Auteur/autrice : Georges Morant

  • Satsangs avec Atmananda

    Mireille et moi avons eu le bonheur d’assister à cinq Satsangs auprès d’Atmananda. C’est Corinne Bayod qui nous avait suggéré, si nous étions en Inde à ce moment là, d’assister à ces précieux et radicaux rendez vous. Merci Corinne et à très bientôt à la Bertais.

    Je ne vous présente pas Atmananda, vous trouverez facilement sut le net les renseignements voulus. Sachez tout de même que c’est un disciple de Chandra Swami, qui s’inscrit donc dans la plus pure ligne védantique de la non dualité.

    Les satsangs ont lieu en haut d’une terrasse, après avoir marché trois ou quatre étages, je ne me souviens plus. Mais je mentionne ceci parce que à la fin de chaque étage, un membre du séva était posté, en nous accueillant avec un très beau sourire. J’ai beaucoup apprécié cette entrée belle, chaleureuse, digne, consciente.

    L’ambiance générale est intense, recueillie, très silencieuse. Ceci est d’autant plus remarquable, qu’à l’extérieur, oui, nous sommes en Inde et l’ambiance est plutôt sonore.

    Je me suis rapidement adapté et ai pu jouir pleinement de ces satsangs menés de mains pédagogues, érudites, joyeuses et non dépourvues d’humour et simplicité. Atmananda est un remarquable passeur d’upanishads. Ne nous y trompons pas, le cœur de ces darshans, satsangs de haute volée était bel et bien dévoué, consacré au fameux et incroyable enseignement de Ramana Maharshi : le fameux self inquiry, Qui suis je ?

    Tout au long d’une douzaine de jours, Atmananda a commenté le livre de Ramana Maharshi, les « quarante versets sur la réalité. »

    Mireille et moi avons donc assisté aux commentaires d’ une vingtaine de versets, dont le fameux « TU ES CELA » qui n’est pas sans me rappeler le titre d’un excellent ouvrage d’Arnaud Desjardins

    aha sphutam tat-twam-asiti vedhtathapyasamprapya paratma- nistham,

    bhuyo vicaro mati- durbalatvam,

    tat sarvada svatmataya hi bhati

     

    The Veda has said clearly,  » That thou art ». Even

    then, not having obtained abidance in yhe Supreme

    Self, to inquire again indicates the debiliyy of the mind. That Reality indeed shines always as

    one’s own Self. (verset 34)

  • Passion et Abandon

    « Le but ultime de la passion est l’abandon. C’est le véritable désir du cœur. L’aboutissement de la quête sexuelle est le moment de l’orgasme, un moment d’abandon total. Les Français l’appellent « la petite mort ». De la même manière, l’aboutissement du chemin spirituel consiste à réaliser l’ouverture complète, au-delà de toute saisie. Cela procure une joie inconditionnelle, qui s’élève de la richesse intrinsèque de notre être.

    La passion est un courant d’énergie qui nous traverse, comme une rivière qui, pour finir, doit se déverser dans l’océan. C’est un passage entre deux mondes, conduisant du monde du soi connu à un monde plus large qui demeure au-delà représenté par une personne que l’on aime, un gourou, un enseignement ou par la vie elle- même. Se manifestant en tant qu’inspiration et culminant en abandon, le chemin de la passion révèle l’essence de la vie aussi bien que celle de la mort.

    Dans l’un de ses poèmes, Goethe reconnaît la pulsion transformatrice contenue dans la passion comme étant une « sainte aspiration »

     

    Je veux louer l’être vivant

                                                    Qui aspire à mourir dans la flamme

     

    Il décrit comment, comparant cela à un papillon de nuit sorti de l’obscurité pour aller vers le flamme d’une bougie flamboyante,

     

       Un sentiment étrange te saisit

                                                    Quand brille l’immobile flambeau.

     

    Emporté par votre désir ardent de vous relier à ce qui est vraiment vivant,

     

           Et un désir nouveau t’emporte

                                                    Vers des épousailles plus hautes

     

    Alors, tandis que votre hésitation disparaît, le courant de la passion vous entraîne dans l’acte d’abandon :

     

              Et finalement, amant de la lumière

                                                    Ô papillon, te voilà consumé.

     

    La conclusion de Goethe est simple et sans équivoque :

     

        Et tant que tu n’as pas compris

                                                    Ce »Meurs et deviens ! »

                                                    Tu n’es qu’un obscur passager

                                                    Sur la terre ténébreuse. »

    John Welwood dans son livre  » Pour une psychologie de l’éveil » – Éditions La Table Ronde.

