Auteur/autrice : Georges Morant

  • ESPRIT DU YOGA ES-TU TOUJOURS LA?

    En recevant dans notre boite à lettres comme tous les mardis le magazine Télérama (il s agissait de la semaine du 15 au 21 juillet) auquel nous sommes abonnés, j’ai  « flashé » sur la couverture (texte et dessin) : « Le Yoga a t’il perdu la tête ? ».
    Et effectivement, rien que dans notre région proche, j’ai rarement vu autant de « flyers » pour cours de Yoga, dont beaucoup proposés « l’été sur les plages environnantes » ou « yoga au coucher de soleil sur la grève » ou encore « yoga suivi de dégustation food truck-vegan » ou « yoga/longe côte » etc…etc..
    Sans compter les podcasts des youtubeurs et professeurs auto-proclamés ou certifiés en quelques semaines seulement..
    Devenu très tendance..Et ce n’est pas nouveau. Je me souviens avoir rédigé un article sur ce blog en 2015, à l’occasion de la « journée mondiale du Yoga ».
    (intitulé « Yoga-meditation surfin », vous pouvez le relire ICI)
    Et bizarrement cela avait aussi pour déclencheur un article de Télérama.(Mireille)

    Voici quelques extraits : (Georges)

    Par Marion Rousset
    Autour d’une bière, avec son chien ou sur un paddle. Le yoga, décliné dans tous les sens, est devenu un marché très lucratif. Qui prône le culte de la performance et alimente les réseaux sociaux. Jusqu’à se dévoyer complètement…

    …Après mon accouchement, je m’étais fixé pour but de récupérer mes abdos, en deux mois, j’avais mes tablettes de chocolat! Si tu veux tu peux, il n’y a pas d’excuse », clame la prof qui soulève son tee -shirt pour dévoiler son ventre sec et plat. »

    (…) le nombre de pratiquants a explosé en France, passant de  3 millions en 2010 à 10, 7 millions en 2020…A l’échelle mondiale, en vingt ans, il  » s’est imposé comme l’une des poules aux œufs d’or du capitalisme« … » On assiste à une segmentation exponentielle de ce marché concurrentiel, sur lequel il faut se différencier pour promouvoir sa méthode »… » Quand je me suis lancée, j’ai eu l’impression que j’allais moi aussi devoir devenir la prof de sport hyper bien foutue qui ne mange que des légumes crus et se lève à cinq heures du matin pour faire des salutations! » Sculpter son corps, éliminer les rides, booster sa libido, réguler ses hormones, rester en bonne santé tout au long de la vie, accroître sa force de travail…

    Pour le sociologue David le Breton,  » le yoga est entré dans une phase consumériste, ou le meilleur côtoie le pire. A côté des gardiens d’une certaine morale, un certain nombre de gens profitent de l’occasion pour faire du yoga un tremplin pour leur vision du monde. » A quoi s’ajoute une mise en récit du moment d’épiphanie, qui vend du rêve aux adeptes en jouant sur un sentiment de culpabilité : C’est ce que j’appelle le marketing de la rédemption…

    (…)  » Cette explosion du yoga va de pair avec l’émergence d’une industrie associée, qui brasse aujourd’hui des milliards de dollars » Zineb Fahsi

    « Ce n’est pas parce que c’est une discipline » exotique » qu’on peut l’enseigner sans avoir été formé » dans les règles  de l’art » Catherine Le Gallais de l’école française de yoga… » Ce qui revient régulièrement dans les bilans que nous fournissent nos élèves, c’est l’idée qu’avant, ils pratiquaient parfois dans un esprit de compétition envers eux-mêmes et les autres, et qu’ils ont découvert que le yoga reposait sur des valeurs de coopération et de bienveillance »

    (…) Sans convoquer un yoga authentique et pur, on ne peut que constater le grand écart qui sépare les versions contemporaines des principes fondateurs.

