Auteur/autrice : Georges Morant

  • Christian Faure : Lumières d’exil…Un disciple de Swâmi Prajnãnpad chez Einstein, Freud et Gorki

    C’est un livre remarquable que je vous recommande haut et fort.

    « Ces carnets imaginaires rapportent l’histoire vraie d’un jeune révolutionnaire indien qui fuit l’Inde de 1930 comme passager clandestin confiné sur un paquebot italien. Dans une Europe au bord du précipice, il rencontre trois personnages clefs de l’Histoire, Gorki, Einstein et Freud, génies plus ou moins proches de l’exil.

    Ce disciple de Swami Prajnanpad, maître nourri de la tradition hindoue et novateur dans sa reformulation de l’Advaita Vedanta, va se confronter à des visions du monde qui mettent en perspective les dimensions sociales, scientifiques, psychologiques et spirituelles. » (4eme de couverture)

    Christian Faure… Riche d’un parcours professionnel éclectique mais toujours centré sur l’autre, Christian Faure exerce aujourd’hui comme psychologue. Après une dizaine d’années de méditation, il devient élève d’Arnaud Desjardins en 1989

    Et, pour vous donner un aperçu de ce que vous trouverez dans ce livre, voici un court extrait :

    (…) Einstein : « Ce que votre maître affirme me fait penser à une sorte de métaphysique » ?

    Satya cite Swamiji : « De la physique à la métaphysique, il n’y a qu’un pas, seulement méta : un pas au-delà. La métaphysique n’est rien d’autre que l’accomplissement naturel de la physique. Celui qui en a terminé avec la physique passe à la métaphysique »

    Einstein : « Vous voulez dire que je n’en ai pas fini avec le physique ! s’insurge faussement mon interlocuteur…C’est certain ! ajoute-il dans un demi-sourire. Je veux mettre le monde en formule et découvrir les secrets du Vieux

    Satya : Du Vieux ?!

    Einstein : Le Vieux, oui, c’est ainsi que j’appelle Dieu. Et j’aimerais savoir si Dieu avait un quelconque choix en créant le monde. Qu’en dites-vous ?

    Satya : La conception de Dieu est assez différente en Europe et en Inde. Votre mot Dieu couvre chez nous différents aspects

    Tout d’abord, Brahman, l’Absolu sous-tend toute chose, caractérisé par l’être, la Conscience et la Béatitude.

    Ishvara, le Seigneur de la manifestation prend trois formes : Brahma, la création, Vishnou, la préservation et Shiva la destruction.

    Cette trilogie appelée trimurti dans ce que vous appelez en Occident l’hindouisme, représente les trois phases de l’existence de ce monde. Un peu, comme si, en se manifestant par la création, Brahman « devenait » Ishvara.

    Nous distinguons également l’Atman, le Soi, le principe de vie autour duquel s’organise toute chose. Je ne sais pas s’il y a quelque chose d’équivalent en Occident. Dans l’Advaïta Vedanta, texte sacré et référence centrale de mon maître Swâmiji, l’Atman est identique au Brahman

    Einstein : Comment pourriez-vous être plus explicite ?

    Satya : Sorry ! Je vais essayer. Imaginez un danseur, tant qu’il ne danse pas, il n’y a ni danseur, ni danse. Il n’y a qu’un homme assis. Lorsqu’il commence à danser, la danse se produit et le danseur existe et on ne voit plus l’homme assis. Remplacez l’homme immobile par Brahman, le danseur par Ishvara et la danse par la Création et vous avez notre conception de Dieu.

    Einstein : Cette image est très claire. Vous avez raison, notre notion de Dieu est moins précise. Pour ma part, je dirais que je ne me sens pas religieux au sens habituel. Les gens croient par superstition car ils craignent ce qu’ils ne comprennent pas, les phénomènes naturels qui se produisent. Alors ils créent du surnaturel. Ou bien ils croient se conformer à une règle sociale et morale. Cependant, si croire, c’est contempler la structure de l’Univers en accord avec la science, alors je veux bien de cette religiosité cosmique. Il y a pour moi un ordre harmonieux qui révèle la présence de Dieu (…)

    Voilà, ce n’est qu’un court extrait qui ne donne qu’un léger aperçu de ce livre assez incroyable en fait, il fallait oser écrire ces carnets imaginaires

    Très bonne lecture

    Je ferai peut-être  un autre article, avec la rencontre avec Sigmund …

  • Joyeux, joyeux Noel

    La source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Là, où nous Sommes

    Si près de Dieu, que nous ne le voyons pas

    Le souffle de l’Esprit, au-delà de l’âme

    Nous invitent à la noce, pour rejoindre ensemble

    La source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Cela, ne cesse jamais d’Aimer

     

    Là, où nous Sommes

    Si près de Dieu, que nous ne le savons pas

    Le feu de la Présence, inextinguible

    Brûle avec une infinie patience

    Pour nous faire souvenir

    La source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Cela, ne cesse jamais d’aimer

     

    Là, où nous Sommes

    Si près de Dieu, enfoui en Lui

    Le mystère d’être en vie

    Nous rappelle, chaque jour, chaque nuit

    L’extrême douceur d’une eau vive, infinie

    La source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Cela, ne cesse jamais d’Aimer

     

    Là, où nous Sommes

    Si près de Dieu, que nous l’oublions sans cesse

    Un secret divin, un trésor inespéré

    L’aube d’une nouvelle naissance

    Se dessine à l’horizon, sous nos yeux émerveillés

    La source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Cela, ne cesse jamais d’Aimer

