Auteur/autrice : Georges Morant

  • Echos du week-end meditation des 13 et 14 septembre 2014

    tournesol2

    Ce samedi/dimanche  a donc eu lieu le week-end de méditation annuel. Un peu plus tôt que d’habitude, par deux belles journées d’une fin d’un été qui s’amuse à jouer les prolongations.
    Et quoi de plus symbolique de l’été et du soleil que cette fleur de tournesol, qui était placée au centre du cercle des méditants !
    Et elle a une histoire cette fleur ! issue de graines offertes par un Bertaisien aux convives de son mariage, lequel Bertaisien se trouvait là, en silence devant sa fleur déployée !
    Nous étions vingt six à avoir tenté l’aventure des 24 heures. Dans un silence de plus en plus intense et une harmonie palpable entre les membres de la Sangha.

    Mais je préfère laisser les participants s’exprimer sur leur ressenti.

  • L’Amour du prochain 2

    pluie

    Il allait pleuvoir, c’était sûr. Pas une pluie ordinaire, mais une eau maligne, envoyée par les mauvais esprits. Et le sage dit à tous les habitants :  » Ne buvez pas de cette eau! Elle vous rendrait fous!  » Et il plut. Et les hommes burent. Et ils devinrent fous. Tous, sauf le sage. Alors, les hommes se détournèrent de lui et dirent qu’il était devenu anormal, que c’était lui qui était devenu fou. Quelques uns vinrent le supplier de boire :  » ne reste pas à l’écart, bois de cette bonne eau et deviens comme nous.  » Le sage refusa un jour, deux jours, trois jours. Le quatrième jour il céda et but de l’eau. Et les hommes firent une grande fête et lui dirent :  » enfin te voici parmi nous!  » Le sage se tut et pensa :  » Pourquoi donc aurais-je préservé ma sagesse si le prix en est de rester séparé des autres ? « 

    Eric Edelmann :  » Métaphysique pour un passant »

  • La méditation

     

    (…) »  Notre esprit est totalement indiscipliné, incontrôlé, toujours en train de créer des souvenirs, d’échauder des préjugés, d’élaborer des commentaires mentaux. La plupart des gens vivent dans un état d’émeute permanente. L’anarchie règne à l’intérieur. On a aucun moyen de choisir nos méthodes de penser et les émotions nous submergent. La méditation est le moment où l’on commence à calmer la tempête, à faire cesser le bavardage sans fin de l’esprit. Ce n’est qu’après y être parvenu que l’on a accès aux niveaux de conscience plus profonds qui existent sous le tumulte. Au cours de ce processus, on cesse graduellement de s’identifier à nos pensées et à nos émotions. On découvre ainsi leur transparence et elles perdent leur crédibilité. Cela crée une harmonie intérieure que l’on peut intégrer à notre vie quotidienne. »

    Tendzin Palmo

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  • En été

    C’est aussi le temps des congés sur le blog Bertaisien. Avec peut-être des articles plus espacés.
    Avec aussi un côté un peu plus récréatif.
    Et pourquoi pas de votre part, l’expédition d’une carte postale, moment photographique ou littéraire, ou historique, même très court, de votre passage dans telle ou telle contrée. A faire partager.
    En attendant pourquoi pas démarrer cette saison par un article déjà paru – mais c’était en 2011 – et qui semble tout à fait adapté, ludique et poétique en même temps…et musical..D’ailleurs, on pourrait imaginer de temps en temps ce type de « rediffusion »..
    Les commentaires d’origine ont été volontairement conservés, notamment  pour l’aspect « tube de l’été »… Les commentateurs d’alors ne nous en voudront pas.. Ils peuvent toujours modifier, compléter.. Quant aux autres, A vous d’en rajouter..signé Mireille.

    En été

     

    La nature épanouie rayonne dans toutes les directions

    Beaucoup de personnes vont au bord la mer en été

    C’est vrai que souvent, en ce qui concerne nos mères, mieux vaut parfois rester au bord

    C’est si vite fait de déborder ou de se faire déborder

    Sur de très nombreuses plages, surtout en Bretagne où c’est toujours ensoleillé, beaucoup se font bronzer, voire cramer au détriment de leur santé

    Enduits d’huiles et de crèmes de toutes sortes, beaucoup  lézardent avant de se baigner

    A vrai dire, la plupart barbotent, pas vraiment à l’aise avec la mer

    C’est vrai que souvent avec  nos mères, c’est loin d’être toujours évident

    Je dirai même plus, c’est la base essentielle de nos trajectoires  diverses et variées

