C’est en 1997 que je suis véritablement devenu assidu à cette pratique sportive. A un moment de ma vie où j’étais en grand questionnement et en pleine dérive personnelle : séparation conjugale, dépression, malaise professionnel. Le vélo m’a donc servi de « béquille » pour sortir de ce marasme. Et j’y ai tellement pris goût que cela est devenu une véritable addiction : je ne vivais que pour les sorties des week-ends, et je ne manquais aucun grand brevet longue distance : 200, 300, 400 et 600 km. Qui m’ont ainsi permis de réaliser des grandes chevauchées : comme Paris-Brest-Paris à trois reprises où il faut parcourir les 1200 km en moins de 90 heures.
Mais à côté de ces épreuves exigeantes, j’ai aussi mis à profit le vélo pour bourlinguer dans toute la France. L’idée m’est venue avec ce challenge des BPF (brevet des provinces françaises) qui consiste à pointer dans 6 villes ou villages préalablement désignées dans chaque département. Au départ, c’est facile, car on commence par les départements limitrophes. Mais ensuite, il s’agit de programmer des séjours d’une ou deux semaines dans des régions plus éloignées. Actuellement, sur les 534 villes en question, j’en ai collecté un peu plus de 400. J’ai ainsi pu sillonner, à raison d’au moins un voyage par an : la Provence, le Languedoc, le Massif-Central, l’Alsace, la Corse, le Pays Basque, etc… Et j’ai pu me rendre compte à cette occasion, combien la diversité des paysages et des habitudes culturelles étaient grandes en France. Et à vélo, il est tellement aisé de s’arrêter, de s’imprégner d’un point de vue, d’un monument, qu’on a vraiment souvent l’impression d’être en communion avec un site, un lieu.
Oui, mais la difficulté me direz-vous ? Certes, elle existe. Et depuis 20 ans que je roule assidument, il m’est arrivé parfois bien des mésaventures où j’étais à bout de force, roulant à petite vitesse. Ce qui ne m’empêchait pas de remonter sur le vélo dès le lendemain… Sur ce tour de France, si j’ai été en grande difficulté dans la plupart des grands cols des Alpes, tel ne fut pas le cas pour ceux des Pyrénées, que j’ai abordé avec une belle énergie et où le plaisir supplantait la souffrance exigée par les gros efforts. Et puis, il y a les journées « sans ». Ainsi, en septembre, ma plus difficile journée eu lieu dans le Finistère entre Lesconil et Plougastel-Daoulas, via Douarnenez et la presqu’île de Crozon : la succession de côtes sévères m’a usé et a eu raison de ma belle énergie et de mon bon moral. Mais là encore, dès le lendemain, je me suis régalé sur des routes non moins difficiles conduisant à St Pol-de-Léon.
Alors, pour répondre à la question de Yann, je dirai que le vélo, comme bien d’autres pratiques sportives ou artistiques, est certes exigeant, mais c’est aussi l’occasion d’affermir volonté et persévérance. J’ai conscience qu’il ne s’agit pas – chez moi – de qualités premières. Et si j’ai progressé sur ce plan, je le dois incontestablement à la pratique cyclotouriste, où l’objectif n’est pas tant la performance mais l’endurance. D’ailleurs, depuis déjà longtemps, je réfléchis à une méthode que je dénomme cyclothérapie, et dont l’objectif premier est de s’appuyer sur le vélo comme moyen pour (re)trouver équilibre et santé, joie de vivre et persévérance.
Pour moi, le vélo est indéniablement un complément non négligeable au travail accompli sur cette voie. D’ailleurs, c’est quand j’ai constaté que je délaissais ce loisir, qu’il m’a semblé être plongé dans des impasses inextricables. Car le vélo génère des endorphines puissantes, utiles aussi pour le travail intérieur. Ayant constaté cette négligence, c’est alors – voici deux ans – que m’est revenu cette promesse de faire un jour le tour de France (le vrai : celui qui épouse les frontières de notre pays). Je l’ai préparé avec rigueur et méthode et réalisé dans la douleur en juin et dans le plaisir en septembre. Et aujourd’hui, je me sens comblé et stimulé, traversé par une grandeur ardeur et un puissant dynamisme.
Depuis 500 jours – plus d’une année – ce projet est en bonne place dans ma tête. Désormais, à quelques jours du départ il s’est bien concrétisé et je me sens prêt à vivre cette belle aventure avec mon camarade Bernard (qui doit fêter ses 80 ans cet été…) : parcourir et découvrir les pourtours de la France à bicyclette. Un rêve pour des passionnés de la petite reine comme nous !
En quoi consiste donc ce grand périple ?
Nous suivons une organisation qui est proposée en toute autonomie par un club cyclotouriste, l’U.S. Métro. Seules contraintes : passage obligé par 60 villes (voir carte ci-dessous)
Et réaliser ce circuit en moins de 30 jours (formule cyclo-randonneur) ou 60 jours (formule cyclo-touriste, éventuellement en plusieurs périodes). Pour notre part, nous avons choisi la seconde formule « cyclo-touriste » avec un total de 44 étapes (+ 6 jours de repos), réparties équitablement entre les mois de juin (du 4 au 28 juin) et de septembre (du 2 au 27 septembre).
L’organisation annonce 4800 km. Or, en partant de chez nous pour rejoindre Avranches – notre point de départ – l’élaboration de nos circuits sur Openrunner nous donne près de 5300 km. De même, pour les cols, au lieu des 51 annoncés, nous devrions en gravir près de 90, de quoi nous faire frémir !
Aux dires de bien des participants à ce challenge (une centaine tous les ans), la meilleure option consiste à réaliser ce véritable tour au plus près des frontières françaises dans le sens des aiguilles d’une montre.