     

    Là, où nous Sommes

    Si près de Dieu, que nous ne le goûtons plus

    Le bonheur d’Être, la joie de l’union

    La promesse de Libération

    Celle qui répond à notre aspiration la plus profonde

    Rejoindre la source toujours pure de nos cœurs d’enfants

    Cela, ne cesse jamais d’Aimer

     

  • Les 9 visages de l’âme, de Sandra Maitri

    « Dans les mois qui suivirent la mort d’Arnaud, un livre sur l’ennéagramme nous fut vivement recommandé ;  » The spiritual dimension of Enneagram », de Sandra Maitri. L’auteur, une psychologue américaine elle -même engagée sur un chemin spirituel apparenté à la quatrième Voie (celle transmise par Gurdjieff), y décrit cette science héritée du fond des âges et dont on n’a pas encore retracé avec certitude l’origine culturelle et géographique précise.

    Cet outil universel appliqué à la psychologie révèle neuf types de personnalité comme neuf manières dont, en tant qu’enfant, nous nous sommes coupés de l’innocence fondamentale, du Divin. Cette compréhension de la dynamique profonde entre les niveaux psychologiques et spirituels nous est apparue comme une aide précieuse sur le chemin enseigné par Swâmi Prajnanpad, où il s’agit de lever un à un les voiles qui obscurcissent notre nature essentielle, lumineuse.

    S’il y a autant de chemins pour revenir à la Source que de façons de l’avoir quittée, le processus spirituel se comprend comme un lent retour sur nos pas après des années d’exil. En des termes religieux, cette vérité se trouve magnifiquement exprimée par Maître Eckart :  » Vous trouverez Dieu à l’endroit exact où vous l’avez perdu. »

    Dans son ouvrage, Sandra Maitri reprend les formulations de son propre maître, Ichazo, qui décrit, sans aucun ménagement pour l’égo, les rouages intimes de ces neuf types de personnalité, abordés comme autant de prisons. Gurdjieff employait l’expression  » l’horreur de la situation » pour exprimer notre condition lorsque nous sommes soumis à l’enfermement maintenu par le mental.

    Qu’importe l’ennnéatype, qu’importe le couleur des barreaux pour celui qui s’engage dans un processus de Libération. Il n’y a pas de geôle plus enviable qu’une autre.

    Sur la voie de l’Advaita Vedanta, un part essentielle de la pratique consiste justement à étudier le plan de sa propre prison pour mieux s’en libérer. »

    Sophie et Eric Edelmann, dans leur livre  » Dites leur de viser haut » ,  page 311 et 312

    Je les remercient  infiniment. Je viens de terminer la lecture du livre de Sandra Maitri 
    Ce livre est un trésor, un énorme coup de cœur.
    Les mots me manquent pour dire toute son infinie richesse
    Je vous le recommande très fort.

    Georges

    PS : Et maintenant, plus fun, je me mets à écrire un autre article, dans la même veine, sauf que, actualité synchronicité, celui-ci décrira très précisément un ennéatype, que vous serez très nombreuses et nombreux à reconnaître

  • La citation du lundi 80

     

    (…) L’engouement de la méditation laïque est sans doute dû au fait qu’elle propose de guérir du stress et de la dépression, mais elle ne nous propose pas pour autant de nous conduire à la réalisation du Soi. Dans une démarche traditionnelle, l’intention est de purifier le mental et de le rendre transparent à la dimension divine en nous.

    Avec beaucoup de réalisme, Nisargadatta Maharaj nous dit que :  » pour aller au-delà du mental, vous devez avoir un mental en parfait état. Vous ne pouvez laisser le désordre derrière vous et aller de l’avant. Il semble que  » ramasser vos rebuts » soit une loi universelle et une loi équitable, par-dessus le marché « 

    Eric Edelmann, dans  » Dites leur de viser Haut » Page 146, 147

    Nisargadatta Maharaj, Je Suis, Les Deux Océans, 1982, p.144

  • Hallelujah, hallelujah

    Après l’AG de fin septembre nous sommes dans la période de reprise du blog…
    Pour être franc, ce qui est la moindre des choses au pays de l’enseignement d’Arnaud, j’ai encore un peu l’esprit en vacances, et je me disais même, que j’avais vraiment envie de passer la main.
    Et puis l’idée m’est venu de redémarrer ma participation d’une façon vacancière, en chanson !

    Vous être certainement très nombreuses et  nombreux à connaître cette extraordinaire chanson qui s’appelle « Halléluyah »

    Hallelujah, (ou Alleluia)  qui signifie en hébreu Hallelou « Rendez louange » Yah, Yahweh « à Dieu », est une chanson écrite par Leonard Cohen. Elle a été enregistrée pour la première fois sur son album de 1984 intitulé Various Positions. Elle a été l’objet de multiples reprises, notamment par Jeff Buckley en 1994.

