(…) c’est à longueur de journée que quelque chose ne nous convient pas. Vous avez du matin au soir, l’occasion d’opérer cette conversion. Et ce qui peut faire grandir de plus en plus ce climat de vigilance, je vous le promets, c’est la formule que vous connaissez tous : » Ici et maintenant, pas ce qui devrait être mais ce qui est « . Un premier mouvement de refus puis la conversion de ce premier mouvement de refus en adhésion : » J’ai fait un geste maladroit, je l’ai fait. Le vase couteux est tombé. Il est brisé en morceaux . Ah non ! Ah oui ! C’est! » La question n’est pas de savoir si c’est un désastre ou non, si c’est terrible ou non, mais uniquement si c’est ou ça n’est pas. C’est : Je suis un avec la situation et non emporté par la situation.
Si vous prenez la peine de vous y exercer, vous serez sidérés et en même temps émerveillés car vous sentirez : » J’ai la clé que j’ai longtemps cherchée« . En s’exerçant, on devient un expert, un virtuose. Croyez moi, ce décalage par rapport à la réalité, comme celui d’une voiture qui se déporte sur le verglas, peut devenir la base de votre pratique. Même si ce décalage est léger, je ne suis plus un avec la réalité : » Non, cela ne devrait pas être comme ça! » Le pas suivant est de m’en vouloir de ne pas avoir tout de suite accepté que ce qui est soit : » Ce n’est pas possible, j’ai beau faire attention, je n’y arrive pas! » . Et c’est la boule de neige qui roule et qui finit par faire une avalanche. Tous ces refus accumulés finissent par engorger votre psychisme et créent un mal être diffus.
Pas ce qui devrait être, ce qui est. C’est si simple et, pourtant, sortir de la logique du refus demande beaucoup de détermination. C’est une sorte de sacrifice. C’est pourquoi il faut d’abord s’exercer avec les petits refus, puis, plus tard seulement, avec les situations plus fortes. Cette pratique va créer un arrière plan de vigilance et, à la fin de votre journée, au lieu d’avoir été tout le temps immergés dans l’identification, vous sentirez que c’est devenu complètement différent, que vous avez vécu votre journée peu emportés, finalement assez présents mais dans un climat général de calme. Et vous constaterez que vous êtes beaucoup moins fatigués nerveusement. Mais ceci ne prend tout son sens qu’au cœur d’une vision d’ensemble de la voie (..).
ARNAUD dans son ouvrage : « LA TRAVERSÉE VERS L’ AUTRE RIVE «