  • La joie qui avance chancelante le long de la rue(4)

    Deuxième et dernier extrait du chapitre 22 : « Le sol qui n’existe pas s’est dérobé sous tes pieds »

    Je pressentais que même si j’avais très bien fait de tout miser sur ces êtres plus que chers que la vie m’avait arrachés, c’était en même temps une erreur. Une erreur sacrée, une noble, belle, bonne erreur que je referais sans hésiter une seule seconde, mais une sacrée de putain d’erreur quand même. C’est pour ça qu’Allen m’avait amené à son dingo de Trungpa Rinpoché.

     

    Crois moi, c’était quelque chose ce gusse là, à Boulder. Un type très inquiétant, dans le bon sens du terme, hein, mais très inquiétant. Pas très grand, claudiquant, engoncé par tous les temps dans un super costard avec cravate, pochette et tout le tintouin, quand il ne s’affublait pas d’un uniforme de général d’opérette, une espèce de tronche de crapaud asiatique avec un regard perturbant, très perturbant, derrière de grosses lunettes. Et avec ça une voix de castrat d’Oxford. Je te dis pas le personnage. A côté de cette créature, Allen et consorts faisaient figure de fonctionnaires étriqués. Et je passe sur la gnôle. Moi, je n’ai jamais bu. Un verre de bon vin de temps à autre et encore, mais l’autre déjanté, là, t’as pas idée. Il avait eu un accident, je crois, et il boitillait un peu : le miracle, c’était non seulement qu’il tienne debout, mais surtout qu’il fasse autant de trucs et paraisse toujours plus que lucide même si souvent carrément hors limites. Je n’ai jamais approché quelqu’un comme ce bonhomme là, jamais. Néal était frappadingue mais sa folie était désarticulée, explosée, fascinante mais pas inquiétante- sauf si on se souciait, à raison de sa santé. La folie de ce Tibétain là était articulée, méthodique, elle avait quelque chose de délibérée et par conséquent de radicalement dérangeant (…)

    Ce Chogyam Trungpa, je ne l’ai rencontré que cette fois là, à part le croiser et le voir de loin pendant mon séjour à Boulder, Allen lui avait dit par quoi je passais, je suppose, et le gars nous a invités à prendre le thé. On était assis dans une sorte de salon, il sifflait plus de saké que de thé, et tout à trac, après dix minutes de conversation anodine, il me regarde de son œil perturbant à vous foutre les jetons et me dit simplement de sa voix aiguë : «  Alors, Hank, maintenant, le sol qui n’existe pas s’est dérobé sous tes pieds et il n’y a pas de retour, il ne peut pas y en avoir, pas vrai ? Je connais ça. » Et sirotant son saké il me regarde encore et sourit, bouche fermée : «  Maintenant, tu peux te terrer dans ta niche et crever comme un chien bon à rien. Ou tu peux te dresser sur tes pattes, courir dans les rues et appeler les vivants comme un maître de meute, mais en prenant bien garde à ce qu’il n’y ait pas de meute qui te suive. Tu peux faire ça. Ou ça. Ce sont tes options. Les deux se conçoivent. C’est à toi de voir. En bref, tu peux vivre, et tu peux crever. Les deux sont OK, si tu veux mon avis. «  Et voilà. Je ne lui ai rien répondu, et ensuite il ne m’a plus rien dit. Personne n’a fait de commentaire. Je ne l’ai jamais vraiment revu.(…)

    Gilles Farcet
    « La joie qui avance chancelante le long de la rue » – Editions Maelstom revolution

     

  • Revenir à soi même

    « La première pratique est donc d’apprendre à revenir à soi même, au cœur du vagabondage des pensées habituelles. Si vous êtes complices de ces pensées, vous n’aurez aucun pouvoir sur les pensées torturantes. Il y a des rêveries en tous genres, des pensées qui ne sont ni véridiques ni nécessaires, mais au moins, nous n’y croyons pas trop. Mais quand les rêveries deviennent :  » Personne ne me comprend » ou » ce qui m’arrive est injuste », alors on y croit.