    Il m’arrive assez souvent de me servir de certaines chansons et, d’une certaine manière, de me les « approprier », en écrivant d’autre paroles C’est ce que j’ai fait encore une fois. Je vous souhaite à toutes et tous une bonne nouvelle saison et je suis sûr que vous serez encore une fois au rendez-vous du blog

     

    Hallelujah

    De vie en vie, je tourne en rond

    Avec pourtant, au fonds du cœur

    Toujours l’espoir de libération

    Empli d’une foule de dénis

    Du fond de toute mon âme je crie

    Jusqu’au plus profond de la nuit

    Hallelujah, hallelujah

    Hallelujah, hallelujah

    Rester enfermé dans son monde

    Sans jamais rien vraiment lâcher

    Ne conduit qu’à l’obscurité

    Peuplée de peurs et de fantômes

    D’un  vrai chemin libérateur

    Jusqu’aux  confins de la folie

    Hallelujah, hallelujah

    Hallelujah, hallelujah

    Au cœur du cœur, la Foi rayonne

    Source invisible, inexplicable

    D’un  chant divin, Cela résonne

    Avec pourtant tous mes défauts

    Du cœur de mes entrailles, je prie

    Pour relever le grand défi

    Hallelujah, hallelujah

    Hallelujah, hallelujah

    J’ai cheminé un certain temps

    Avant enfin d’apercevoir

    Un peu de lumière dans le brouillard

    Ragaillardi par cet espoir

    De tout mon être, je te dis

    Jusqu’à ’ à mon dernier oui

    Hallelujah, hallelujah

    Hallelujah, hallelujah

    Plutôt que de parler de Dieu

    Mieux vaut demeurer en silence

    L’amour en marche, victorieux

    Oui, Chaque jour et chaque nuit

    Oui, je veux être ton amant

    Jusqu’à  l’ultime dénouement

    Hallelujah, hallelujah

    Hallelujah, hallelujah

    Et maintenant le morceau enregistré par Jeff Buckley

     

     

     

  • Assemblée générale des amis de la Bertais 2020

    C’est une année pas vraiment comme les autres, vous en conviendrez.
    Néanmoins, en respectant scrupuleusement les gestes barrières, l’assemblée générale des amis de la Bertais va se tenir le dimanche 27 septembre, précédée d’une journée « service de l’ashram » la veille, 26 septembre.
    La plupart d’entre vous ont sans doute reçu le courrier présentant les modalités de  ce week-end, mais, pour ceux qui ne l’auraient pas reçue, ou qui n’ont pas cliqué sur les liens de la page d’accueil du blog, voilà un petit récapitulatif de ce qui vous attend :

    Dimanche matin 27 septembre – Assemblée Générale

      • 9h45 : Accueil des participants et signature du registre des présents
      • 10h : Assemblée Générale statutaire (ordre du jour)
      • 11h45 : Intervention de Yann et Anne-Marie (présentation de l’état d’esprit et des activités de l’année)
      • 13h : Repas (pique-nique apporté par les participants)
    • Nous avons décidé de fixer à trente le nombre maximal de personnes qui pourront être simultanément présentes dans la grande-salle. De ce fait nous prévoyons de retransmettre en visio-conférence les interventions de la matinée pour les personnes qui, du fait de ce quota, ne pourront pas accéder à la salle ou qui, du fait de l’épidémie, choisiront de ne pas participer physiquement à cette AG.
    • Le port du masque sera de rigueur dans la maison y compris pendant les réunions dans la grande salle (sauf pour les intervenants qui pourront montrer leur visage, mais en restant à bonne distance de l’auditoire).
    • Il n’y aura pas de repas préparé et servi sur place, chacun étant invité à venir avec son propre pique-nique. Si le temps le permet, le repas sera pris à l’extérieur de façon à respecter les mesures de distanciation sociale. S’il pleut, les participants devront se répartir pour partie dans la cuisine et le salon et pour partie dans leur propre voiture.
    • Le thé sera servi dehors ou sera annulé (en cas de mauvais temps)

     

    Apres midi – Intervention de Patrice Fabart

    Patrice a été l’un des tout premiers élèves d’Arnaud qu’il a connu en décembre 1971 alors qu’Arnaud habitait à Paris et était encore réalisateur à l’ORTF. Il est resté toute sa vie très impliqué dans la relation disciple-maître avec Arnaud, bien qu’il ait eu deux upa-gourous, Lily Jattiot (une psychanalyste jungienne qui a beaucoup aidé les élèves d’Arnaud depuis les débuts d’Hauteville) et Wayne Liquorman (un américain lui-même élève du maître indien « non-dualiste » Ramesh Balsekar). Patrice a été à l’origine de la création de l’association des Amis du Bost (premier ashram d’Arnaud) dont il a longtemps été le trésorier.

    Il est marié à Véronique depuis 40 ans (elle-même très impliquée, puisqu’elle est encore actuellement membre du CA des Amis de Hauteville après en avoir longtemps été la secrétaire en même temps que la présidente de la Maison Raphaël) avec qui il a eu deux filles.

    Bien qu’encore en chemin, il dit ressentir néanmoins de plus en plus souvent un sentiment de vastitude, l’Univers lui apparaissant alors comme « un réseau de joyaux cohérents et contradictoires qui se reflètent chacun dans les autres dans une harmonie d’une infinie diversité où rien n’est exclu » (citation inspirée de Ramesh Balsekar).

    Leur intervention aura lieu de 14h30 à 16h30

    Participation financière
    La participation à la journée d’Assemblée Générale n’est pas tarifée. Pour couvrir les frais engagés (location du matériel de retransmission vidéo, défraiement de nos invités et thé du dimanche …), chacun sera invité à faire une donation (sur place ou en ligne) qui contribuera au maintien de la « bonne santé » financière de notre association.

    Inscription
    Dans tous les cas, pour participer à cette assemblée générale, il vous est demandé de vous inscrire  en ligne, car c’est le moyen le plus simple pour nous de gérer le quota de participants. Pour cela cliquez sur le ICI (démarche gratuite, sauf si vous choisissez de faire une donation à cette occasion).

