Récemment est paru le dernier livre de Daniel Morin dont le titre est si évocateur :
« JE, NE SAIT PAS »..
(pour ceux qui ne connaissent pas Daniel, il a été ouvrier métallurgiste pendant plus de trente ans. Sa recherche intérieure l’a conduit dès 1968 à rencontrer Arnaud Desjardins, puis à travailler à ses côtés,entre 1995 et 2008, à Hauteville. Il a écrit 3 autres ouvrages avant celui-là)
C’est tout sauf facile de parler du nouveau livre de Daniel. Celles et ceux qui ont eu le grand bonheur de le voir transmettre à la Bertais ou à Hauteville se souviennent certainement de l’impact si puissant de ces interventions. Mes souvenirs de Daniel à la Bertais se sont maintenant un peu éteints mais il m’en reste une force très puissante et un rappel de sa manière de transmettre si directe, si verticale pour reprendre les mots de Mireille. S’il fallait choisir la formule « préférée » de Daniel, cela pourrait être : » Pas ce qui devrait être mais ce qui est ». Daniel pouvait pendant un très long moment ne s’appuyer que sur cette formule et renvoyer inlassablement celui ou celle qui posait sa question à cette formule.
Bien sûr, il y en a plein d’autres mais ce n’est pas possible ici, maintenant d’en dire plus. Ce que je veux vous dire avec une grande conviction est que je vous invite très fort à lire son livre, peuplé d’extraits plus savoureux les uns que les autres. Vous savez à quoi je pense? C’est au mot pépite. S’il y a bien un endroit rempli de pépites, c’est bien dans le dernier livre de Daniel! Lisez son livre. Vous ne serez pas déçus mais plus que probablement interloqués, voire plus…
CHOIX D’UN EXTRAIT( p 20- introduction)
(…) L’humain est la seule espèce vivante pouvant créer un idéal imaginaire qu’il prend pour une réalité, alors qu’il est un élément imparable de la vie qui obéit aux lois universelles.
D’où venons-nous? A part créer des histoires, faire des hypothèses, nous n’en savons rien. Quelle que soit la connaissance complexe que l’on ait, nous serons toujours devant l’inconnaissable face à : » Qu’est-ce qui permet qu’il y ait ce qui est? Ceci ne peut pas être saisi par une sommes de connaissances.
Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou » Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi qui saura de plus en plus…
Jamais le fini ne pourra saisir l’infini. Jamais le défini ne pourra saisir l’indéfinissable.
Tout ce que l’on connaît sera toujours limité par ce que l’on ignore.
Un dernier mot : Gilles Farcet a commenté le livre de Daniel sur sa page publique facebook communauté. Comme d’habitude son analyse, ses propos sont des plus intéressants. Aussi, si vous le souhaitez, n’hésitez pas à me demander de vous les mettre sur le blog. En voici quelques lignes :
(…)Ce n’est pas un livre facile.
Même si le propos est en lui même simple et pour ainsi dire « tourne en boucle » autour des thèmes de la non séparation et de la demande d’impossibilité émanant de l’illusion de la séparation, il ne s’agit pas d’un de ces bouquins comme il s’en publie tant.
Je pense à ceux , si nombreux, qui ressassent une ou deux notions de manière simpliste -ce qui n’est pas équivalent à simple. Ce que j’appelle parfois « la métaphysique à deux balles » ou l »e syndrome du médecin de Molière » (celui qui à chaque symptôme énoncé par le patient lui répond : « le poumon, le poumon, le poumon vous dis-je ! »)
La métaphysique simpliste prétend évacuer la complexité au nom de la simplicité, si bien que le propos est pauvre.
Ici, il est riche.
La simplicité de la vision partagée inclut et articule autant que le permettent les limites du discours toute la complexité inhérente à l’humain, au relatif au sein duquel tout argument appelle son contre argument, toute proposition sa contre proposition, avec tous les malentendus potentiels et inévitables …
Bref, c’est un livre qui demande un effort, effort intellectuel mais pas seulement ; du coup c’est très bien qu’il soit court.
A mon avis, et je sais pour avoir échangé avec lui sur ce point que Daniel souscrit à cette « mise en garde », gare aux lecteurs qui pensent trop vite « avoir compris ».
En lisant ce livre, j’ai reconnecté avec Daniel tel que je l’ai connu notamment à Hauteville. Ce « génie » de la formule, cette approche si percutante…
Je dirais que si sa vision a nécessairement mûri, ou pour s’exprimer comme lui, est devenu plus nette, je ne sens pas de différence majeure entre sa transmission à Hauteville et celle véhiculée par ce livre quinze ans après son départ de l’ashram.
La différence, considérable, tenant bien sûr au contexte et à la forme. (…)




