    Chaque fois que vous le pouvez, réveillez vous. Et vous pouvez mettre en place un mécanisme qui fait que c’est justement ce qui vous a engloutis, absorbés, qui va être au contraire ce qui vous fait vous souvenir et revenir à vous mêmes. Il y a une émotion ? De cela, vous vous rendez compte. Si vous le voulez – cela ne se fera pas en une minute – vous pouvez créer cette relation : dès que l’émotion se lève, c’est elle le facteur de rappel. Je reviens à moi même et je me souviens que je suis engagé sur la voie. Je me souviens et tout l’enseignement est à ma disposition. Mais si vous êtes trop complices de pensées inoffensives qui ne vous torturent pas; vous perdez une occasion de vous exercer et vous entretenez le mécanisme. Vous demeurez emportés par les pensées, vous n’êtes rien d’autre que les pensées, et, quand les pensées seront déchirantes parce que la situation vous apparaîtra comme spécialement cruelle, vous serez impuissants. Exercez vous. Cette liberté des profondeurs est à l’arrière plan des pires tempêtes, des plus grandes souffrances intimes. Elle est aussi à l’arrière plan des pensées banales plus ou moins heureuses mais dérisoires par rapport à l’Essentiel, à l’Infini et l’Eternel en vous.Vous demeurez à la surface de la conscience, perdant votre temps en rêveries. On ne peut » être » que maintenant. C’est ici et maintenant que vous pouvez ne plus refuser l’inévitable et ne plus discuter l’indiscutable. C’est maintenant que vous pouvez mettre fin vous -mêmes au conflit intérieur et retrouver la paix qui est votre véritable nature.

    Arnaud dans son dernier livre paru ;  » La paix toujours présente » page 113,114

  • La joie qui avance chancelante le long de la rue (3)

    Extrait 1 du chapitre 22 : « Le sol qui n’existe pas s’est dérobé sous tes pieds »

    (…) Et, puis un jour…La vie m’a mis à genoux, et non contente de m’avoir mis à genoux elle m’a appuyé sur la tête pour me flanquer face contre terre bras en croix et si j’avais pu m’enfoncer, m’enfoncer dans cette terre sur laquelle je gisais, si j’avais pu traverser la couche et disparaître, m’anéantir, j’en aurais été soulagé, crois-le bien, je ne demandais que ça. C’était plus tard, dans les années soixante dix. Je ne voulais pas me zigouiller parce que je suis juif par ma mère et chrétien par mon père et que chez nous, ça ne se fait pas. Et puis quelque chose me retenait, me liait les mains quand j’étais tenté de m’en servir pour avaler une boîte de pilules ou d’ouvrir la fenêtre. Ce qui m’est arrivé ? Disons que les êtres pour lesquels je vivais, les êtres dont j’avais fait mon sens, ma religion, mon horizon, ces deux êtres là sont partis. Ils m’ont été enlevés tous les deux en même temps et en quelques secondes sur une saloperie de route quelque part dans le sud. Un malheureux enfoiré criblé de piquette et de médocs les a expédiés hors de ce monde en un clin d’œil, et je me suis retrouvé chancelant dans mon bureau, cet après-midi là, empalé par une souffrance inimaginable, le téléphone à la main, fini, d’un seul coup, d’une seconde à l’autre. Terminé. Sauf que j’étais encore vivant, j’étais vivant. Alors quelques semaines plus tard, après les hurlements, la rage, la haine, la bave, après des jours d’abomination, de gestes automatiques, des jours où le monde entier est un mur contre lequel tu te fracasses la tête jusqu’au sang, après ces jours de colère, d’insanité et d’écume, je suis allé voir Allen, parce que je me disais que lui seul était capable d’entendre quelque chose à ce que je traversais sans se croire tenu de verser de la chaux vive sur ma peau écorchée en m’inondant de pieuses paroles. Les pieuses paroles aiguisent l’horreur de l’absurde, elles rendent l’insupportable encore plus intenable, au point qu’on ne peut même plus concevoir l’épouvante que l’on est pourtant en train d’éprouver. Rien de pire que les pieuses paroles, quand le réel s’est invité sans s’annoncer (…)

    A suivre…

    Gilles Farcet
    « La joie qui avance chancelante le long de la rue » – Editions Maelstom revolution

  • La joie qui avance chancelante le long de la rue (2)

    Extrait du chapitre 16 :  » On fait tous le malin tant qu’on se porte bien »

    (…) Enfin, tout ça pour te dire mon garçon, qu’on ne gagne rien à faire le malin. Là, tu vois, j’ai mal, je suis foutrement gêné, mon corps me tape sur le système à se barrer en couilles, et la vérité, c’est que je n’en mène pas large. Je n’ai pas peur et c’est déjà pas mal, c’est déjà beaucoup, vraiment, mais nom de Dieu, ça fait mal et je ne connais rien de plus difficile que d’accueillir de bonne grâce le fait que ce corps te fait mal. J’ai eu mal, il y a longtemps, mal dans mon cœur, mal dans mon âme, mal dans le vif de ma chair non physique et c’était intenable et fou et à s’en vider de son sang dans une ruelle pour que ça cesse. J’ai eu mal comme tu peux pas savoir. Et si je pouvais troquer la douleur que le corps m’inflige maintenant contre celle d’alors, je prendrais sans hésiter, une longue, longue douleur du corps. Et pourtant, gamin, la douleur du corps, la peine du corps, le cri du corps, le halètement du corps qui n’en peut plus d’avoir mal, c’est quelque chose dont on n’a pas le droit de causer tant qu’on ne l’a pas vécu, comme tout le reste remarque bien, mais là, en causer tant qu’on n’y est pas passé, c’est sans doute encore plus obscène. La pornographie à l’état pur, ou plutôt impur, le scandale.