    (En cas d’impossibilité à utiliser ce moyen, merci de téléphoner à Joël Caillerie (06 75 05 96 46), de préférence entre 9h et 11h les jours ouvrables. Il saisira pour vous votre inscription sur HelloAsso à partir des informations orales que vous lui fournirez.)

     

     

    Journée de service de l’ashram – Samedi 26 septembre

    La veille aura lieu une journée de “ménage, jardinage, bricolage”, occasion privilégiée de se retrouver de façon informelle pour préparer collectivement la Maison aux activités du dimanche, auront lieu, dans les conditions (presque) habituelles de 9h45 à 18h (préparation de la journée d’Assemblée générale).

    Du fait de la situation sanitaire, nous limitons à une quinzaine le nombre de personnes accueillies en même temps dans la maison (port du masque en intérieur) et le repas du samedi midi se fera sous forme d’un pique-nique individuel.

    Un diner simplifié sera servi sur place le samedi soir aux personnes qui demanderont à être hébergées en vue d’assister à l’AG du lendemain (27 septembre).

    Inscription : Comme pour l’Assemblée Générale, pour participer à tout ou partie de cette journée-séva, il vous est demandé de vous inscrire en ligne, car c’est le moyen le plus simple pour nous de gérer le quota de participants. Pour cela cliquez ICI (démarche gratuite, sauf si vous choisissez de faire une donation à cette occasion).

    (En cas d’impossibilité à utiliser ce moyen, merci de téléphoner à Joël Caillerie (06 75 05 96 46), de préférence entre 9h et 11h les jours ouvrables. Il saisira pour vous votre inscription sur HelloAsso à partir des informations orales que vous lui fournirez.)

     

    A très bientôt de vous revoir à La Bertais !

     

  • Devenir adulte

    «Aussi, devenir véritablement adulte, c’est être de plus en plus conscient que, dans leur complexité, tous les êtres humains sont atteints de la même maladie. C’est pourquoi un sage ne ressent que compréhension et compassion pour tous, quels que soient les actes commis, aussi graves soient-ils. Il n’est plus prisonnier de la vision bourreau-victime, il ne voit partout que des victimes d’un même mal. Sa vision est de ce fait beaucoup plus profonde : il perçoit chacun comme unique manifestation de Dieu – si nous employons un terme dualiste – ou comme unique expression de l’Absolu ou de la nature de Bouddha.

    Pour ne pas demeurer les marionnettes de ces dynamismes, mieux vaut d’emblée être conscient qu’ils sont potentiellement présents en soi-même et que, comme tout le monde, nous faisons preuve de plus ou moins d’égocentrisme et d’une certaine dose d’indifférence face à la souffrance d’autrui. Nous commencerons alors à entendre les messages que la vie, dans sa générosité, ne cesse de nous renvoyer sous bien des visages différents : ceux de nos enfants, de notre compagnon, de nos amis et, par-dessus tout, les scénarios répétitifs de notre propre existence.

    Un jour, alors que nous étions trois ou quatre à partager un thé à notre appartement avec Arnaud, l’un d’entre nous évoqua l’attitude, selon lui inadmissible, d’un élève de notre communauté. En faisant part de son indignation, et non sans humour, l’un de nous lança à Arnaud sur le ton de la supplication et comme en trépignant d’impatience : « Mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire ? » Arnaud rétorqua : « La question n’est pas : pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout dire, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas tout entendre ? »

    Quelques secondes d’un silence méditatif s’imposèrent sous le coup de cette réponse aussi prompte qu’imparable et qui s’adressait clairement à chacun de nous. Nous étions tous plus ou moins identifiés à cette impatience d’en découdre avec ceux qui nous excèdent. À la façon de « l’arroseur arrosé », cette inversion totale de perspective dont Arnaud avait la spécialité avait retourné la question à cent quatre-vingts degrés : vers nous-mêmes. Qu’étions-nous vraiment en mesure d’entendre à notre propre sujet alors que nous exigions que les autres entendent leurs quatre vérités ?»
    Sophie & Éric Edelmann – « Dites-leur de viser haut ! » – (Ed. Le Relié)
  • La première noble vérité

    (…) Faire comme si notre propre vie et celles de nos proches devaient  durer éternellement relève de toute évidence d’une perception erronée. Penser que nous ne serons jamais séparés de notre famille ou compagnons relève d’une conception erronée. Penser que nos relations, notre santé, notre situation financière, notre réputation etc sont stables est une erreur incalculable- comme nous sommes nombreux à l’avoir appris à la suite de pertes et de changements brutaux.

    (…) Nous continuons à nous leurrer en nous persuadant que les constructions sont durables – et même, que plus elles sont grandes, plus elles sont indestructibles. La vérité du Bouddha,  est que oui, la vie est souffrance, et que la nature de la vie que nous connaissons est faite de mécontentements, de frustrations et mal être en tout genre, tant que nous restons enfermés dans nos perceptions erronées; mais celles-ci ne sont pas fixes- elles ne se rattachent à rien. Nous avons donc le choix. Eviter nos démons intérieurs- notre peur du changement et de la mort, notre colère et notre jalousie- ne fait que renforcer la force de ces adversaires. Plus nous nous enfuyons, moins nous avons de chance de réussir à nous évader. Nous devons affronter la souffrance, nous devons y pénétrer; c’est le seul moyen de nous en libérer. Telle est la première noble vérité.