    C’est le moins que je puisse écrire

    Après avoir beaucoup entendu

     

    Nos mères nous mettent au monde

    Mais avons nous été aimés est la question fondatrice de toute destinée

    C’est pourquoi passer ses vacances à la mer n’est pas forcément de tout repos

    A moins de se faire bronzer l’intérieur toujours plus disponible, plus léger en été

    Après tout, brûler le dedans pour retrouver la vrai santé, est une super opportunité pour pardonner ce qu’il y a éventuellement à pardonner

    Sur ce, allons nous baigner, allons nous rafraîchir, allons nous ressourcer dans le ventre de la mer

    En Bretagne, Il n’y a pas de problème, l’eau est toujours à 26 degrés

     

    Et puis, pour terminer, une petite vidéo sur ces moments intemporels et ultra célébrés que sont l’été et les vacances.  Les tubes ne manquent pas. D’ailleurs, cela pourrait être un appel à contribution : « quelle chanson représente le mieux ce moment de l’année pour vous ? ».
    Voici les Undertones :

  • Méditation

     

    meditation

     

    Assis, pour Rien

    Merci

    Ici, maintenant, c’en est fini de toute souffrance

    L’homme nouveau au cœur d’enfant

    Voyage confiant

     

    Tout remonte en amont

    Grâce à Cela qui permet tout

    Veillons, veillons, veillons

     

    Texte : Georges Morant   Photographie : Alain Silvert

    ——————

    NB : J’ai choisi de publier ce texte aujourd’hui en pensant tout spécialement à notre soeur Laurence Grudé, dont Joël Caillerie vient de nous apprendre le décès, ses obsèques ayant eu lieu le vendredi 27 juin.

    Yann

    laurence_g

  • Qui perd gagne

    oignon

    (…)  » La question n’est pas de savoir ce que l’on gagne, mais ce qu’on perd. Ce que vous avez à faire revient à peler un oignon, couche par couche. Ma quête était de comprendre le sens de la perfection. Maintenant, je suis consciente du fait qu’à un certain niveau de notre être, on ne s’en est jamais éloigné. Seules nos perceptions erronées nous empêchent de voir ce que nous avons vraiment en nous. Plus on devient conscient, plus on comprend qu’il n’y a rien à réaliser. Notre erreur fondamentale consiste à croire qu’il faut parvenir à un point, qu’il faut atteindre quelque chose. De toute façon, qui est là pour atteindre quoi ? « 

    Tendzin Palmo

  • Oui… Le Désir. Le Grand, L’Infini…

    21 Août

    « Oui… Le Désir. Le Grand, L’Infini… Voyons, comment était-ce exactement ? Je me levais à l’heure habituelle, vers 6 heures, et il était là, entre éveil et sommeil ; le désir, douloureux et profond comme un coup de couteau. Désir de quoi ? C’était la première pensée de ma conscience éveillée. Réellement, je ne sais pas. Parfois, un profond soupir depuis le fond de mon cœur semblait apaiser la tension; elle était si aiguë et si cruelle. Au tout début, je ne savais jamais où allait ce désir. Confuse, torturée, l’esprit absent, je ne pouvais pas l’analyser. Ce n’était qu’un désir du plus profond de mon cœur, pressentiment poignant d’une félicité disparue.

    Au début, ça paraissait n’être qu’un désir en lui-même, pour rien de particulier. Par moments, c’était plus ou moins fort, mais sans disparaître, jamais vraiment; cela palpitait toujours en arrière fond. Parfois, ça pouvait croître tellement que j’en perdais la volonté de vivre. Il doit y avoir une raison à cela; ne dit-il pas qu’il y a une raison à tout ?

    J’examinais plus profondément en moi. Toujours plus profond. Il me fallut pas mal de temps, ce matin, pour découvrir qu’il s’agissait en réalité du même désir que j’avais eu toute ma vie, depuis mon enfance. Mais à un degré ultime, désormais. Même lorsque j’étais assez petite, chaque fois que je voyais les nuages cramoisis du coucher du soleil ou bien le ciel très bleu, ou que j’entendais une belle musique, ou voyais des étincelles de lumière qui dansaient sur la surface frémissante de l’eau, chaque fois, j’éprouvais une tristesse infinie; quelque chose se mettait à pleurer en moi.