    En même temps, c’est diablement intéressant, le corps qui peine et verse des larmes de douleur et qui demande pitié dans le silence de ses fonctions. Parce qu’alors, alors, on voit ce qui reste de notre philosophie, de ce peu de sagesse qu’on a tant bien que mal extirpé de cette aventure insensée. On voit ce qui subsiste de qui on est vraiment, et ça, c’est passionnant mon petit (…) le pire, ce serait de se recroqueviller, de laisser cette enfoirée de douleur brute, physique, de la laisser te clore, te barricader dans un tête à tête à la con, juste toi vaincu et elle se repaissant, sa bouche pleine des restes sanglants de ton humanité réduite en lambeaux par elle, la salope de douleur physique. Non, la douleur, il faut que ça ouvre. C’est vrai de la douleur de la chair non physique, celle du vif de l’âme et de l’esprit, ça l’est aussi de la simplissime douleur du corps, celle-là même que celle que toutes les espèces subissent avec plus ou moins de dignité depuis que quelque chose bouge sur cette planète. Que çà ouvre, que ça ouvre, toujours plus grand.

    Gilles Farcet
    « La joie qui avance chancelante le long de la rue » – Editions Maelstom revolution

     

  • La révolution du oui

    (…) Le retournement le plus décisif découle de la prise de conscience que la force du refus, la force du « non » , est la même que la force de l’accueil, la force du « oui ». La plupart du temps, nous avons le réflexe de refuser un aspect de la réalité qui nous dérange, nous remet en question. C’est ce réflexe du « non » qui provoque une crispation émotionnelle du cœur, une contraction des sentiments. La dualité entre nous et le monde en est la conséquence directe. Toutes les conditions sont alors réunies pour que la souffrance s’installe. Le refus de la situation produit une sorte de kyste dans le tissu de notre histoire qui permet à la mémoire de s’y accrocher et prolonger indéfiniment cette souffrance dans le présent.

    Le simple fait de ressentir cette force de refus comme une énergie totalement neutre, avant qu’elle ne prenne la forme du refus, constitue en soi un retour au mouvement naturel d’accueil de ce qui est. C’est ce que l’on pourrait appeler la révolution du « oui ». Ce retournement radical du « non » en « oui » permet d’abolir la dualité entre moi et le monde, et de vivre ainsi l’unité, la paix non dépendante(…)

    MALO AGUETTANT dans son livre : RIEN NE MANQUE A CET INSTANT

    Editions Accarias L’originel

     

     

  • La joie qui avance chancelante le long de la rue

    Description:
    Manhattan, 1988, une tasse de café refroidit sur la table d’un diner de Prince Street. Envoyé par Radio France, un jeune journaliste passe une semaine dans la cuisine d’Allen Ginsberg, à tournoyer autour des survivants de la Beat Generation. Il y croise Snyder, Orlovsky, Corso et quantité de mythes rattrapés par le siècle finissant. Parmi eux, Hank, gueule cuite entre les gueules cuites, poète sans bibliographie à la faconde intarissable.

    Campagne française, 2016, un cycle se clôt alors que dehors le soleil brûle. À la faveur d’un dernier déménagement, l’ex jeune journaliste retrouve le vieux dossier qui contient, retranscrit, le verbe éblouissant de Hank. Là, de nouveau, la question, toujours intacte : qui était Hank, au juste ? Mouche à merde profiteuse ? Bodhisattva de quartier sans meute ? Se pourrait-il que ce vieillard décati ait été le dernier grand poète que, sans le savoir, l’Amérique a enfanté ?

     