    Page 180 Yongey Mingyour rinpotché avec Helen tworkov

    POUR L’AMOUR DU MONDE

    Pérégrinations d’un moine bouddhiste

  • La grandeur de l’homme

    Nous vous signalons la parution d’un nouveau livre sur l’enseignement de Svâmi Prajnânpad : « la grandeur de l’homme »
    Aux éditions Accarias l’Originel.
    (Un beau programme de lecture pour l’été)
    Voici un extrait de la présentation :

     

    Ce livre est un ensemble de citations des Upanishad, choisies et commentées par Svâmi Prajnânpad, sur le thème de la grandeur de l’homme. Il n’existerait pas sans l’immense travail qu’a fait Daniel Roumanoff pour conserver et analyser l’enseignement de ce maître.

    Il restait un inédit, préparé par Daniel, de citations et de commentaires sur les sujets suivants : Homme, Dieu, Mythologie, Religions et Science. En reprenant le manuscrit pour la publication, Colette Roumanoff a cherché à en rendre la lecture plus aisée, d’autant que les sujets abordés sont délicats et peuvent nourrir des polémiques.

    Cet ouvrage est une mine de citations authentiques, dont beaucoup sont inédites. Il plaira à coup sûr à ceux que cet enseignement intéresse déjà. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ils seront agréablement surpris de la modernité des upanishad et de la critique faite par Svâmiji des dérives actuelles concernant les pratiques religieuses ou spirituelles qui rabaissent l’être humain.

    Svâmi Prajnânpad nous propose de décoder autrement les événements qui se produisent dans notre monde intérieur et notre monde extérieur. Ses paroles peuvent nous permettre, à condition de questionner nos habitudes de pensée et nos jugements de valeur, d’accéder à une vie moins conflictuelle et plus heureuse. Dans cet ouvrage, il questionne particulièrement nos croyances sur les religions, le sens de la vie, la place de l’homme dans l’univers.

    Cet ouvrage traite de la grandeur de l’Homme. Grandeur dont nous sommes invités à nous montrer dignes, en nous respectant nous-mêmes et en respectant les autres.

  • Kaivalya Upanishad strophe 23

     

    na bhûmir âpo mama vahnirasti

    na cânilo me’sti na câmbaram ca

    evam viditvâ paramâtmarûpam

    gubâshayam nishkalam advitîyam

    Il n’y a pour moi, ni terre, ni eau, ni feu,

    il n’y a ni vent ni espace.

    Ainsi s’exprime celui qui connaît

    La nature du Soi suprême

    Logé dans la cavité du cœur

    Indivisible, sans second

     

    —————–

    Au-delà des éléments :

    Les cinq éléments de toutes choses ici bas, n’ont plus cours pour celui qui s’est uni à l’Unique, Kaivalya : pour lui, le Soi est l’unique élément constitutif de toutes choses. Tout comme des parures en or ne sont que de l’or, sous des formes différentes, de même toute forme créée n’est que le Soi sous des aspects divers.

    Il a retrouvé sa vraie nature, celle du Soi suprême, qui ne se trouve pas ailleurs qu’en soi-même, et demeure fermement établi dans la « caverne » (guba) du cœur.


    PS : n’hésitez pas à lire ou à relire les strophes précédentes déjà publiées sur notre blog :

    • Strophe 17 (article du 2 mai 2019)  :  ICI
    • Strophe 18 (article du 22 mai 2019)  :  ICI
    • Strophe 19 (article du 11 juillet 2019)  :  ICI
    • Strophe 20 (article du 27 juin 2019)  :  ICI
    • Strophe 21 (article du 10 octobre 2019)  :  ICI
    • Strophe 22 (article du 30 janvier 2020) : ICI
  • « Le trait principal »

    « Le trait principal » (the chief feature)  est un terme forgé par Gurdjieff pour désigner le nœud central, la cristallisation d’un refus majeur au cœur du psychisme autour duquel se construit ensuite la fausse personnalité.

    C’est un thème auquel je pense depuis longtemps… Yann, m’avait indiqué au cours d’un GSMP, que chez moi, ce trait principal, était le manque d’estime de moi.

    Grâce au livre de Sophie et Eric Edelmann :  » Dites leur de viser haut », dont Frédéric a déjà posté deux extraits sur ce blog,  je me penche à nouveau sur ce thème.  « Le trait principal », thème essentiel dans la poursuite de mon chemin. Nul doute, à mes yeux et mon cœur, que ce sujet risque fort de vous intéresser aussi…

    (…) Véronique Desjardins, Eric et Sophie Edelmann, ont au cours d’un séjour dans une auberge en pleine nature avec Arnaud, questionné celui-ci au sujet du « trait principal ».

    (…) Mais leur détermination (à Véronique, Sophie et Eric) à poursuivre des efforts sincères sur le long cours avait joué un autre rôle, plus inattendu : celui de mettre en évidence l’existence en nous-mêmes d’un bastion apparemment imprenable, une résistance majeure au processus de transformation.

    Arnaud savait de première main de quoi nous parlions puisqu’il en avait fait lui-même l’expérience lorsque sa propre sadhana s’était intensifiée dans les dernières années de sa relation avec Swamiji (vous pouvez à ce sujet, lire la biographie d’Arnaud, par Gilles Farcet : « Arnaud Desjardins ou l’aventure de la sagesse », La table ronde 1987)

    Question : Qu’est-ce qui en nous, s’oppose si farouchement au pouvoir de la pratique et à l’influence d’une lignée spirituelle au point de vouloir les saboter ? Et pour protéger quoi ?