Nous partirons donc d’Avranches et suivrons les routes de Normandie, puis des Hauts-de-France, avant d’aborder les Ardennes, la Lorraine, les Vosges, le Jura et de finir par l’exigeante traversée des Alpes (qui nous effraye un peu…). Arrivés à Fréjus fin juin, nous remonterons en Mayenne, puis retournerons, fin août, sur le port méditerranéen afin de poursuivre notre raid autour de la Méditerranée, puis des Pyrénées, avant de remonter par la côte Atlantique et de terminer en beauté par le tour de la magnifique Bretagne.
Chaque jour, nos étapes font entre 100 et 160 km, avec une moyenne générale d’environ 120 kilomètres par jour. Certes, cela peut paraître assez peu, mais du fait d’un effort répété durant près d’un mois pour chaque partie, cela nous semble raisonnable.
Notre intention conjointe, c’est aussi de prendre du plaisir sur notre vélo, de découvrir des coins méconnus, de revoir des lieux prestigieux, bref de redécouvrir notre si belle France…
Avec mon ami Bernard, nous avons envie de partager notre aventure et – à cette fin – nous avons créer un blog, dont voici le lien => http://tdfjoeletbernard.over-blog.com/
Nous essaierons de faire un compte-rendu après chaque étape avec – si possible – quelques photos.
Je compte sur vos commentaires et vos encouragements tout au long de ces deux mois de randonnée à bicyclette !
Une deuxième promotion d’apprentis clowns vient de réunir à la Bertais 13 intrépides, désireux d’oser vivre le clown.
D’emblée, chacun a pu exprimer combien ce stage en ce lieu était attendu – et en même temps – générait une forte appréhension.
Sous la houlette exigeante mais douce et bienveillante de Sabine Michelin-Pigeon, chacun a pu expérimenter le clown intérieur caché en lui. Et ce fut tantôt cocasse, tantôt jubilatoire et à d’autres moments désopilant.
Il est difficile de relater ce qui s’est vécu au cours de ces deux jours et demi tant ce fut dense et riche.
Alternance entre exercices préparatoires et temps d’improvisation en solo ou à plusieurs.
Masqué de l’indispensable nez rouge et revêtu d’un costume soigneusement choisi, le passage en scène est toujours un exercice périlleux et exigeant devant concilier les quelques consignes données par Sabine avec l’état intérieur ressenti et que l’interaction avec les partenaires peut rendre très fluctuant.
Chaque impro réserve alors son lot de surprise : jamais il n’est possible à l’avance de savoir – pour soi – si ça va marcher ou non. Et c’est dans les situations les plus improbables que souvent surgit le « miracle » : un lâcher-prise, une absence momentanée du mental. Cela demande beaucoup d’énergie mais – en contrepartie – ça libère des tensions et fait monter joie et plus grande confiance en soi.
Le public (principalement constitué de Sabine et de ceux des autres participants qui ne sont pas « en scène » à l’instant de votre prestation) joue un rôle non négligeable : riant, s’esclaffant, incitant ainsi le clown à se faire confiance et à laisser jouer jusqu’au bout le personnage qui se manifeste dans le rôle et l’état intérieur du moment.
Pour ma part, j’étais dubitatif quand certains avaient dit qu’une de leurs attentes c’était de bien rire au cours de ce stage. En final, oui j’ai beaucoup ri lors de ces 3 jours et cela fait un bien fou…
Marie-Laure, qui a géré l’intendance avec brio, permettant de régaler notre appétit aiguisé… s’est faite photographe à deux reprises. Cela donne des clichés assez improbables.
Saurez-vous nous reconnaître derrière notre masque et notre costume ?
Dans l’esprit des séjours de l’association RACINES, un groupe de 7 personnes a vécu durant une semaine une belle expérience humaine et culturelle dans cet environnement si propice à l’intériorisation qu’est le désert. Une plongée en plein cœur du monde berbère ô combien dépaysante et riche d’un savoir vivre et d’un savoir être reposant sur le dépouillement et la sobriété.
Jeudi 1er février
C’est le jour du grand départ. Notre petit groupe est au complet à l’aéroport de Nantes et chacun peut se découvrir, car certains ne se connaissent pas ou assez peu. Mais très vite, une cohésion va s’instaurer au sein de notre petit groupe et l’escale à Casablanca nous plonge déjà dans l’ambiance marocaine.
Un vol de moins d’une heure nous emmène ensuite jusqu’à Ouarzazate en pleine nuit. Anne et Ikhlaf sont là pour nous accueillir et même si la voiture de location n’est pas disponible, pas d’affolement, nous gagnons le bivouac de la Palmeraie situé à quelques kilomètres.
Vendredi 2 février
Première nuit froide (il gèle) et malgré la superposition de couvertures, nous n’arrivons pas à nous réchauffer.
Heureusement, un copieux petit déjeuner près d’un poêle nous requinque…
La voiture récupérée, nous partons pour le bivouac du « Chant du Sable » où nous allons passer tout notre séjour. Un parcours de 240 km sous le soleil qui nous réchauffe et qui nous permet de découvrir la belle vallée du Draa.
Les 10 derniers kilomètres donnent le ton de notre séjour : il s’agit d’une piste rocailleuse qui va ainsi nous couper de notre environnement habituel.
Arrivée au bivouac à la tombée du jour, juste le temps d’admirer ce désert que nous sommes venus chercher et qui s’offre à nous sous ses deux formes les plus connues : reg (pierres) et erg (dunes).
Après un bon repas, nous gagnons nos chambres respectives, confortables avec des lits douillets et aussi ce qu’il faut de chaudes couvertures… Mais un vent violent contrarie notre besoin de sommeil, déjà écourté la nuit précédente…
Samedi 3 février
Le petit déjeuner est ici aussi copieux et tout au long de ce séjour nous serons gâtés par Mohamed, le cuisinier « hors-pair » du bivouac.