    J’ai fini il y a peu le dernier livre (un roman!) de Gilles Farcet. Il m’a conquis, ébloui. Je ne l’ai pas lu, je l’ai dévoré et ce fut, c’est encore, une semaine après une nourriture riche, intense, magnifique de sens et de sagesse compassion
    C’est une pépite et vous savez bien sûr, que pour trouver une pépite, il faut parfois, le plus souvent, creuser, creuser encore et encore creuser
    Bref, voilà ce que j’ai ressenti plutôt que penser au sujet de ce livre, en fait une sorte d’ovni littéraire même si je ne peux pas vous expliquer ce que je veux dire
    Je l’ai reçu comme un coup de massue, une sorte de coup fort à l’estomac qui fait que vous avez un peu la respiration coupé. C’est un peu comme une déflagration qui ne cesse depuis quelques jours de faire son chemin. Lequel? Je ne sais pas
    C’est un livre qui me sonne qui pénètre profond, corps et âme et un peu plus loin encore
    Tu sors de cette lecture un peu hébété, culbuté dans ta profondeur, un ouragan est passé. Tu viens de faire une rencontre incroyable
    Il y a 25 assez court chapitres et dans chaque chapitre, il y a en quelque sorte, un morceau de bravoure (je n’aime pas l’expression mais elle en dit beaucoup quand même), une pierre précieuse
    En fait, ce livre est un peu comme un collier de pierres très précieuses et chaque chapitre nous révèle quelque secret essentiel d’une de ces pierres précieuses
    Ce livre, c’est du lourd, c’est très rare que j’éprouve une telle sensation après lecture. Tu sors de ce livre plus lourd au sens d’avoir reçu de la part de quelqu’un qui a du poids, au sens spirituel du terme.
    Un grand Merci Gilles
    PS : Un dernier mot…En fait, quand vous sortez de cette lecture, vous êtes rempli de BEAT…Lisez, vous comprendrez…
     » Tu peux toujours écrire, mais si tu n’as pas le Beat tu es une crécelle qui sonne creux. Car le Beat au fond n’est qu’un autre foutu nom de l’amour »
    En voici un extrait : si vous aimez n’hésitez pas à me le dire, j’en mettrai d’autres avec grand plaisir.

    (…) Non, le monde n’est pas innocent. Mais son origine, oui, elle l’est. L’origine du monde. Ce qui fait qu’il y a quelque chose plutôt que rien, tu vois ? Cette origine, c’est ce que tu sens quand tu as le bon sens de te lever le matin, avant que tout le monde ne commence à s’agiter et à alimenter la clownerie universelle. Tu ne te souviens pas de cette chanson d’Hendrix, The wind cries Mary ? Hendrix, l’innocence électrique : après que tous les petits diables sont rentrés dans leurs boîtes et que tous les bouffons sont allés au pieu, tu peux entendre le joie qui avance chancelante le long de la rue. Un poète, Hendrix, et pas qu’avec sa guitare. Je le croisais au village , c’était un gamin timide et déjà fatigué. Ce bonheur, cette joie boitillante qui arpente le rue vide, elle est là la nuit et aussi tôt le matin, quand tout est frais, comme lavé. Net, propre. Alors tout te paraît possible ; et de fait tout l’est. Parce que le cycle de compromissions, arrangements, bavardages, atermoiements, poses et postures n’a pas encore commencé même si c’est imminent, ça, on peut y compter. Mais n’empêche, l’innocence est là. A l’origine. Et cette origine, tu l’es. Cette origine, c’est toi mon gars, toi et nul autre que toi. Ecoute moi bien, c’est comme je te le dis. Le commencement, c’est toi, et donc la fin aussi.

    Et la poésie, eh bien elle est là. Cette putain de poésie dont on nous a bassiné, qu’on a voulu nous servir froide à l’école, qu’on prétend claquemurer dans des anthologies, des manuels scolaires, des saloperies de clubs animés par des guignols mondains, des revues où des mecs qui se la jouent écrivent trois mots par page et rient de se voir si cool, si « poètes en ce miroir comme tu dirais, ouais je parle un peu français, ouais. Elle est là, la poésie, juste là, dans cet instant frais, à ce point de bascule. Au point repos du monde qui tourne, comme disait ce bon vieux Eliot en faux gentleman anglais de mes deux.

    Un poète, c’est un péquin comme un autre qui se tient aux aguets de cette origine puis s’échine à rapporter ce qu’il a entrevu. Tu fais ça et te voilà en compagnie de Whitman, de Thoreau, de Rimbaud et aussi des mecs qui dessinaient sur les parois de leur grotte. Entre deux, il s’agit d’essayer de survivre jusqu’au lendemain. Chacun fait comme il peut (…)

  • Imprégner de vigilance le tissu de notre vie

    Nous expérimentons le corps à travers les sensations mais nous n’expérimentons pas véritablement le moi car le moi n’est qu’une représentation.

    Nous induisons, à partir de notre relation avec l’environnement, que notre moi est une entité autonome, une unité d’organisation, qui gérerait et coordonnerait les informations et les échanges avec le monde.