     » Certes, on retrouve dans les pratiques prémodernes l’idée d’un super-humain capable de dépasser sa condition ordinaire, mais on voit bien quand on se penche sue les textes anciens que le yoga n’est pas une voie d’optimisation de soi, même pas d’introspection. Initialement, il vise plutôt à se libérer de l’existence, à transcender son petit moi pour se relier à une forme d’absolu ». Zineb Hahsi

    Un petit de moi pour terminer ce post un peu récréatif en reprise du blog…Puisque grâce à Yann, j’ai eu l’occasion de me pencher sur un des textes fondateurs du yoga : LE YOGA SUTRA DE PATANJALI je terminerai en le citant :

    Définition du Yoga : yogash chitta vritti nirodhhah

    Mot à mot : Le yoga  (yogash)  est l’arrêt (nirodhah) de l’activité (vritti) du psychisme (chitta)
    Traduction de Yann : Le yoga, c’est l’ensemble des techniques qui permettent d’obtenir l’arrêt des activités du psychisme

    Je vous souhaite une bonne rentrée
    Georges

     

    PS : dans ce même numéro de Télérama, figurait un article sur la lutte contre les algues vertes en Bretagne, à l’occasion de la sortie du film. Un défi auquel tous devraient s’atteler tant il dit aussi de notre condition consumériste (mireille)

  • Untervalles

    Cher Ami spirituel donne-moi la main

    Pour que je puisse continuer mon chemin

    Ne me laisse pas sombrer dans le brouillard

    J’ai plus que jamais besoin de voir

    Je suis dans le dernier tiers temps avant de partir

    Et la foi n’a pas d’âge dans mes souvenirs

    Même si le corps donne des signes de fatigue

    Que le sommeil se fait plus rare

    Ce ne sont pas des raisons pour renoncer

    Au plus beau des paris, des défis

    Explorer sans cesse le sens d’être en vie

    Le seul qui en vaille vraiment la peine

    Mieux vaut regarder ce qui se cache derrière

    Plutôt que de rester une âme enfermée

    Aussi, j’me tiens tranquille à ma mesure

    Au cœur des intervalles

    Entre vies et morts à l’infini

    Jusqu’à ce que la lumière se dévoile

    Et voir la porte s’ouvrir

    Guérir

    Garder au fonds de mon cœur

    L’éclat du Silence

  • Grâce

     

    Grâce

    « Je », au plus profond

    Porté par le courant

    Se languit de ce qu’il est vraiment

    Aspire à rejoindre la Lumière

    Dévoiler le Mystère

    Même si j’avance pas à pas

    Personne jamais ne m’empêchera

    De suivre ce chemin étroit

    Vers Toi, en Toi, par Toi

    Même si le corps donne des signes de fatigue

    Même si la mémoire s’évapore

    Même si le mental s’accroche de toutes ses forces

    Empoisonne pensées, sensations et émotions

    Envenime sans cesse les situations

    A force de prendre ce qui n’est pas pour ce qui est

    Personne jamais ne m’empêchera

    De suivre ce chemin étroit

    Vers Toi, en Toi, par Toi

    Porté par le silence

    Mu par le Mystère d’être en vie

    En un instant insaisissable

    « Je » inspiré s’efface

    Laisse jaillir la vraie nature de l’esprit

    Cela, Conscience

    A l’infini

    Indescriptible, non conceptuelle

    Rien, source de tout

    Nous en Elle

    Elle en tout

    Quand tout s’éteint

    Je SUIS

    Cela, résonne en mon cœur

    Nous sommes Cela

    L’Insaisissable indicible Absolu

  • Laisse passer, laisse passer

    Laisse passer, laisse passer

    « Je » se prend pour ce qu’il n’est pas

    Les pensées s’abattent sur lui en nuées

    Les intrus, les parasites viennent sans arrêt squatter

    A un banquet auquel ils se sont invités

    Les créations mentales s’en donnent à cœur joie

    Colorent, déforment la réalité

    Laisse passer, laisse passer

    Tout revient au Silence

    Quand le cœur d’être jaillit

    Cela laisse tout derrière lui

    Mets un terme à tout attachement

    S’affranchit de toute limite

    Détruit les murs de l’exclusion

    Dit adieu à un monde personnel

    Laisse passer, laisse passer

    Tout revient au Silence

    Cela qui Est

    Vit dans le monde

    Passe à travers le miroir du ciel

    Le Silence, souverain maître spirituel

    Ne cesse de couler dans nos veines

     

  • Chemin

     

    Chemin

    Au milieu des obstacles, des pièges et des mensonges

    Même si la porte d’entrée est très étroite

    Quand l’intuition aperçoit l’essentiel

    Les nuages s’évanouissent

    Au lieu de rester prisonnier de l’ignorance

    Coincé dans un cercle existentiel limité

    Comme un mendiant, par terre et affamé

    Où l’illusion prend toute la place

    Je veux voir ce qui se cache derrière les apparences

    Unir tous les contraires et toutes les différences

    Ne plus me voiler la face

    Ouvrir très grand mon cœur

    Est la seule solution

    Pour passer de l’autre côté

    Boire à la source du Mystère

    Cela, sans limite

    L’acceptation

     