Après ce bon repas, l’heure est venue de s’immerger un peu plus dans le désert en partant pour 3 jours de trek.
Equipés du traditionnel « chèche », nous voici armés pour traverser le Sahara en méharée…
Accompagnés de 5 dromadaires, c’est parti pour un circuit de 50 à 55 km sur 3 jours. La marche est tranquille et assez facile sur ce chemin revêtu de pierres et les volontaires se font rares pour monter sur nos braves dromadaires…
Tant et si bien que nous voici – déjà – arrivés à notre halte du soir. Signe indéniable que nous « décrochons » : nous n’avons pas vu le temps passer…
Dimanche 4 février
Au petit matin, nous sommes pour la plupart bien fourbus et transis à cause du froid de la nuit (a priori -1° au lever du jour).
Rien de mieux que la marche pour nous réchauffer ! Et c’est reparti sur cet espace de désert de pierres. L’occasion d’échanger en chemin et d’aborder des sujets parfois sensibles, comme la cause animale, n’est-ce pas Joël D. et Marilyn ?
A la pause, notre bon « samaritain » Hassan, nous distribue des délicieuses oranges…
Comme la nuit précédente, nous dénichons un espace dans les dunes, à l’abri du vent. La vigilance s’impose dès qu’on s’éloigne du campement, certains se sont faits de grosses frayeurs et se sont crus perdus dans le désert. Syndrome de « La nuit de feu » ?
Lundi 5 février
Dormir à même le sol a encore accentué les courbatures, mais nous avons eu moins froid…
Pour la dernière journée de trek, nous décidons de marcher sans parler.
Expérience intéressante en ce lieu où le silence est roi. Se mettre ainsi au diapason de l’environnement vient nous apaiser grandement. En tout cas, tout le monde joue le jeu, y compris nos guides et chameliers, très respectueux de notre choix.
Pour la halte du midi, le site enchâssé dans des falaises montagneuses est grandiose et nous apprécions tout avec un regard plus aiguisé, grâce au silence que nous maintenons jusqu’à notre retour au bivouac, peu avant le coucher de soleil…
Le temps de partage sur notre vécu intérieur lors de cette journée passée en silence n’en est que plus dense.
Mardi 6 février
Après ces trois journées complètement coupées du monde, nous profitons de ce jour de « relâche » pour décompresser, échanger, se reposer tout en restant relié à l’univers désertique dans lequel nous sommes encore immergés.
Jacqueline et Marilyn vivent une belle expérience en se rendant dans l’après-midi au hammam. Véritable immersion parmi la population qui ravit nos deux amies…
Mercredi 7 février
Comme chaque matin, un temps d’éveil corporel est proposé. Pour cette dernière fois dans le désert, chacun se déploie dans les dunes avant de se retrouver unis tous en cercle.
C’est donc l’ultime journée (complète) de ce séjour. Nous allons visiter une famille berbère dans son habitat traditionnel (casbah) et actuel (dans le village de Tagounite).
Moment magique que de pénétrer dans les dédales de la casbah d’Aït Is Foul, l’habitat est bien pensé mais malheureusement déserté : là où il y avait une vingtaine de familles, il n’en reste plus que 5 aujourd’hui.
Si nous avons déjà bénéficié d’une généreuse collation dans la casbah, ce n’est qu’un en-cas… Au village dans la famille d’Hassan et Ikhlaf un copieux couscous nous est servi, impossible d’y déroger, sous peine d’offenser la famille. Nous sommes même invités à le faire à la berbère : en plongeant la main (droite) à même le plat ! Certains se révèlent plus habiles que d’autres…
Malgré ce copieux repas pris vers 15h, nous n’échappons pas au dernier dîner le soir au bivouac. Nos hôtes se sont surpassés ! C’en est trop pour l’un d’entre nous, saisi d’une belle tourista…
Jeudi 8 février
Réveil matinal vers 4h pour prendre la route de l’aéroport. Surprise, quelques kilomètres avant d’atteindre Ouarzazate, une belle couche de neige recouvre la route. Une bataille de boule de neige s’engage…
A l’aéroport, nouvelle surprise. L’avion a du retard, officiellement pour raison d’intempéries, mais un jeune marocain nous assure que c’est lié à une grève du personnel naviguant… Conséquence fâcheuse : les 4 heures de retard nous font rater la correspondance de Casablanca et dans l’histoire une valise s’égare qui n’est toujours pas arrivée à ce jour…
De ce fait, nous prolongeons notre vie collective de 24 heures et cela n’est pas pour nous déplaire tant nous étions heureux ensemble !
Voici le 2ème volet de mes coups de cœur littéraires. Après « L’Utopie » de Thomas More évoqué précédemment qui représente une lecture de jeunesse, c’est un ouvrage lu tout récemment que je vous présente aujourd’hui, mon coup de cœur de l’année 2017…
L’auteur
Éric-Emmanuel Schmitt est un dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur français naturalisé belge.
Normalien, agrégé de philosophie, docteur, il s’est d’abord fait connaître au théâtre avec « Le Visiteur », cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : « Variations énigmatiques », « Le Libertin », « Hôtel des deux mondes », « Petits crimes conjugaux », « Mes Évangiles », « La Tectonique des sentiments »… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.
Il écrit le « Cycle de l’Invisible », six récits qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie. Une carrière de romancier, initiée par « La Secte des égoïstes », absorbe une grande partie de son énergie depuis « L’Évangile selon Pilate », livre lumineux dont « La Part de l’autre » se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit « Lorsque j’étais une œuvre d’art », une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, « Ma Vie avec Mozart », une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. Deux recueils de nouvelles se sont ajoutés récemment: « Odette Toulemonde et autres histoires », huit destins de femmes à la recherche du bonheur, est inspiré par son premier film tandis que « La Rêveuse d’Ostende » est un bel hommage au pouvoir de l’imagination.