    Cependant, ce qui constitue notre existence, incluant le corps physique et toutes les représentations mentales que nous avons de nous mêmes, n’est pas une entité indépendante mais plutôt une connexion particulièrement dense de nombreux réseaux de flux de matière ou d’informations qui sont reliés eux mêmes avec l’environnement et la totalité du vivant. La distinction entre matière et information n’existe que dans notre monde phénoménal, ce ne sont que des différences d’organisation, de fréquence ou d’intensité. Du point de vue de la conscience, matière et information ne sont pas distincts. Il n’y a pas de limites concrètes entre le « moi »  et l’environnement.

    Et pourtant, la stratégie du mental tente de prendre le contrôle du flux permanent de la vie en nous imposant des images fixes de la réalité pour nous faire croire à des objets séparés, et créer de ce fait l’illusion d’une entité « moi ».

    Une démarche pour se désidentifier de cette représentation du moi consiste donc à ouvrir son cœur à des réactions de plus en plus subtiles, afin de ressentir la source même d’être.

    Cette qualité des états psychiques par lesquels nous passons ne peut s’affiner que par deux moyens : d’une part, par une constante vigilance et d’autre part, par une mise à jour des mécanismes de l’inconscient, lorsque ceux-ci sont tellement forts qu’ils nous maintiennent dans une tension permanente, nous empêchent ainsi d’accéder à un état de perception plus subtile.

    Plus nous vivons dans un état de vigilance affinée, dans un état de détente profonde, plus cette écoute subtile peut imprégner la texture de notre vie et désamorcer à sa naissance le moindre réflexe de refus, la moindre réaction de crispation qui vient parasiter le flux de la manifestation de la conscience.

    Malo Aguettant –  » RIEN NE MANQUE A CET INSTANT » – éditions Accarias L’ORIGINEL

     

  • De la méditation

    Méditer est un appel puissant à disparaître

    Cela entre en résonance avec le désir de mourir

    C’est se tenir là ou les frontières s’abolissent

    Là ou les mots se trouvent devant l’indicible

    Ou se dessine un corps invisible, au delà de tout

    Méditer, c’est entrer dans un grand vide

    C’est un pari difficile car celui qui médite est conscient d’être en relation avec là ou les mots s’évanouissent pour laisser la place au tout ouvert

    Alors, seul le silence devient l’appui le plus précieux

    Un non endroit ou pointe une paix d’une autre dimension

    Une ouverture a lieu, témoin d’une relation d’une profondeur dense, souveraine

    Le cœur de la méditation commence là ou les mots s’arrêtent

    Là ou la mort nous invite

    Méditer, c’est ouvrir grand toutes les portes, intérieures, extérieures et au delà

    Être présent, laisser souffler le vent de la Conscience

    Ne rien faire

    Faire en sorte que ce Rien se révèle enfin comme l’aiguillon essentiel pour nous conduire jusqu’à Lui, Elle, Cela

    Faire tout son possible pour que la source ultime jaillisse dans toute sa fulgurance

    Qu’enfin mûrissent les fruits de l’impossible pari

    Méditer, c’est aimer ce que j’aime et ce que je n’aime pas

    Sourire, pleurer, gémir, contempler

    C’est accepter de se laisser déranger jusque dans ses retranchements limites

    La  tentation très forte, au cœur de la méditation, est de vouloir se saisir de cet instant vertigineux où le »moi » s’efface, où s’opère une brèche dans l’esprit

    Être présent à la Conscience, c’est Rien absolument rien

    Voilà l’art le plus subtil, le plus vrai,  le secret de la méditation

    Être vulnérable et invulnérable

    Méditer, c’est aussi s’accrocher de toutes ses forces, surtout quand viennent les moments ou toutes les illusions réunies semblent avoir fait un pacte pour vous inciter à renoncer

    Ne sommes nous pas toutes et tous à la recherche d’une paix inconditionnelle

    Une paix où l’idée même de se faire du souci pour quoi que ce soit a disparu

    Répondre à l’appel de la méditation est le plus beau cadeau de la Vie

    Là où résonne le chant infini d’un appel incontournable

    Là où, au loin, si près, souffle l’écho immatériel de la danse des mondes

     

     

  • Plaidoyer pour le cœur

    En ce jour du 6ème anniversaire du « départ » d’Arnaud, voici de quoi nourrir le souvenir de notre maître et de son message!

     

    (…) La purification du cœur est la disparition progressive des peurs et des désirs. C’est l’essence même du chemin.C’est le travail le plus ingrat et qui demandera le plus de persévérance ; c’est la seule ascèse par laquelle l’ego puisse être réellement mis en cause et c’est le travail qu’on ne tient pas tellement à faire…

    (…) la connaissance la plus haute(prajna) est une fonction du cœur. C’est par un cœur purifié que vous pouvez accédez à une connaissance réelle. C’est par le cœur et seulement par le cœur que vous pouvez accéder à toute forme quelle qu’elle soit d’état supérieur de conscience. C’est la fonction qui, chez l’être humain, est susceptible d’une transformation sans limite.