     

  • L’appel

    L’appel

    Au milieu du brouillard, des mirages

    M’accrocher encore

    A l’envers du décor

    Et ne pas sentir

    Tapi au plus profond

    L’Essence de Respire

    Le divin secret

    Conduit à l’aliénation

    D’où est-ce que Tu appelles

    Pour que je me souvienne

    Ne pas faire le sourd d’oreille

    Entendre les cloches qui sonnent

    Eteindre le feu des passions

    Répondre à l’invitation

    Rentrer à la maison

    Libre et en paix

    Union

    Et jusqu’au dernier souffle

    Traverse et voir

    A la source du silence

    L’aube d’un nouveau soleil

    Libération

    Jusqu’où faut-il aller

    Pour que « je » perde pied

    Et enfin rencontrer

    Au pays du Non Né

    Cela, l’Illimité

    Se voir ainsi dépossédé

    De toute carte d’identité

    Laisse toute la place

    A notre vraie nature

  • Maintenant

     

    Maintenant

    Maintenant, maintenant et toujours maintenant

    Chaque jour qui passe, nous rapproche de notre mort

    Chaque nuit nous emmène dans le sommeil profond

    Sourire de l’illumination, miroir de la libération

    Non, non rien jamais ne dure

    Sauf Cela qui est

    Cela qui permet tout

    Et tous nos souvenirs balayés par le vent

    Ne font qu’accroître notre cruelle condition

    L’illusion de la séparation

    Et tous nos passés aussi différents soient-il

    Nous enferment au cœur de l’illusion

    Seulement voilà, seulement voilà

    En vérité, la Vie, être en vie est un miracle sans cesse renouvelé

    Un festival illimité de nouveauté

    L’indicible silence

    L’insaisissable présent

    Conduisent vers les cimes

    Aussi abyssale que soit la souffrance

    L’épaisseur du mirage de l’ignorance

    Les blessures, les épreuves et les deuils

    Laissons-nous porter par le courant de la Conscience

    N’oublions jamais

    Souvenons-nous

    Rappelons-nous

    Au cœur de l’être

    L’éclat immaculé de notre intrinsèque dignité

    Maintenant, maintenant, et toujours maintenant

    Relever le défi de l’impermanence

    Voilà bien Le plus fou, le plus sage des paris

    Mettre un terme à notre aliénation

    Sortir de la prison

    Respirés par le souffle divin de l’Esprit

    Portés par la Foi et L’Espérance

    Avec courage, patience et persévérance

    Armés d’une détermination immense

    Puissions-nous réaliser le plus noble des buts

    Actualiser notre vraie condition d’homme

    Humain et divin

     

  • Impressions de méditation….

    Cet article me vient maintenant, ce matin à la suite d’une relecture du livre magnifique de Mingyour Rinpotché : « Pour l’amour du monde » . Je le citerai après avoir écrit ce qui suit.

    La méditation, si c’est un art, est l’art le plus subtil que je connaisse. Je ne connais rien en art. Ce qui se rapproche beaucoup de la méditation est la chasse. Et oui la chasse que je n’apprécie pas du tout! Et particulièrement l’art de traquer. Se tenir immobile de la façon la plus complète possible. A partir de là tout est possible et commence l’extrême difficulté de la pratique d’un tel art. Pourquoi? Parce que ce que « je » recherche dans la méditation n’est pas de l’ordre du visible, du concret, du matériel, du solide. C’est tout le contraire. C’est en fait partir à la recherche de quelque chose d’impossible à attraper; qui ne cesse de s’échapper. Aussitôt que « je » s’en approche et c’est possible; le sol se dérobe sous le coussin. Méditer c’est partir à la traque de l’insaisissable mystère de ce que je suis vraiment  qui ne cesse de s’échapper.

    (…) tout ce qui attire notre attention sur le changement nous aide à comprendre avec plus de stabilité que l’impermanence  est un état immuable de notre vie. En tant que voie de la Libération, la reconnaissance intellectuelle de l’impermanence  doit s’associer à l’expérience incarnée; il nous est alors plus facile de cesser de nous cramponner à ce que nous ne pouvons pas posséder, qu’il s’agisse de notre propre corps ou de celui d’êtres que nous aimons, de notre rôle ou de notre prestige (…)

    (…) Les éclairs de conscience immaculée peuvent avoir une vertu transformatrice, mais il faut du travail pour stabiliser la vue. C’est pourquoi nous disons : courts instants, nombreuses fois. De très nombreuses fois!