Grand amateur de musique et mélomane, il a également signé la traduction française des « Noces de Figaro » et de « Don Giovanni ». Il est naturalisé belge en 2008. Début janvier 2016, il fait son entrée dans le jury Goncourt.
Multi-récompensé, que ce soit en France ou à l’étranger, il est devenu un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dans le monde.
(notice tirée du site internet « Babelio »).
Résumé de l’œuvre
« Je suis né deux fois, une fois à Lyon en 1960, une fois dans le Sahara en 1989. »
Une nuit peut changer une vie.
À vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée à pied dans le Sahara en 1989. Parti athée, il en reviendra croyant, dix jours plus tard.
Loin de ses repères, il découvre une vie réduite à la simplicité, noue des liens avec les Touareg. Mais il va se perdre dans les immenses étendues du Hoggar pendant une trentaine d’heures, sans rien à boire ou à manger, ignorant où il est et si on le retrouvera. Cette nuit-là, sous les étoiles si proches, alors qu’il s’attend à frissonner d’angoisse, une force immense fond sur lui, le rassure, l’éclaire et le conseille.
Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique – va le changer à jamais. Qu’est-il arrivé ? Qu’a-t-il entendu ? Que faire d’une irruption aussi brutale et surprenante quand on est un philosophe formé à l’agnosticisme ?
Dans ce livre où l’aventure se double d’un immense voyage intérieur, Éric-Emmanuel Schmitt nous dévoile pour la première fois son intimité spirituelle et sentimentale, montrant comment sa vie entière, d’homme autant que d’écrivain, découle de cet instant miraculeux.
Point de vue
Il y a déjà un bon moment que ce titre au nom si évocateur « La nuit de feu » figurait sur mes tablettes. Le fait d’avoir eu l’idée d’organiser un séjour dans le désert tout prochainement n’a fait que raviver cette envie irrépressible de le lire.
J’ai lu « La nuit de feu » avec ravissement (c’est l’expression qui m’est venue spontanément). D’abord parce que ce récit se lit aisément, tant l’auteur Eric-Emmanuel Schmitt est un enchanteur, un conteur hors-pair.
Je le reconnais, j’avais des doutes quant à la pertinence de restituer une telle expérience. Or, cette nuit est magnifiquement décrite, et son évocation reste d’une sobriété exemplaire qui honore l’auteur, car elle demeure toujours incarnée dans le cadre de cette aventure de groupe du désert du Hoggar.
Cette expérience mystique naturelle qu’a vécu Eric-Emmanuel fut certes un moment fabuleux puisque il y a bien eu – pour lui – un avant et un après, mais sans que l’auteur soit pour autant désincarné.
Autre aspect qui m’a intéressé, ce sont toutes ces considérations philosophico-spirituelles. Un florilège qui n’est jamais l’étalage de connaissances, mais bien plutôt le reflet d’un profond questionnement sur les grandes problématiques de l’existence.
Ce livre se termine en apothéose avec ces lignes qui résume assez bien – de mon point de vue – la question spirituelle :
« Lors de ma nuit au Sahara, je n’ai rien appris, j’ai cru.
Pour évoquer sa foi, l’homme moderne doit se montrer rigoureux. Si on me demande : « Dieu existe-t-il ? », je réponds : « Je ne sais pas » car, philosophiquement, je demeure agnostique, unique parti tenable avec la seule raison. Cependant, j’ajoute : « Je crois que oui. » La croyance se distingue radicalement de la science. Je ne les confondrai pas. Ce que je sais n’est pas ce que je crois. Et ce que je crois ne deviendra jamais ce que je sais.
Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes, le croyant qui dit : « Je ne sais pas mais je crois que oui », l’athée qui dit : « Je ne sais pas mais je crois que non », l’indifférent qui dit : « Je ne sais pas et je m’en moque. »
L’escroquerie commence chez celui qui clame : « Je sais ! » Qu’il affirme : « Je sais que Dieu existe » ou « Je sais que Dieu n’existe pas », il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire à l’intégrisme, intégrisme religieux ou intégrisme athée, prenant le chemin funeste du fanatisme et de ses horizons de mort. Les certitudes ne créent que des cadavres.
En notre siècle où, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il importe de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L’avoir trouvé. »
Pour finir, je vous offre en bonus, une vidéo de l’auteur relatant ce moment inoubliable. Car je trouve qu’Eric-Emmanuel Schmitt lorsqu’il s’exprime se révèle admirable, tant on sent chez cet homme, à la fois une grande force et une grande douceur.
Dans le dernier numéro de la revue « Ultreïa », dont j’ai déjà vanté la remarquable qualité éditoriale, une interview est consacrée au prêtre John Martin Sahajananda. Celui-ci – d’origine indienne et de confession chrétienne – poursuit l’oeuvre des Pères Le Saulx et Montchanin, qui ont fondé l’ashram de Shantivanam, dont le but est de concilier vie monastique chrétienne et tradition hindoue.
Dans cet article, John Martin Sahajananda nous livre une magnifique image pour décrire la vie spirituelle. Et qui me parle à double titre : spirituel et profane (puisqu’il y est question de racines…). La voici :
« La voie que Jésus-Christ nous propose est celle de l’expansion de notre identité. Il nous invite à transformer notre identité personnelle en identité collective puis à l’étendre à l’identité universelle et enfin à l’étendre à l’identité divine.
Je prends souvent l’image de l’arbre inversé : les racines dressées vers le ciel, les feuilles, ainsi que les branches, vers la terre et reliées aux racines par le tronc.
Nous commençons comme les feuilles, chacun enfermé dans notre individualité, puis nous nous agrégeons dans les branches que sont les institutions et les religions : à ce stade, la vérité collective. Le tronc représente la vérité universelle.