    Souvent je me demandais ce que pouvait bien être ce désir. Je n’ai jamais compris. Était -ce mon hérédité slave ? La tristesse innée du tempérament russe ? Mais ce matin, je savais. C’était le cri de l’Âme emprisonnée pour LUI. L’amant pleurant pour l’Aimé ; le prisonnier aspirant à la liberté. Durant quelques secondes mon cœur sembla se briser. J’en avais des douleurs dans le corps! Puis cela se retira, en laissant la signification de sa vrai nature. C’était si simple. Ce n’était rien d’autre que le cri pour la véritable maison.


    soleil-damour-rayonnant

    Nous le portons en nous dans la vie physique. Nous l’apportons des autres plans de l’être ; il forme une réelle partie de la substance de notre âme ; c’est destiné à nous ramener chez nous. Sans ce désir, qui n’est pas de ce monde-ci, nous – abusés que nous sommes- ne retrouverions jamais le chemin de nos demeures.

    Si vous aimez et qu’on vous demande pourquoi, si vous êtes capables de répondre,  » j’aime à cause de sa beauté, de sa position dans la vie, son charme ou son bon caractère » – en d’autres mots, si vous pouvez donner les raisons pour lesquelles vous aimez- alors ce n’est pas de l’amour..

    Mais si on vous pose cette question et qu’étonné, vous découvrez que vous ne savez pas du tout, que vous ne vous êtes jamais posé la question, que vous aimez, c’est tout…Alors, alors seulement, c’est de l’AMOUR VERITABLE.

    Il semblait faible, et faillit s’endormir toute la matinée. J’essayais d’empêcher les mouches de rentrer, en fermant les volets et la porte, et en l’éventant, tandis qu’il était tourné contre le mur. Je rentrai tôt à la maison.

    Le soir, il ne sortit pas. J’étais heureuse qu’il se repose ».

    Irina Tweedie

    L’Abîme de feu ( l’expérience de libération d’une femme à travers les enseignements d’un maître soufi)

     

  • La présence éveillée

     

    surf and windsurf at teahupoo

    (…) » c’est savoir que l’on est absorbé dans la musique par exemple. Quand nous sommes parfaitement conscients, nous sommes attentifs non seulement à ce que nous faisons, mais aux sentiments, aux émotions qui surgissent ainsi qu’aux évènements qui se produisent autour de nous. C’est si simple que ça nous échappe! Car on s’imagine que cette présence éveillée doit être quelque chose de plus grand, de plus spectaculaire. Mais il ne s’agit pas de lumières accompagnées de trompettes. C’est très simple. C’est juste là, présent. On pense en général que l’Éveil, ou la réalisation, est quelque chose de lointain, un évènement magnifique et fantastique qui transforme tout une fois pour toutes. Mais ce n’est absolument pas le cas. C’est une chose qui est parfois si simple que c’est à peine si on la remarque. Et c’est aussi une chose qui peut se produire à tout moment. Et au moment ou on la voit, ça y est. C’est ça. Cela a toujours été là, mais notre œil intérieur était fermé. Quand tous les moments de la présence éveillée s’associent, alors on devient bouddha.

     » Le terme sanscrit qui désigne la vigilance est smirti, sati en pali et drenpa en tibétain. Il est intéressant de constater que tous ces mots signifient  » se rappeler » . C’est ce que les catholiques appellent  » être en état de recueillement ». Et c’est extrêmement difficile. Être conscient pendant quelques minutes, c’est déjà beaucoup. Si  » vigilance » est synonyme de  » se souvenir » , il en résulte que l’ennemi de la conscience éveillée est l’oubli, la distraction. On est capable d’être conscient pendant quelques brefs instant, puis on oublie. Comment se souvenir d’être conscient, c’est là tout le problème. Car nous avons cette colossale inertie. Nous n’avons tout simplement pas l’habitude d’être conscient.

    Quand on vit quelque chose, on le fait au travers du filtre des idées, des préjugés et des jugements de valeur. Par exemple, quand on rencontre des gens, on ne les voit pas tels qu’ils sont réellement. On les considère en fonction ce ce que l’on pense d’eux, de l’amour ou de l’aversion qu’on leur porte, des personnes qu’ils nous rappellent, de l’éventail de qualités qu’ils possèdent. Et il en est ainsi de tout ce que l’on perçoit : tout ce que l’on voit, mange, entend ou touche. Ces perceptions sont immédiatement réinterprétées en fonction des pensées et de l’expérience qu’on possède.  » On peut se dire :  » et alors ? Ça n’a pas d’importance »