    Yongey Rinpotché  » POUR LAMOUR DU MONDE » page 84

  • « L’omission » et le thème de la neutralité

    Gilles Farcet a publié ce texte  sur sa page communauté facebook  publique dans le contexte de la sortie de son nouveau livre : » L’Omission » (éditions le Clos Jouve). Il s’agit d’un roman,  centré sur la découverte tardive de l’existence d’un demi-frère.
    A cette occasion, Gilles a souhaité s’exprimer au sujet du thème de la « neutralité », cher à l’enseignement de Swami Prajnanpad.
    Nous avons pensé que ce texte pouvait autant servir à notre réflexion spirituelle que donner l’envie de lire le roman de Gilles.
    PERSPECTIVE PARTAGÉE (1)
    « NEUTRE, VOUS AVEZ DIT « NEUTRE » ?
    Mon dernier livre en date, l’Omission a pour sujet la découverte tardive d’un secret de famille. C’est un récit d’où toute référence explicitement spirituelle est délibérément absente.
    Et pourtant, je le vois comme un ouvrage de « transmission » dans la mesure où il a été écrit (et du coup, je l’espère, véhicule) une perspective  « neutre »  au sens très précis et difficile à appréhender que donne à ce terme Swâmi Prajnanpad.
    Entrer en relation avec quoi et qui que ce soit (nous-mêmes en tant que personne, notre histoire, l’autre, tous les autres, un évènement, ce qu’on appelle communément « l’actualité », le temps qu’il fait, les perceptions, sensations, pensées , etc etc) de manière « neutre » ne signifie aucunement de manière indifférente, tel un robot …
    Le même Swâmi Prajnanpad qui affirme « tout est neutre » dit aussi à propos d’une circonstance : « it is happy no doubt », « c’est incontestablement heureux » … Ce qui implique qu’il puisse dire d’une autre circonstance : « c’est incontestablement malheureux ».
    Alors oui, ce qui est est, point. Pas « ce qui devrait être, aurait dû être, aurait pu être », etc. etc.
    Et, pour prendre des exemples forts et vécus, se tenir autour d’un berceau pour entourer de jeunes parents ravis de contempler leur enfant désiré et en bonne santé n’a pas du tout la même saveur humaine que se tenir devant un caveau où des parents mettent en terre leur enfant – même si l’un comme l’autre évènement participent de notre condition sur cette terre.
    La joie comme le chagrin sont, fort heureusement (oui , même dans le cas du chagrin) ressentis, non seulement ressentis mais, s’il n’y a pas blindage vis à vis des affects, pleinement éprouvés dans toutes leur facettes et leur puissance.
    Voir dans le fait que le chagrin soit éprouvé une conséquence d’un « refus » participe encore d’un total contresens et d’une confusion (hélas souvent remarquée chez nombre de personnes intéressés par l’ « enseignement » dans cette lignée. Bien davantage serait à expliciter sur ce point précis mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui.
    Donc, « neutre » n’est pas synonyme d’ « indifférent », insipide.  Aller vers une relation « neutre » à ce qui est ne participe pas d’un degré zéro de la perception opérant un « nivellement par le neutre », nous faisant vivre dans un monde dépourvu de goût , de textures, de contrastes. Une relation « neutre » signifie en vérité une relation qui n’émane pas de ce que Swâmi Prajnanpad (et dans sa suite Arnaud Desjardins ) désignent dans leur terminologie par « ego » et « mental » (voir les nombreux ouvrages où ces termes sont précisément explicités).
    Autrement dit, il s’agit d’une appréhension de moins en moins subjective de ce qui est, donc de plus en plus objective (« le monde » plutôt que « mon » monde , avec ce paradoxe apparent que l’objectivité en question ne prétend pas gommer la dimension individuelle du sujet qui perçoit ; laquelle perception sera nécessairement teintée par sa culture dans tous les sens du terme (âge, nationalité, milieu social, éducation) .
    On pourrait donc dire si on souhaite ne pas se contenter d’approximations et aller dans les nuances que la perception neutre ne sera jamais tout à fait neutre puisqu’elle prend place en et à partir d’une forme (en l’occurrence un être humain) et qu’aucune forme ne saurait être exempte du moindre conditionnement, puisqu’elle se manifeste au sein du relatif – un ensemble dont tous les éléments sont en constante relation- interaction.
    Aucun être humain ne peut être sans le moindre conditionnement, c’est par nature impossible. Par contre, un être humain peut être de moins en moins prisonnier de, identifié à, et donc déterminé par, dans sa relation à ce qui est, aux conditionnements divers.