Un seul tronc supporte toutes les branches et toutes les feuilles. Les racines, elles, représentent le transcendent, le divin. Nous ne les voyons pas et pourtant elles soutiennent l’ensemble de l’arbre.
Lorsque la conscience d’une personne entre dans la conscience des racines, elle réalise qu’il n’y a qu’un seul arbre, et donc une seule vérité et un seul chemin. »
Et je résiste pas au plaisir de vous « servir » cette autre fulgurance de ce prêtre indien :
« Il y a deux types de spiritualités,
l’une fondée sur les religions,
l’autre sur le royaume de Dieu.
Dans la spiritualité des religions, en premier vient la religion, en second vient Dieu, et ensuite l’être humain qui vénère Dieu à l’intérieur de sa religion.
Dans la spiritualité du royaume de Dieu, il y a d’abord Dieu, ensuite l’être humain, qui est donc plus grand que les religions.
Les religions sont au service des êtres humains et pas les êtres humains au service des religions.
Le royaume de Dieu, c’est une spiritualité fondée sur Dieu et pas sur les religions. »
Depuis des lustres, je lis avec passion tout ce qui me tombe sous la main… Tout a commencé au Noël 1967, quand j’ai reçu un dictionnaire Larousse. Ce fut mon plus beau cadeau de Noël qui – durant des années – ne me lassera jamais, consulté en permanence et source d’une ouverture incroyable. J’avais 10 ans et, depuis 50 ans, j’ai lu des milliers de livres, qui – le plus souvent – apportent des éclairages à mes questionnements, me font rêver, voyager, sans oublier de me divertir…
C’est donc le tout premier de mes « coups de cœur » que j’aborde aujourd’hui en partageant avec vous l’un de mes plus anciens livres favoris : « L’Utopie » de Thomas More.
L’auteur
« Thomas More, latinisé en Thomas Morus (7 février 1478, Londres – 6 juillet 1535, Londres), est un juriste, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique anglais. Grand ami d’Érasme, érudit, philanthrope, il participe pleinement au renouveau de la pensée qui caractérise cette époque, ainsi qu’à l’humanisme, dont il est le plus illustre représentant anglais.
Nommé « Ambassadeur extraordinaire », puis « Chancelier du roi » par Henri VIII, il désavoue le divorce du Roi et refuse de cautionner l’autorité que s’était arrogée celui-ci en matière religieuse : il démissionne de sa charge en 1532. Devant la persistance de son attitude, il est emprisonné, puis décapité comme « traître ».
Béatifié par l’Église catholique en 1886, Thomas More est canonisé — saint Thomas More — en 1935. »(source Wikipédia).
Au-delà de cette notice succinte, Thomas More est dépeint par ses contemporains, comme « un homme qui cultivait la vraie piété, aussi étranger que possible à toute superstition » (Erasme), « plaisant sans causticité, il badine et ne blesse point, il rit sans jamais offenser personne » (Beatus Rhenanus).
Homme d’une grande rigueur morale, il étonne en préférant la compagnie des pauvres à celles des riches : « Il recevait à sa table les paysans du voisinage, les accueillant avec gaieté et familiarité. Quant aux grands et aux riches, il ne les fréquentait qu’avec réserve et ne les admettait que rarement dans son intimité. » (Erasme).
Cette haute moralité va être mise à mal, lorsque le roi d’Angleterre décide de rompre avec l’Eglise de Rome, le pape lui refusant le divorce demandé. En effet, Henri VIII oblige Thomas More à lui prêter allégeance en tant que chef suprême de l’Eglise d’Angleterre.
Suite à son refus persistant, il est accusé de trahison, condamné à la décapitation. Thomas More meurt non sans faire preuve, une nouvelle fois d’humour : « Je vous en prie, je vous en prie, Monsieur le lieutenant, aidez-moi à monter ; pour la descente, je me débrouillerai… ».
Résumé de l’œuvre
C’est en menant mes recherches pour cet article que j’ai découvert que ce livre que j’ai découvert avec passion à la fin des années 70, fête cette année même les 500 ans de sa publication en France. Et, d’emblée, ce livre, original, connut un succès foudroyant en cette période – le XVIème siècle – marquée par l’influence des grands humanistes.
Qu’a donc de si original cet ouvrage ? Sous la forme d’une fiction, l’auteur fait d’une pierre deux coups par le truchement d’un voyageur, Raphaël Hythloday, qui dénonce les abus et les injustices de l’Angleterre de cette époque dans la première partie du livre, et évoque son long séjour sur l’île d’Utopie (l’île de nulle part) dans la seconde partie. C’est bien évidemment un prétexte pour l’auteur de pointer les dérives de son époque et nous offrir aussi la vision d’une vie en société proche de l’idéal, et qui demeure encore audacieuse, – sur bien des points – 500 ans plus tard.
L’Angleterre du début du XVIème siècle est marquée par la mise en place du régime des « enclosures » qui pousse à l’exode vers les centres urbains nombre de paysans ne bénéficiant plus des espaces « communs » permettant à leur bétail de paître. Le constat de Thomas More est impitoyable et il ne cesse de stigmatiser l’égoïsme des possédants, ces riches propriétaires terriens, qui se lancent dans l’agriculture intensive au détriment des paysans pratiquant une agriculture exclusivement vivrière.