    Arnaud : ...vient un moment où « le trait principal » se sent menacé par la pratique. Si on ne se disperse pas pour glaner d’autres pratiques ou influences appartenant à des voies différentes de la nôtre, l’engagement sur un chemin précis finit par conduire dans une sorte de goulet d’étranglement, un resserrement qui menace notre stratégie de survie, en réalité la stratégie de survie de l’ego…

    Question : Qu’est-ce que le trait principal ? Comment le définir pour chacun de nous ?

    Arnaud : Il n’est pas facile de trouver son trait principal ni celui de quelqu’un d’autre. Cela peut prendre des années pour soi-même et une façon d’y parvenir, c’est de chercher ce qui nous fait le plus peur, ce que nous redoutons le plus : la trahison, la critique, l’abandon, l’intrusion, se trouver face à l’incontrôlable, etc., et de voir comment notre mental s’est construit sur une injonction intérieure censée nous protéger du pire :  » On ne m’aura pas »,  » Ne me critiquez pas »,  » Je suis en contrôle de tout »…

    Question : Se libérer de notre trait principal, même après des années, voire des décennies de pratiques, nous semble hors d’atteinte. Peut-on réalistement espérer une telle transformation ? Sous quelle condition cela ne restera pas illusoire ?

    Arnaud : Il est impossible de se libérer du trait principal en l’isolant du reste. Le trait principal, la façon dont notre mental s’est cristallisé sur une pensée fausse, chacun la sienne, est bien trop fort pour que nous puissions y faire face ainsi.
    La seule issue est dans la désidentification globale, totale, de tout ce qui fait le moi. En fait, si je prends une image, c’est comme si on voulait jeter quelque chose par la fenêtre ou à la poubelle et que cela nous soit très difficile, en fait impossible. La seule issue est de jeter tout en même temps : cette chose et tout le reste. Pris dans un tout, cela devient possible ; isolé du reste c’est impossible.

    C’est une décision qui doit cristalliser. Quoi qu’il m’arrive et qui serait -vu mon trait principal- le pire du pire : Ce n’est jamais une raison pour que je me sente séparé de Dieu. Ce qui équivaut à cette formule de Swamiji, même si elle nous parait plus sèche :  » L’émotion n’est jamais justifiée. »

    Si on se demande simplement de ne plus être emporté par notre émotion habituelle quand notre pire scénario s’actualise dans les faits, on n’y arrivera pas : la force de la mécanique émotionnelle sera trop grande. C’est par une décision d’un autre ordre, par un processus plus profond qui s’attaque à la racine du moi, à l’identification elle-même, que nous pouvons accéder à cette liberté, liberté qui se manifestera y compris dans le pire de nos scénarios.
    Cela ne veut pas dire que nous n’aurons plus d’émotions, mais qu’une fois l’incendie émotionnel déclaré, nous saurons immédiatement où est l’extincteur et nous ne perdrons pas une minute d’hésitation avant de l’utiliser.

    Le trait principal est notre thème privilégié, récurrent, de pensées ; notre sujet favori de ruminations mentales et émotionnelles non nécessaires.

    Le trait principal est notre plus grande faiblesse que nous prenons pour notre plus grande aisance ou notre plus grande qualité.

    Le trait principal est le domaine où nous avons le moins l’intention de mettre en pratique. Chacun connaît son trait principal : c’est l’aspect de vous qu’il vous est le plus insupportable d’entendre mettre en cause.

    Le trait principal est toujours associé à la conviction d’être spécialement ceci ou spécialement cela, et l’ego y trouve toujours son compte.

    Le trait principal est la part mécanique de nous que nous nourrissons le plus (et il s’agit avant tout de nourritures psychologiques).

    Le trait principal est le domaine dans lequel le mental nous roule le plus facilement dans la farine.

    Extrait du livre de Sophie et Eric Edelmann : DITES- LEUR DE VISER HAUT
    Page 307 à 311

  • Grâce à Didier, je me met à l’alexandrin

    Grâce à Didier, j’essaie l’alexandrin…
    Au départ, ce n’est pas mon style, mais ça fait un moment que cela me titille
    Il n’y a rien de tel que l’expérience pour avancer, progresser, se débarrasser de préjugés
    Ce fut riche d’enseignements
    Mettre l’ ego en douze pieds peut être créateur
    Oblige à plus de rigueur, sans nuire  à la ferveur

     

    Douze pieds

    Statue Victor Hugo – Lilia – Plouguerneau

    Arrivé dans le pays, qui n’en est pas un
    Inspiré par la Foi, tout le long du chemin
    Je me suis vu voyageur, là, où tout Est Rien
    Non, ce ne fut certainement pas sans chagrin

    Mais, à force de pratique, grâce au Divin
    Guidé de main de maître, sagesse et compassion
    L’élan donné par le but et détermination
    Conduit, à coup sûr, à viser la communion

    Ces quelques mots écrits, ce court texte concis
    Nous invitent d’abord, si le cœur nous en dit
    A voir un peu plus loin, au cœur de notre chemin
    Mais n’attendons pas trop, le dernier rendez-vous
    J’espère, le plus beau, peut arriver dans l’instant

     

  • Hommage à Christophe

    « Les paradis perdus », titre d’une de ses chansons les plus célèbres. Je me suis permis d’écrire d’autres paroles Ce poème m’a donné un peu de mal. Il m’a titillé pendant deux jours. Le déclic, s’est produit vers trois heures du matin (dimanche 19 avril). C’est marrant, parce que, comme vous le savez peut-être, Christophe vivait la nuit. J’y ai vu, comme un clin d’œil des muses poétesses. Bonne lecture