    Une « vision neutre » est un pléonasme. Tant que ce sont l’ego et le mental , avec leur armada de refus, préjugés, interprétations, émotions, réactions etc qui prétendent « voir », il ne saurait y avoir « vision ».
    Voir, c’est appréhender ce qui est tel que c’est, ou au plus près de « tel que c’est », l’appréhender avec toutes les dimensions de la personne que je suis (sentiments, perceptions, sensations, capacité d’analyse et de conceptualisation) sans qu’interfèrent émotions (là aussi au sens précis dans lequel Swâmi Pranjnanpad utilise ce terme), pensées (idem), refus, interprétations réactives nées des refus, des pensées et des émotions.
    Voir est neutre ; et voir n’est pas un processus froid. Voir c’est ressentir de tout son être , de toute son humanité, éprouver tout ce qui peut en l’occurrence être éprouvé. Sans refus, sans appropriation, donc sans réaction, revendication, sans créer un personnage de victime, un ou des personnages de bourreaux, sans partir de la pseudo conviction que ce qui est, a été, devrait ne pas être, aurait pu ne pas être…
    Ce qui n’exclut en rien le positionnement dans l’action en relation aux situations. Bien au contraire, cela seul permet un positionnement, une action digne de ce nom. En l’absence de réelle vision, il n’y a que réaction. L’être humain qui n’a pas « travaillé » ne fait rien, affirme Monsieur Gurdjieff. Tout en lui arrive, mécaniquement, même si, dans son illusion, il se revendique « libre ».
    Qu’il existe aussi et sous jacent à tout cela encore un autre niveau, une présence impersonnelle, tout inclusive, au sein de laquelle il n’y a « personne » selon l’expression bien galvaudée, oui.
    La relation neutre avec ce qui est émane (comme tout ce qui est, d’ailleurs ) de cette présence, elle absolument neutre, mais elle prend place en un sujet, donc une forme qui en constitue une manifestation unique. Bref … L’important étant de ne pas trop rapidement et très approximativement confondre les niveaux, tout niveler par simplisme et peur de la complexité en une manière de rouleau compresseur se voulant « non duel » comme c’est de nos jours très « tendance ».
    La vision « neutre » est intrinsèquement et naturellement compatissante, en empathie, puisqu’elle n’émane pas de la prétention que ce qui est aurait du, aurait pu être autrement, que l’autre aurait du,  aurait pu, etc etc. La vision neutre est en communion, ce qui ne lui enlève en rien une capacité ensuite d’évaluation et d’appréciation.
    « Etre libre, c’est être libre de papa et maman » affirme audacieusement Swâmi Prajnanpad. Audacieusement car on pourrait interpréter cette parole comme une manière de ramener la quête de liberté spirituelle à une démarche thérapeutique.
    En fait, être libre de papa et maman, c’est voir ses parents non plus à partir de la perception forcément émotionnelle de l’enfant mais en tant qu’êtres humains, ces personnes qui se trouvent être ceux à travers lesquels nous sommes venus à ce monde et qui ont fait ce qu’ils ont pu, n’ont pas fait ce qu’ils ne pouvaient pas… Les voir, de manière neutre. Donc avec compassion, compassion n’équivalant pas à disparition de tout discernement. La neutralité est lucide, juste, elle remet chaque élément à sa place dans l’ensemble jamais occulté.
    Ce que je viens d’écrire est une modeste tentative « d’explication», de « pédagogie ». Un petit livre comme l’Omission n’est pas une explication mais une manière d’incarnation. Le témoignage, dans mon esprit, d’une perspective en mouvement :
    Une histoire, ô combien personnelle, un secret de famille et ses conséquences, avec toutes les personnes impliquées, une histoire donc est racontée, évoquée. Et elle l’est dans une intention et de fait dans une perspective « neutre ». A la fois quantité de sentiments, la situation du « secret » évoquée dans toute sa violence …
    Et ni victimes ni bourreaux, en tout cas pas de personnages de victimes, pas de personnages de bourreaux, même si il y a bien des personnes dont les actes participent à la souffrance, à la maladie, des personnes affectées par ces actes …
    Pas de revendications, pas de « révolte ». Des positionnements pour œuvrer autant que possible dans le sens de la guérison.
    Bref, pour moi , aujourd’hui et là où j’en suis, le texte « littéraire » – poème, récit- est une manière d’incarner plutôt que d’expliquer, de montrer plutôt que de dire.