    Entendez une vérité avec laquelle vous ne serez peut être pas d’accord, avec laquelle même les gens sincères et de bonne volonté sont pendant longtemps en désaccord, il n’est pas normal que le cœur dise « non ». Ce « non » même du cœur peut être extirpé. Et c’est là l’essentiel du chemin. Ce « non » du cœur c’est simplement refuser que ce qui est soit. Et ce thème est universel. C’est le dénominateur commun de toute la spiritualité.

    C’est pour le « oui » du cœur que j’ai choisi le mot « sentiment » pour le distinguer radicalement de l’émotion. L’émotion n’est que la manifestation de notre monde intérieur subjectif et arbitraire. Découvrir Dieu, c’est un éveil du cœur.

    Nous le savons tous, la seule chose qui nous intéresse vraiment concerne le cœur : c’est l’amour.

    Le mot amour est le plus attirant qui soit et le plus terrifiant, le plus cruel, le plus douloureux. Les êtres humains sont nés pour se sentir aimés et pour aimer. Je pèse mes mots. Les êtres humains existent pour se sentir aimés et pour aimer. Et cela se vit dans le cœur. Quelle est la réalité de l’être humain ? C’est la peur de ne pas se sentir aimé ; la souffrance de se sentir menacé, frustré, trahi et l’incapacité à aimer vraiment. Qui d’entre vous pourrait me dire que l’amour est une activité intellectuelle, que l’amour est une activité physique ou même que l’amour l’activité d’une énergie maîtrisée, contrôlée et raffinée ? L’amour est la fonction même du cœur.

    L’expérience réelle, dont on ne peut parler, au sujet de laquelle on peut à peine tenter de dire quelque chose, le vrai silence intérieur, la découverte ultime est un état dans lequel on se sent intensément aimé alors même que nous serions entourés de gens qui ne nous aiment pas, qui nous considèrent comme un ennemi, qui essaient de nous critiquer ou de nous faire du tort.

    L’éveil, de quoi s’agit il ? De cette condition particulière, ou plutôt absence de condition, totalement non dépendante des circonstances, avec tout ce que cela peut impliquer de plénitude- plénitude, le contraire de frustration ou d’incomplétude. Ressentir la plénitude, c’est se sentir aimé d’un amour absolu, incompréhensible, qui ne correspond à aucune expérience, qui dépasse toute compréhension ; et se sentir soi même en état d’amour. Et la souffrance – sarvam dukam, tout est souffrance – c’est de perdre cette condition intérieure. Ne plus se sentir aimé ; ne plus aimer est souffrance.

    L’essentiel de la sadhana, c’est le « nettoyage ».

    Il est possible de dénouer tous les nœuds du cœur, jusqu’à dénouer le nœud ultime, hridaya granti au singulier.

    La possibilité absolue, c’est se sentiment absolu d’être aimé, cette plénitude intérieure transcendant toutes les expériences et portant au degré absolu l’état de bonheur qu’éprouve un être dans le relatif quand il se sent aimé.

    Ananda (la béatitude) est un état d’amour absolu, qui n’est en relation avec rien. Vous pouvez déjà en avoir un certain écho que vous pouvez voir luire à l’horizon, comme on voit briller une lumière vers laquelle on marche dans la nuit.

    Voilà le but, finalement je ne cherche que cela ; vivre dans l’amour, de l’amour, par l’amour. C’est possible, c’est la Voie, c’est le Chemin et c’est la manière la plus simple et en même temps la plus véridique dont vous puissiez vous représenter un peu le but et assez clairement le Chemin.

    Est ce possible ? Oui. Est-ce une tâche aisée, facile, accomplie à bon marché ? Non

    Souvenez vous : le Chemin commence avec le cœur, se poursuit avec le cœur et se termine avec le cœur. Et c’est dans la « caverne du cœur », comme disent les Upanishads, que vous trouverez l’Absolu.

    ARNAUD DESJARDINS « La voie du cœur » chapitre un

     