    Hommage à Christophe

     Les paradis perdus

    Au milieu de la nuit tranquille

    Je vogue vers l’autre rive

    L’espace s’ouvre vers l’infini

    Un pari fou m’inspire

     

    Peu à peu

    Au bord de la Conscience

    « Je » s’évanouis enfin

    Au sein du Grand Silence

     

    Oh ! Oui, toujours oui

    Nourri par une foi féconde

    Le feu sacré de l’espérance

    Brûle de mille feux

    Lumière des anges

     

    Peu à peu

    Oh ! Mon Dieu

    Comment ne pas vouloir

    Se libérer de la souffrance

    Au milieu du chaos

    Naître à nouveau

     

    Oh ! Oui, toujours oui

    Inspiré par les muses vagabondes

    Là où s’attisent les désirs les plus forts

    Pour nous ramener enfin

    A la source, d’où tout vient

    La joie au cœur de l’être

    D’où, Rien, n’est jamais né

    D’où nous ne sommes jamais partis

     

    Au milieu de la nuit tranquille

    Je vogue vers l’autre rive

    L’horizon s’élargit, illimité

    Je vogue vers l’éternel

    Là, où brille le plus fou des espoirs

  • Livre coup de cœur : POUR L’AMOUR DU MONDE Yongey Mingyour Rinpotché

    « UN DES LIVRES LES PLUS INSPIRANTS DE L’ANNÉE

    Un témoignage extraordinaire et un enseignement profond qui vous entraînent dans une lecture émerveillée page après page. Un trésor d’idées pour aller toujours plus loin dans la pratique spirituelle et pour extraire la quintessence de notre existence

    Mathieu Ricard »

    Une nuit d’été, à trente-six ans, L’abbé Yongey Mingyour Rinpotché fait le mur : il décide, dans le plus grand secret, d’abandonner le confort de son monastère et le prestige de son nom. Son voyage en solitaire va durer plus de quatre ans. Cette aventure humaine et spirituelle, nous la suivons à travers tous les états que traverse le voyageur : jouissance de la liberté, mais aussi difficulté de la solitude et de la gène. Car l’abbé a fait le choix de pousser le dénouement à l’extrême, jusqu’à frôler la mort.

    Cet épisode le confronte à ses craintes, mais lui apporte surtout une sagesse nouvelle qu’il transmet au lecteur avec franchise et sérénité. Les réponses aux angoisses les plus accablantes se trouvent souvent à l’extérieur de notre zone de confort; et rechercher la difficulté pour mieux l’accepter nous permet de transformer notre peur de mourir en joie de vivre.

     » A la fois thriller, autobiographie et enseignement bouddhiste, voilà un livre extraordinaire » Pr J. Davidson, auteur des Profils émotionnels (les arènes, 2018).

    «  Un des livres les plus généreux, beaux et essentiels, que j’aie jamais lus » George Saunders, auteur de Lincoln au Bardo ‘Fayard, 2019)

    Né en 1975 à Nubri (Népal), Yongez Mingyour Rinpotché est un grand maître de méditation enseignant dans le monde entier. Il est notamment l’auteur de « Bonheur de la méditation » (Fayard 2007), dont je vous ai déjà parlé sur ce blog (ici)  et « De la confusion à la clarté » – Fayard 2016)

    Extraits :  Chapitre 24 : Se souvenir des bardos page 261, 262,263, 265, 266, 

    (…) au moment de mourir, un des premiers signes de déclin irréversible est une impression de pesanteur. C’est un des effets de la dissolution de l’élément terre (…),  la dissolution des éléments devient aussi marquée que la dissolution des sens, et nous pouvons faire l’expérience de la forme qui se désidentifie de la conscience.

    Au moment de la mort, chaque élément est absorbé dans le suivant, si bien qu’en définitive, l’espace se dissous en conscience.

    Au moment de la mort, l’élément terre, lié à la chair et aux os, la partie la plus dense de notre corps, se dissous dans l’élément eau (nos fluides corporels). L’élément eau se dissous dans l’élément feu (impression de flotter, la soif nous tourmente, le corps se dessèche, la circulation ralentit avant de s’arrêter, les lèvres se gercent, la peau parait sèche et les mucosités se figent.

    Quand l’élément feu se dissout dans l’air, nous sommes incapables de conserver la chaleur. Nos extrémités refroidissent, bien que notre cœur reste chaud et que nous ayons l’impression que notre esprit brûle.

    Quand l’air se dissout, la respiration devient difficile.

    L’espace est la réalité fondamentale de tous les phénomènes, notre corps compris. Sans espace, les autres éléments ne peuvent pas exister.

    Tant que nous utilisons notre esprit conceptuel pour nous rattacher à notre corps de chair et de sang, et tant que nous utilisons nos organes sensoriels pour négocier une réalité relative, nous ressentirons la douleur physique. Il en a été très différemment avec mon père.

    Plusieurs années avant sa mort, il est tombé gravement malade et la rumeur de sa mort prochaine, a commencé à circuler à travers toute sa communauté… Il faisait froid dehors, il n’y avait pas de chauffage et les murs de béton rendaient sa chambre glaciale et humide… un de mes frères aînés est venu voir mon père et a essayé de le convaincre de partir pour un climat plus chaud et plus sain, en Thaïlande peut être ou en Malaisie.