    un frère un demi-frère
    jamais rien soupçonné jamais rien pressenti
    je tape sur google son patronyme à particules qui a l’avantage de n’être pas courant
    je trouve une adresse un numéro de téléphone à ce nom dans les pages blanches de Lyon
    j’écris une lettre sobre
    Je m’appelle Gilles Farcet, je suis né à Lyon en 1959 , mon père s’appelait Constant Farcet . Si cela vous dit quelque chose et si vous souhaitez entrer en contact avec moi, voici mes coordonnées. Si par contre vous ne le souhaitez pas ou que mon nom ne vous dit rien, je vous prie de m’excuser de vous avoir importuné.
    je poste la lettre deux jours après
    ……………………………….
    Gilles Farcet ?
    Oui ..
    Antoine de …
    puis rien
    cinquante ans de secret
    quelques secondes de silence
    au téléphone
    je reprends la parole
    le nom de Constant Farcet vous dit quelque chose ?
    c’était mon père
    alors nous avons le même…
    ……………………………….
  • La souffrance est un mécanisme erroné du mental

    « Si quelqu’un vous dit qu’il a vu en plongée avec un masque des poissons magnifiques dans la mer rouge, vous le croyez, mais si un sage vous dit que la souffrance est un mécanisme erroné du mental, vous ne le croyez pas.
    Pourquoi ? » ARNAUD

    « Il faut reconnaître que le plus souvent, ce qui n’est pas accessible d‘emblée peut susciter des jugements hâtifs, de la méfiance, voire de la peur. L’expérience remarquable d’Etty Hillesum, relatée dans son livre Une vie bouleversée, n’est pas reconnue par tous, justement parce qu’elle dépasse de beaucoup le fonctionnement ordinaire du mental et des émotions. Lorsqu’un étudiant en psychologie a voulu, par exemple, présenter Etty comme sujet de mémoire, les membres du jury n’ont pas tant analysé la profondeur de son expérience que livré un diagnostic selon lequel elle était tout simplement atteinte de « déni de la réalité » et de « délire en secteur. » L’idée même que l’on puisse vivre en dépassant le monde de la dualité est inconcevable »…

    ERIC EDELMANN, dans « LA SPLENDEUR DU VRAI »,  p 61, 62

     

  • Au cœur de l’été…

    Bonjour à toutes et à tous,
    J’espère que vous avez passé de bonnes vacances . Si vous l’êtes encore, enjoy.
    Suite à notre dernier article avant la pause, notre projet de livre a bien avancé, grâce notamment à plusieurs d’entre vous qui ont pris de leur temps estival pour lire et noter les articles du blog présélectionnés et nous les remercions de nouveau.
    Cela a abouti à une nouvelle sélection et la trame du livre se précise.

    Au cours de ces relectures, nous avons pu mesurer la grande richesse et variété de tant de partages.  Nul doute que cette Sangha bertaisienne aime, anime, apprécie ce blog, reflet de ce sentiment de communauté.

    Mireille et moi avons passé quelques jours  à Angles sur Anglin où nous avons pu assister à deux concerts  de GDR (Gestion Des Restes – voir lien d’un precedent article ici), groupe rock animé par Gilles Farcet. Comme beaucoup d’entre vous le savent, Mireille et moi sommes des fans de rock depuis des temps qui ne nous rajeunissent pas.
    Nous en avons profité pour découvrir cette région que nous ne connaissions pas du tout, avec jolis villages médiévaux (Angles -Viviane en avait fait un article il y a plusieurs années – Chauvigny), abbayes (Saint-Savin), cours d’eau (L’Anglin, la Gartempe, la Vienne)..

     

    Les concerts donnée au cours de cette mini tournée d’été furent riches en péripéties. A titre d’exemple, la sono du premier concert au café Bellevue à Angles était cata. Le deuxième auquel nous avons assister à Saint Savin fut très bon.

    Mais ce n’est pas du tout de concert rock dont je veux vous témoigner maintenant. Ce dont je veux témoigner, c’est celle d’une dynamique intense, puissante et harmonieuse crées autour d’un disciple d’Arnaud nommé Gilles Farcet

    Le plus remarquable aux yeux de mon cœur pendant ce court séjour fut d’être en présence d’une Sangha. Une sorte d’amour bienveillant flotte dans l’air. Presque tout le monde se connait et celles et ceux qui ne se connaissent pas le ressentent. C’est du moins ma projection. Ce qui me paraît assez génial, c’est le contexte spirituel,  fraternel et inspiré qu’a su transmettre Gilles à un grand nombre de personnes.