  • Le grand esprit

    « Le grand esprit de la conscience pure est un no man’s land- une réalité libre et ouverte, sans points de référence, limites de propriété ni jalons. Bien qu’il ne puisse être appréhendé comme un objet par l’attention focale, ce n’est pas un simple article de foi. C’est plutôt le contraire, comme en témoigne ce texte tibétain :  » Le rien en question peut être réellement être expérimenté. » Malheureusement, lorsque l’esprit laissé à lui même considère cela comme un blanc vide, ou néant, l’éclat de cette conscience pure, semblable à celui d’un joyau, devient obscurci. Comme le fait remarquer Tenzin Wangyal, maître dzogchen,  » l’espace entre les pensées est l’essence. Mais si, dans cet espace, la présence fait défaut, cela devient ignorance et nous n’expérimentons qu’une absence de conscience, presque une inconscience. S’il y a présence dans cet espace, nous expérimentons alors le dharmakaya (l’ultime). » L’essence de a méditation peut être décrite assez simplement, selon les termes de Tenzin Wangyal, comme une  » présence dans la brèche »- comme un acte de connaissance non duelle, unitive, qui révèle la base d’être, dans ce qui semblait au départ n’être rien du tout. Comme l’explique un autre texte tibétain,  » la fondation des êtres vivants est sans racine… Et cette absence de racine est la racine de l’éveil. » La danse de la réalité ne peut se dérouler dans toute sa lumineuse clarté que sur la base infondée de l’être. »

    John Welwood dans son livre  » Pour une psychologie de l’éveil »page 92,93 – Éditions La Table Ronde.

  • ZERO NO LIMIT (7) – Sauter

    Dans le grand bain de l’existence
    Crise de sens
    Qui ne veut pas périr noyé
    Certainement « mon » essence

    Au milieu de tant de souffrance
    Espérance
    Même si t’as peur de sauter
    Fais confiance
    Qui veut briser ses chaînes
    Fini l’accoutumance

    elastiqueSi tu le veux vraiment
    Va falloir t’accrocher
    Si tu le veux vraiment
    Va falloir te réveiller
    Si tu le veux vraiment
    Y’a un prix à payer

    Aller sans retour possible
    Maintenant
    En finir une fois pour toutes
    Avec les apparences
    Être prêt à mourir
    Faire confiance

    Qui veut se libérer
    Salue l’illimité
    Dans le secret du Mystère
    Silence
    Arrive à tes fins
    Infini et serein
    Oui, c’est bien Toi Conscience

    Si tu le veux vraiment
    Va falloir t’accrocher
    Si tu le veux vraiment
    Va falloir te réveiller
    Si tu le veux vraiment
    Y’a un prix à payer

    Aller sans retour possible
    Maintenant

     

     

  • Swâmi Prajnanpad – Extrait de « Lettres à ses disciples »(3)

    PAS DE RÈGLE ABSOLUE

    Ce qui est juste pour une personne est injuste pour une autre. Ce qui est un péché pour l’une est pour l’autre une action vertueuse. Non seulement cela, mais ce qui est un acte de piété dans un pays est un péché dans un autre ; ce qui est un acte de piété à une époque est un péché dans un autre temps. Cela montre qu’il n’y a rien au niveau pratique qui reste sous la même forme pour tous les gens, partout, à toutes les époques. Tout péché, tout acte de piété, le bien, le mal, le juste, l’injuste dépendent des gens, du temps, du lieu, des conditions ou de la situation ; ou, en d’autres mots, tout ceci est relatif. Il n’existe pas de règles morales (dharma) absolues. Existe il un médicament universel ? Est ce qu’on peut donner le même remède à la même dose à tous les gens qui ont la malaria? Le traitement dépend du cas particulier du malade.
    Bon ou mauvais, cela dépend de considérations pratiques, qui changent suivant les personnes, le moment et le lieu (…)
    Ainsi, vous le voyez, tout est relatif ; il n’y a rien qui soit une règle absolue.

    Extrait du magazine « Psychologies » Decembre 2016 – janvier 2017. Hors série « 20 maitres de vie ». p 99

  • Swâmi Prajnanpad – Extrait de « Lettres à ses disciples »(2)

     

    DE L’IDÉALISME

    Méfiez vous de l’idéalisme parce qu’il vous divise contre vous-mêmes. Le réel doit être idéal. A tout moment, demandez-vous ce que vous voulez. Soyez clair quant à votre objectif et quand vous l’êtes, agissez avec une attention non divisée.  » Oui, ceci est à moi. je le ferai de tout mon cœur », voilà quel doit être votre sentiment.(…) Si vos n’apprenez pas vos leçons maintenant, vous ne pourrez pas apprendre les leçons de la classe supérieure, quand vous y serez. Vous devrez étudier alors ce que vous avez laissé de côté (…)

    Cherchez plutôt à vous épanouir dans le présent. C’est la méthode la plus rapide pour progresser. Si vous êtes menuisier, faites de votre mieux en tant que menuisier, et un jour vous vous retrouvez parmi les meilleurs spécialistes de la profession.
    Viser trop haut n’apporte que déception.
    Le réel est Vrai, l’idéal est un mensonge.

    Extrait du magazine « Psychologies » Decembre 2016 – janvier 2017. Hors série « 20 maitres de vie ». p 99