    Mon père a refusé. Il a dit :  » J’ai l’air d’être malade, mais en fait il n’y a plus de corps conceptuel. Je me sens très bien. Quoiqu’il advienne- qu’il soit pour moi temps de partir ou de rester-, c’est bien. Je ne souffre pas. »

    Quelqu’un  qui s’est éveillé à sa propre vacuité immortelle n’éprouvera pas l’instant de la mort comme une fin définitive, mais seulement comme une transition.

    Mon père s’était familiarisé avec la reconnaissance du vaste esprit de conscience, l’esprit qui n’est pas né et ne peut pas mourir…

    La méthode la plus efficace pour se familiariser avec son esprit, est la méditation, qui est une autre manière d’expérimenter quotidiennement la mort.

    Nous ne pourrons jamais savoir avec certitude ce qui nous arrive au moment où nous mourons physiquement. Mais nous pouvons apprendre beaucoup en prêtant attention aux expériences de l’esprit qui transcendent l’esprit-ego limité- que ces moments surviennent, en méditation, lors d’aperçus spontanés de vacuité ou quand nous nous endormons (…)

    Bonne lecture

    Georges

  • La notion de souffrance incompressible

    Voici la transcription de la réponse que Gilles a fait à une question qui me tient particulièrement à cœur sur le thème de la parfaite acceptation.

    Première chose à dire… Pour un parent, un père, une mère, la souffrance de son enfant, humainement, c’est une crucifixion, un des plus grands motifs d’épreuves qu’un être humain puisse connaître.

    La deuxième chose est qu’il y a beaucoup de malentendus, de contresens, d’interprétations erronées, de fausses idées, sur cette fameuse acceptation et une de ces fausses idées à mon sens, un des contresens, à mon avis, très répandu, c’est l’idée que l’acceptation ou la non discussion de ce qui est, devrait faire disparaître complètement tous les aspects de la souffrance.

    A mon avis, il y a plusieurs types de souffrance. Il  y a une souffrance humaine que l’on vit en tant qu’être humain. Cette souffrance a quelque chose d’incompressible, en tant que telle.

    Un père ou une mère digne de ce nom qui voit, qui sent, son enfant souffrir, qui plus est, si c’est chronique, année après année, etc…  ne peut pas ne pas souffrir.

    J’avais posé la question à Arnaud :  » si par exemple vous appreniez que votre fils Emmanuel  vient de se tuer en voiture, que ressentiriez vous ? »

    Voici ce qu’il m’a répondu : « en tant que père, il y aurait certainement une souffrance qui à un certain niveau pourrait être insoutenable, et a-il ajouté, il y aurait deux niveaux : un niveau où il y aurait cette souffrance insoutenable et il y aurait un autre niveau accessible qui ne serait pas complètement obscurci, recouvert, qui ne disparaîtrait pas, où les choses seraient ce qu’elles seraient. Il y aurait toujours une disponibilité, une ouverture, une paix ». Mais il m’a bien dit, que « ça coexisterait… »

    Il m’est moi aussi arrivé d’être en situation de grande souffrance humaine, durable. Je l’ai expérimenté. Mais le premier point sur lequel je veux insister, c’est que ta souffrance humaine ne doit pas disparaître.  C’est le prix que tu as à payer par rapport au fait d’être incarné.  Il y a un aspect de l’incarnation qui est souffrance auquel on ne peut pas échapper.

    L’enseignement  proposé par la voie d’Arnaud, n’est  pas d’échapper à l’aspect incompressible de la souffrance, autrement dit, à notre humanité. Ce n’est pas possible. Ce que l’enseignement nous propose, c’est de vivre cette humanité de manière totalement ouverte, digne, juste, sans refus.

    Cette fameuse acceptation dans cette situation que tu vis, le critère, ce n’est pas qu’il n’y ait plus souffrance humaine, c’est que ta souffrance humaine de père, soit complètement pure. Qu’elle soit juste ce qu’elle est. Tu la sens, tu la vis, sans intervention du mental qui rajoute quelque chose, ou de moins en moins.

    Ni refus, ni appropriation ; juste l’expérience incompressible de la souffrance humaine, au même titre que le plaisir… La véritable acceptation te laisse avec ta souffrance d’être humain, incompressible, exactement telle qu’elle est dans l’instant sans refus ni appropriation ; juste telle qu’elle est, dans l’instant.
    L’acceptation c’est comme l’équilibre, dans l’instant. On n’a jamais vu un funambule, dire « je vais trouver l’équilibre ». S’il ne tombe pas, c’est qu’il a trouvé l’équilibre à chaque instant. S’il le perd, il tombe.
    L’acceptation, c’est ça, un équilibre trouvé dans l’instant. C’est un moment où ta souffrance devient un sentiment, une  souffrance totalement acceptée, ni refus, ni appropriation, à laquelle, rien n’est rajouté.
    Ce sentiment t’ouvre à la communion avec ton enfant et potentiellement, avec tous les parents qui souffrent pour leurs enfants. Tu comprends alors de l’intérieur la souffrance des autres. Ton sentiment devient un outil d’expérience potentielle de non-séparation. Ça t’ouvre, t’élargit.

    C’est dans ce sens là que la souffrance, abordée d’une certaine manière, contribue à dissoudre l’ego, le sens du moi séparé. Et le critère de la véritable acceptation, c’est cela ; mais surtout, ne pas chercher à enlever la souffrance incompressible. Cette souffrance peut être comme un aiguillon pour ta pratique. C’est comme une écharde dans ta chair.