    Et c’est là que nous en  revenons à notre projet et à l’approche des 30 ans de la Bertais. Car il s’agit là aussi d’une dynamique insufflée par des élèves d’Arnaud, Yann et Anne-Marie, là aussi un esprit, d’une communion, via ce blog, via nos rencontres depuis 30 ans.

    En espérant que vous continuerez de faire vivre cette belle sangha bertaisienne.
    (par de nouveaux articles par exemple, issus de vos périples, lectures ou différents témoignages de pratiques..)

    Et pour vous donner un aperçu des concerts, répétitions et ambiance de ces quelques jours, voici un petit montage réalisé par un membre du groupe

     

  • Un disciple de Chandra Swami raconte :

     

    A mon premier retour d’Inde, j’ai pris l’avion et dans la salle d’embarquement à l’aéroport de Dehli, il y avait une vielle sœur ermite qui avait une apparence merveilleuse et j’ai souhaité très vivement être assis à ses côtés dans l’avion pour pouvoir parler avec elle. Je me suis retrouvé assis auprès d’elle et tout de suite, j’ai engagé la conversation et lui ai demandé qui elle était.

    Elle est allée en Argentine et a vécu dix huit ans là-bas. Au bout de dix huit ans, elle est venue en France pour entrer dans un cloître. Elle y est restée trente ans et puis au bout de trente ans, elle s’est rendue compte que ce n’était pas sa tasse de thé- elle m’a dit cela comme ça. Donc, elle a rendu son tablier, elle a quitté le cloître et elle est allée ensuite dans les collines de Grèce. Et là, elle s’est déplacée de petite chapelle en petite chapelle pendant quelques années puis elle a senti l’appel de la Terre sainte et s’est rendue dans le désert, en Israël.

    Elle a vécu quelque temps dans une grotte, loin de tout. Et puis un jour, Cela est arrivé. Elle a dit :  » A ce moment là, je n’ai plus vu de différence entre dire une prière et éplucher une orange. Et à partir de ce moment là, il y a des tas de gens qui sont venus me voir pour me demander ce qu’il fallait faire pour s’approcher de Dieu et, évidemment, je ne pouvais pas leur dire « éplucher des oranges », alors je leur ai dit de dire des prières !

    Eric Edelmann, Plus on est de sages, plus on rit, Le Relié, 2005, pp. 151-152.

  • Aveuglement et ignorance

    (…) » Cette civilisation moderne a conduit l’ humanité à deux guerres mondiales, mais la leçon n’ a servi à aucun politicien…
    La politique ne se préoccupe que des apparences et ne tient aucun compte des réalités profondes.
    Seule la conscience de leur nature spirituelle commune peut unir les hommes. Le sens de leur individualisme les condamne à l’ égoïsme et aux conflits. C’est dans la vision même de l’ homme et du sens de sa vie que se trouve la racine de tous les « problèmes ».
    Tant que l’ aveuglement et l’ ignorance prévaudront, tout problème résolu fera immédiatement place à un autre, dans un déséquilibre permanent.
    L’ intérêt pour la politique tient aujourd’hui la place que tenait autrefois l’ intérêt pour la religion. Moins les gens ont l’ intention de se diriger et de se réformer eux-mêmes, plus ils se préoccupent de la façon dont il faudrait diriger ou réformer la société.
    En fait, les « problèmes » politiques, économiques et sociaux ne sont qu’ une façade qui masque le véritable problème, lequel est spirituel et psychologique.
    Aucune mesure ne sauvera la situation, qui ne tiendra pas compte de la réalité spirituelle, de la vraie nature de l’ Homme.
    Pour le moment, l’humanité tourne le dos à cette vérité fondamentale. L ‘existence devient sans cesse plus complexe à tous égards et interdit de plus en plus aux hommes et aux femmes toute velléité de vie intérieure.
    Le véritable bonheur ne peut se trouver que dans la « réalisation » ou la prise de conscience de la Nature profonde, du Soi, mais jeunes et vieux cherchent désespérément des plaisirs et des satisfactions qui ne peuvent pas durer.
    C’est, par excellence, le fruit de ce que tous les enseignements initiatiques ont appelé l’ aveuglement et l’ ignorance.(…)

    Arnaud Desjardins , Monde moderne et Sagesse ancienne, la Table Ronde, 1986
  • Monsieur Gurdjieff (4)

    – » Lorsque le savoir l’emporte sur l’être, l’homme sait, mais il n’a pas le pouvoir de faire. C’est un savoir inutile. Inversement, lorsque l’être l’emporte sur le savoir, l’homme a le pouvoir de faire, mais il ne sait pas quoi faire. Ainsi, l’être qu’il a acquis ne peut lui servir à rien, et tous ses efforts ont été inutiles.