Écoutons-le : « Les malheureux [paysans] fuient en pleurant le toit qui les a vus naître, le sol qui les a nourris, et ils ne trouvent pas où se réfugier. Alors, ils vendent à vil prix ce qu’ils ont pu emporter de leurs effets, marchandise dont la valeur et déjà bien peu de chose. Cette faible ressource épuisée, que leur reste-t-il ? Le vol et puis la pendaison dans les formes. Aiment-ils mieux traîner leur misère en mendiant ? On ne tarde pas à les jeter en prison comme vagabonds et gens sans aveu. Cependant, quel est leur crime ? C’est de ne trouver personne qui veuille accepter leurs services, quoiqu’ils les offrent avec le plus vif empressement. »
Avec la seconde partie, nous partons pour l’île d’Utopie, car ce que je trouve admirable dans ce livre, c’est la puissance des images et la précision des descriptions, presque un documentaire. L’auteur ayant sans doute à cœur de nous faire croire qu’il ne s’agit en rien d’un lieu imaginaire, mais bien d’une réalité concrète.
Impossible de citer l’incroyable organisation qui prévaut sur cette île, mais Thomas More balaye tous les aspects de la vie en société et nous montre qu’ici, tout est envisagé pour le bonheur du plus grand nombre, de façon équitable et sans les inévitables abus de pouvoir.
Écoutons, ce passage révélateur d’une haute idée que se fait l’auteur au sujet des institutions, qui doivent être au service du peuple :
« Les institutions ont pour but d’empêcher le prince (…) de conspirer contre la liberté, d’opprimer le peuple par des lois tyranniques, et de changer la forme du gouvernement. (…) La constitution est tellement vigilante à cet égard que les questions de haute importance sont déférées aux comices [équivalent des villages]. Après avoir délibéré, ils transmettent au sénat leur avis et la volonté du peuple. Quelquefois même l’opinion de l’île entière est consultée. »
N’oublions pas que ces lignes ont été écrites voici 500 ans et presque 300 ans avant la révolution française…
Également, cette perspective économique et sociale fait encore rêver aujourd’hui :
« Tout le monde, en Utopie, est occupé à des arts et à des métiers réellement utiles. Le travail matériel y est de courte durée, et néanmoins ce travail produit l’abondance et le superflu. (…) Le but des institutions sociales en Utopie est de fournir d’abord aux besoins de la consommation publique et individuelle, puis de laisser à chacun le plus de temps possible pour s’affranchir de la servitude du corps, cultiver librement son esprit, développer ses facultés intellectuelles par l’étude des sciences et des lettres. C’est dans ce développement complet qu’ils font consister le bonheur. »
Je n’en dirai pas plus au risque d’être, une nouvelle fois, trop long avec cet article… Je vous renvoie à quelques extraits qui figurent ci-dessous dans la dernière partie.
Point de vue
Dans l’édition que j’ai entre les mains (et qui date de 1976), cet ouvrage est encore une référence pour tous ceux qui se réclament du socialisme, voire du communisme. Et comme le note William Morris, ce socialiste anglais de la fin du XIXème siècle « L’Utopie est devenu un pamphlet socialiste familier dans les réunions et les assemblées de discussion. » Mais au-delà de cette caution qui, dans le contexte actuel de rejet des idées socialo-communistes peut être mal entendu, il faut relever que ce livre nous donne ici une admirable perspective d’un communisme à dimension humaine.
Ce qui est frappant chez l’auteur, c’est son insistance à vouloir l’épanouissement de tout être humain dans tous les aspects de sa vie, au sein d’une société harmonieuse et remarquablement organisée. On peut parler du souhait de Thomas More de réaliser une véritable émancipation.
Ce qui me semble intéressant – et je caresse ce rêve – c’est de voir comment nous pourrions « actualiser » cet ouvrage aux contingences de notre époque. Les injustices dénoncées par Thomas More sont à la fois, encore plus flagrantes, mais de manière beaucoup plus subtile (il n’est qu’à noter les conditionnements qui fonctionnent si bien avec la publicité).
Alors que ce texte était déjà bien avancé, je viens d’avoir la grande surprise de découvrir qu’un auteur ose le défi d’actualiser L’Utopie. C’est par le plus grand des hasards que j’ai assisté lors de l’émission « C’est à vous » diffusée sur la 5, à la présentation d’Utopia XXI par son auteur, Aymeric Caron. Je ne connais pas ce chroniqueur (qui, semble avoir un passé de polémiste), mais j’ai été suffisamment intéressé pour acheter le livre. C’est un pavé de 500 pages que j’ai dévoré et dont je partage en grande partie les analyses et les préconisations. Et je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer certaines :
Plus aucun élu ne sera un professionnel de la politique
La semaine de 15 heures pour tous sera instaurée
Un revenu minimal et un salaire maximal seront instaurés
Le quotient de bonheur remplacera la croissance et le PIB
La propriété privée sera restreinte
La spéculation sera interdite
Un gouvernement mondial sera mis en place
La société sera encadrée par un minimum de lois
Quelques extraits
« Chercher le bonheur sans violer les lois, est sagesse ; travailler au bien général, est religion ; fouler aux pieds la félicité d’autrui en courant après la sienne, est une action injuste. » (page 148)
« Les lois sont en très petit nombre, et suffisent néanmoins aux institutions. Ce que les Utopiens désapprouvent surtout chez les autres peuples, c’est la quantité infinie de volumes, de lois et de commentaires, qui ne suffisent pas encore à l’ordre public. Ils regardent comme une injustice suprême d’enchaîner les hommes par des lois trop nombreuses, pour qu’ils aient le temps de les lire toutes, ou bien trop obscures, pour qu’ils puissent les comprendre. » (page 166-167)
« Quoique les Utopiens ne professent pas la même religion, cependant tous les cultes de ce pays, dans leur multiple variété, convergent par des routes diverses à un même but, qui est l’adoration de la nature divine. » (page 192)
« Partout ailleurs, ceux qui parlent d’intérêt général ne songent qu’à leur propre intérêt personnel ; tandis que là où l’on ne possède rien en propre, tout le monde s’occupe sérieusement de la chose publique, parce que le bien particulier se confond réellement avec le bien général. » (page 196)
« En Utopie, l’avarice est impossible, puisque l’argent n’y est d’aucun usage ; et, partant, quelle abondante source de chagrin n’a-t-elle pas tarie ? quelle large moisson de crimes arrachées jusqu’à la racine ? (…) Tous ces crimes dont la société se venge par des supplices permanents, sans pouvoir les prévenir, seraient anéantis le jour où l’argent aurait disparu ? (…) La pauvreté, qui seule paraît avoir besoin d’argent, la pauvreté diminuerait à l’instant, si la monnaie était complètement abolie. » (page 198-199)
J’ai participé lors du week-end du 11 novembre au Forum organisé par l’association « A Ciel Ouvert » (anciennement « Terre du Ciel) sur le thème : « Voix de femmes » et qui se déroulait à Aix-les-Bains. J’en reviens nourri et heureux autant par les conférences que par la dimension collective de cette démarche en la partageant avec trois autres personnes, dont une bertaisienne et ma belle-fille Bérengère… En tout cas, je ne regrette nullement la débauche d’énergie que j’ai consacré à la mise sur pied de ce long déplacement.