    •  » Dans l’histoire de l’humanité, nous trouvons de nombreux exemples de civilisations entières qui périrent soit parce que leur savoir surclassait leur être, soit que leur être surclassait leur savoir.
    • A quoi aboutissent un développement unilatéral du savoir et un développement unilatéral de l’être? demanda l’un des auditeurs.
    •  » le développement de la ligne du savoir sans un développement correspondant de la ligne de l’être, répondit G. donne un faible yogi, je veux dire un homme qui sait beaucoup, mais ne peut rien faire, un homme qui ne comprend pas (il accentua ses mots) ce qu’il sait, un homme sans appréciation, je veux dire : incapable d’évaluer les différences entre un genre de savoir et un autre.
    • Et le développement de la ligne de l’être sans un développement correspondant du savoir donne le stupide saint. C’est un homme qui peut faire beaucoup, mais il ne sait pas quoi faire, ni avec quoi ; et s’il fait quelque chose, il agit en esclave de ses sentiments subjectifs qui peuvent l’égarer et lui faire commettre de graves erreurs, c’est-à-dire, en fait, le contraire ce ce qu’il veut. Dans l’un et l’autre cas, par conséquent, tant le faible yogi que le stupide saint arrivent à un point mort. Ils sont devenus incapables de tout développement ultérieur.
    •  » Pour saisir cette distinction et, d’une manière générale, la différence de nature entre le savoir et l’être, et leur interdépendance, il est indispensable de comprendre le rapport du savoir et de l’être, pris ensemble, avec la compréhension. Le savoir est une chose, la compréhension en est une autre. Mais les gens confondent souvent ces deux idées, ou bien ils ne voient pas nettement où est la différence.
    •  » Le savoir par lui-même ne donne pas de compréhension. Et la compréhension ne saurait être augmentée par un accroissement du seul savoir. La compréhension résulte de la conjonction du savoir et de l’être. Par conséquent, l’être et le savoir ne doivent pas trop diverger, autrement la compréhension s’avérerait très éloignée de l’un et de l’autre. Nous l’avons dit, la relation du savoir à l’être ne change pas du fait du simple accroissement du savoir. Elle change seulement lorsque l’être grandit parallèlement au savoir. En d’autres termes, la compréhension ne grandit qu’en fonction du développement de l’être.
    •  » Avec leur pensée ordinaire, les gens ne distinguent pas entre savoir et compréhension. Ils pensent que si l’on sait davantage, on doit comprendre davantage. C’est pourquoi ils accumulent le savoir ou ce qu’ils appellent ainsi, mais ils ne savent pas comment on accumule la compréhension et ils ne s’en soucient pas. »

    Roger LIPSEY  : « GURDJIEFF, Sa Vie, son œuvre, sa transmission ». Pages 98-99


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  • ASCENSION

    Maintenant, maintenant, et toujours maintenant

    Chaque jour qui passe, nous rapproche de notre plénitude

    Chaque nuit nous emmène dans un sommeil profond

    Clin d’œil de la Libération

    Miroir de l’illumination

    Non, non rien jamais ne dure

    Sauf Cela qui est

    Cela qui permet tout

    Et tous nos souvenirs balayés par le vent

    Ne font qu’accroître notre cruelle condition

    L’illusion de la séparation

    Et tous nos passés aussi différents soient-il

    Nous maintiennent au cœur de la prison

     

    Seulement voilà, seulement voilà

    La Vie, être en vie est un miracle sans cesse renouvelé

    Un festival illimité de nouveauté

     

    L’indicible silence

    L’insaisissable présent

    Conduisent vers les cimes

     

    Aussi abyssale que soit la souffrance

    L’épaisseur du mirage de l’ignorance

    Les blessures, les épreuves et les deuils

    Laissons-nous porter par le courant de la Conscience

     

    N’oublions jamais

    Souvenons-nous ; rappelons-nous

    Au cœur de l’être

    L’éclat immaculé de notre intrinsèque dignité

     

    Maintenant, maintenant, et toujours maintenant

    Relever le défi de l’impermanence

    Voilà bien Le pari le plus, le plus sage

    Mettre un terme à notre aliénation

    Sortir de la prison

     

    Respirés par le souffle de l’Esprit

    Portés par la Foi et L’Espérance

    Avec courage, patience et persévérance

    Armés d’une détermination immense

    Puissions-nous réaliser le plus noble des buts

    Actualiser notre vraie condition d’homme

    Humain et divin