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C’est donc la 2ème fois que j’assiste à un tel Forum qui rassemble une multitude d’intervenants venant de tous horizon religieux et spirituels. En voici pour moi les temps forts.
Frédérique Lemarchand m’avait déjà subjugué à la lecture de l’article paru dans le dernier numéro de la revue « Sources » (lire ICI), eh bien sa rencontre en « chair et en os » a été étonnante. Comme si un ange passait, à la fragilité et au souffle si court, à tel point qu’on se demande parfois si elle ne va pas expirer d’un moment à l’autre. Mais qu’importe depuis sa naissance, Frédérique sait qu’elle vit en sursis permanent du fait d’une maladie grave, et comme elle le dit : « Que je vive ou que je meure, je me sens éternellement vivante ». Le lendemain matin, je l’ai revu à son arrivée et lors de notre bref échange, elle m’a dit cette phrase étonnante : « Je vous ai vu prier hier soir ». Oui, durant 1h30, j’ai eu l’impression de vivre un intense moment de communion et de prière.
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La vie est cocasse, le matin il est prévu une pratique spirituelle à 7h30. Il avait fallu que je me dépêche pour arriver à l’heure. J’avais prévu d’assister à une méditation conduite par Alain Chevillat. Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver – avec un quart d’heure de retard (je pestais : et dire que j’avais couru…) – Geneviève Khemtémourian ! En fait, je me suis tout simplement trompé de salle. Me voici donc parti pour une heure de danse sacrée. Aussitôt, j’en prends mon parti et alors j’ai vécu un moment d’émerveillement, emporté par ces danses vécus en cercle et empreintes de beaucoup de grâce, de douceur et « dirigés » par Geneviève avec une grande bienveillance. C’est dire que ça m’a plu, puisque j’y suis retourné le lendemain matin…
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C’est peu dire que j’ai apprécié les deux temps vécus avec Marie-Noëlle Besançon. Cette femme, médecin-psychiatre, a créé avec son mari un lieu en milieu ouvert, joliment intitulé « Les invités au festin ». Elle porte un regard totalement novateur sur l’approche de la maladie mentale, où les patients portent le beau nom de « participants », car ils sont associés pleinement à la démarche de soins et de vie en collectivité de cette petite structure. Le couple Besançon est à l’origine de la psychiatrie citoyenne qui fait le contraire de ce qui se passe dans les H.P. et dont les valeurs sont dans l’ordre : la fraternité, la liberté, l’égalité et la solidarité. J’ai particulièrement été étonné d’apprendre que la France a beaucoup de retard sur l’approche de la psychiatrie, qui repose encore trop sur les hôpitaux psychiatriques, alors qu’un peu partout en Europe, ils ont disparu ou sont en passe de l’être.
« Pour une psy, vivre au milieu des malades, vous imaginez ! »
« L’amour plus fort que la mort ; danse invincible du vivant. »
« Comment vivre et soigner dans un lieu de mort [les H.P.], car c’est un lieu qui rend toujours plus malade. »
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Comme lors du précédent Forum que j’ai vécu, j’ai vraiment apprécié l’intervention de Pierre-Yves Albrecht. Non seulement parce qu’il est brillant, plein d’humour et doté d’un langage truculent qu’il a développé en tant qu’éducateur auprès des toxicos et paumés de toutes sortes. Son « dada » c’est la voie initiatique. Il part du constat que la disparition des rites de passage dans nos sociétés explique en bonne partie le mal-être de trop nombreux jeunes et adultes. Il cherche donc à réhabiliter des rites initiatiques reposant sur 3 niveaux pour restaurer le paysan (séjour en forêt), le guerrier (séjour dans une grotte) et le sage (par un séjour dans le désert). Et avec lui, une conférence ça n’est jamais triste…
« Pour qu’il y ait intensification de l’existence, ça passe par un sacrifice, ça passe par une initiation. »
« Il faut passer par l’éclaircissage, puis par la décantation, on ne peut rien faire sur un tas de merde… »
« Le but de l’amour, c’est de se retrouver au-delà de l’émotionnel. »
« Si l’amour vise le bien-être de l’autre, la décharge érotique est sublime. »
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Nous avons bénéficié de nombreux moments de musiques vivantes, et cela donnait une pause salutaire à ce Forum, où la parole nous entraînait parfois dans une surchauffe intellectuelle… Une nouvelle fois, j’ai adoré le couple Naren et Sarada qui offre des chants dévotionnels d’une grande profondeur et de pure beauté. Je suis fasciné par la voix puissante et pourtant si douce et envoutante de Sarada. Sur le chemin du retour, à plusieurs reprises nous avons écouté le « tube » de ce groupe « Face to Face », tiré d’un poème de Tagore (voir vidéo https://www.youtube.com/watch?v=lJCbnAuQxpA à partir de 14’40 mais où se trouve au début un très bel « Ave Maria » irlandais) et dans la voiture résonnait des : « Hara, hara, hara, Shiva, Shiva, Shiva, Mara, Mara, Mara, Deva, Deva, Deva ».
La surprise de ce Forum – en tout cas pour moi – est venue de Georgina Dufoix. Que l’ancienne ministre et femme politique puisse dire d’emblée : « Malgré ma réussite, j’étais ‘’vide’’ intérieurement » m’a touché. Autre chose a suscité mon intérêt, sa reconnaissance envers Arnaud et Denise Desjardins, avec lesquels elle a « travaillé ». Certes, j’avais bien entendu Arnaud dire – à Hauteville en salle Ramdas – qu’il connaissait Georgina Dufoix et qu’il ne trouvait rien à redire à sa si célèbre phrase qui a fait tant couler d’encre : « Responsable mais pas coupable ».
Sa vie a changé depuis ce jour du 8 août 1988 ou elle a eu la conviction de la présence du Christ dans son bureau. Mais là n’est pas encore l’essentiel. Elle a depuis développé une spécificité tournant autour de la puissance de la gratitude : « Comment vivre sous le parapluie de la grâce ? En se mettant dans un état de gratitude, jusqu’à être reconnaissante de ce qui arrive, même du pire. Et c’est tellement bon ! » J’ai vraiment été bluffé par cette grande dame qui garde encore des accents d’autorité de son ancien passé mais qui, le plus souvent, se montre si empathique, si vulnérable, si bienveillante, vivant pleinement et incarnant le message qu’elle cherche à transmettre.
« Le critère pour la Présence c’est la paix, la joie et l’amour tranquilles. »
« Être reconnaissant pour ce qu’on peut ressentir, même si c’est médiocre. »
« J’ai remplacé le mot ‘’Pourquoi’’ par le mot ‘’Merci’’. »
« Le chemin de la gratitude ne cherche pas à décortiquer. Il faut passer par le ‘’Oui’’ pour pouvoir dire ‘’Merci’’. »
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En clôture de ce Forum, nous avons vécu un moment de pur bonheur grâce à Sabine Michelin-Pigeon que beaucoup connaissent à la Bertais, par le biais de ses stages de clown. Elle nous a joué une Carmen désopilante en reprenant certaines paroles et reproduit des attitudes d’intervenants. Qu’est-ce que nous avons ri en la voyant imiter le prêtre orthodoxe, Père Martin, dont les envolées lyriques l’ont inspiré ou encore se moquer gentiment de Bertrand Vergely qui s’est présenté comme étant « l’ami des femmes » ; en ces heures de grand « déballage » médiatique, c’était vraiment bien vu.
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Durant ces trois jours, c’est donc une belle expérience que j’ai vécu et dont le « bonus » fut sans conteste le fait d’avoir partagé ce Forum « Voix de femmes » en le vivant en si grande proximité avec mes trois accompagnatrices Hélène, Charlotte et Bérengère. Si je n’ai pas développé encore un peu plus ma part féminine avec tout ça, c’est à n’y rien comprendre…
Merci à elles trois et merci à toutes ces belles femmes qui ont enchanté ce WE, à commencer par celle qui était tout particulièrement honorée à l’occasion du 10ème anniversaire de son « départ » : Christiane Singer. Quelle présence et quelle fulgurance dans ces propos :
« Il faut sortir de ses cachettes poussiéreuses, la vie c’est de risquer. »
Voici encore pour finir quelques paroles marquantes d’autres intervenants de ce Forum que j’ai relevé sur mon carnet :
« Je suis l’ami des femmes. Je défends le féminin en philosophie (…) qui est incroyablement refoulé. » (Bertrand Vergely)
« La 1ère vie, c’est la vie avec la raison, la 2ème c’est la vie avec la Présence. » (Bertrand Vergely)
« L’essence de l’existence, c’est l’interpénétration du féminin et du masculin. » (Bertrand Vergely)
« Quel regard porte sur moi mon père ? Quel regard du père sur la mère ? Quelle relation entre le père et la mère ? » (Véronique Desjardins)
« Est-ce qu’une femme peut être guidée par un homme ? Y a-t-il une manière féminine de cheminer ? » (Véronique Desjardins)
« Ne pas être victime et retrouver son pouvoir personnel » (Sophie Rabhi)
« Aimer et servir, c’est la voie de la femme. » (Anne Ducrocq)
« On doit d’abord aimer pour rencontrer l’autre. » (Audrey Fella)
« Quelle est notre partie manquante ? C’est l’âme du monde qui cherche à nous traverser. » (Brigitte Sénéca)
« La vie commence dans un pétillement de chaque instant pour faire chanter notre âme. » (Brigitte Sénéca)
« L’âme, c’est un agent de liaison : elle descend dans les profondeurs pour tenter d’en extraire des pépites et l’âme les remonte pour les faire rencontrer l’esprit, et ça recommence indéfiniment. » (Brigitte Sénéca)
« L’homme est programmé pour être lui-même. » (Frère Jean)
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J’ai tellement apprécié ce Forum sous sa démarche de groupe que, lorsque j’ai senti que je souhaitais vivre un temps de retraite dans le désert, l’idée m’est venue de proposer ce séjour à un petit groupe de personnes amies, dans l’esprit des séjours mis en place par notre association RACINES vécus le premier dans le Marais Poitevin en août 2015, le second en Ardèche en juin 2016.
Je propose donc un séjour dans le désert sud-marocain du 1er au 8 février, si cela tente quelques bertaisiens, vous pouvez découvrir toutes les infos => Proposition désert – février 2018.