    Mais ce qui se produit, c’est que nous sommes toujours en retrait par rapport à cette expérience elle -même et que de ce fait nous sommes de plus en plus conditionnés et  » robotisés » . Nous ressemblons à des ordinateurs. Quelqu’un appuie sur un bouton, comme on le dit si bien,et on produit la réponse conditionnée correspondante. (…)

    La conscience éveillée est comme une planche de surf. Si vous faites du surf, vous ne voulez pas d’un lac tranquille, vous recherchez les hautes lames. Plus la vague est grosse, plus c’est amusant, n’est ce pas ? Milarepa a dit :  » Plus violent est le tumulte, plus grande est la joie » , parce qu’il était sur la crête de la vague, habile et équilibré. D’un point de vue spirituel, il n’est pas avantageux d’être un lapin. Mieux vaut être un tigre. Les lapins sont gentils et très mignons mais leur potentiel de progression est faible. Par contre, les tigres sont d’un naturel violent, et c’est exactement cette pure énergie que l’on a besoin sur la voie, à condition d’en faire bon usage. Tous les grands saints étaient des gens passionnés. Le point crucial, c’est qu’ils n’ont pas dissipé leurs passions dans des voies négatives. Ils ont transformé leur passion en un combustible qui les amenés vers la libération.

    Tenzin Palmo
    cité par Vickie Mackenzie dans « Un ermitage dans la neige »

  • L’Amour du prochain – 1

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    Un jour, un homme se rendit auprès d’un sage car il était rongé par une interrogation : il voulait connaître la différence entre le paradis et l’enfer.

    Le sage, répondant à sa demande, lui montra tout d’abord l’enfer. L’homme vit alors apparaître devant lui une table de banquet richement garnie et autour de laquelle des convives étaient assemblés. Ces derniers étaient munis de cuillères dont le manche était plus long que le bras de telle sorte qu’il leur était tout à fait impossible de goûter aux mets alléchants qui étaient disposés devant eux.

    Chacun tentait désespérément de saisir une bouchée de ces plats merveilleux mais le résultat était pour le moins catastrophique. Devant un tel spectacle, l’homme demanda au sage s’il lui serait possible de voir le paradis. Après s’être retourné de l’autre côté, il vit alors la même table de banquet entourée des mêmes convives. Le manche des cuillers était toujours aussi long mais chacun donnait à manger à la personne qui se trouvait à côté de lui.

    Eric Edelmann : « Métaphysique pour un passant »

  • Et Alors

    et alors

    Ton chien a disparu et n’est jamais revenu ?

    Et alors.

    Ton voisin a empiété sur ton terrain et refuse de changer ?

    Et alors.

    Tes parents ne t’aimaient pas ?

    Et alors.

    Tu as trouvé ta compagne au lit avec ton meilleur ami ?

    Et alors.

    Ton mari est mort d’une crise cardiaque et on t’a dit qu’il te reste trois semaines à vivre ?

    Et alors.

    Nous sommes tous nés pour mourir ?

    Et alors.

    La race humaine est sur le point de s’éteindre ?

    Et alors.

    Les bombes atomiques sont toutes entre les mains de déments ?

    Et alors.

    Tout ce qui est est , exactement tel que c’est ; toute signification et toute souffrance proviennent du jugement comme bon ou mauvais, ce qui est arbitraire, subjectif et dénué de sens.

    Tu es en désaccord total et véhément avec tout ça ?

    Et alors.

    Red Hawk – L’observation de soi-l’éveil de la conscience – ed ALTESS – 2011

  • La citation du lundi (44)

    Borobudur, Java, Indonesia

    (…) l’acte d’observation de soi est le seul changement qu’un être humain a besoin de faire dans son comportement. Tout le reste, tous les changements fondamentaux du comportement, des émotions et de la pensée, arrivent comme des sous – produits de cette pratique.

    Red Hawk – L’observation de soi, l’Eveil de la Conscience

     

  • Qui suis-je ?

     

    « (…) il y a la pensée et le fait d’être conscient de cette pensée. Et la différence entre les deux est considérable, énorme… En temps normal, nous nous  identifions tellement à nos pensées et à nos émotions que nous nous confondons avec elles. Nous sommes le bonheur, nous sommes la peur, nous sommes la colère. Il faut que nous apprenions à prendre du recul et à reconnaître que nos pensées et nos émotions ne sont que des pensées et des émotions. Elles ne sont que des états mentaux. Elles n’ont pas de solidité, elles sont transparentes. Il faut en être conscient, le savoir véritablement afin de ne pas s’identifier avec le sujet connaissant. Il faut savoir que la conscience connaissante n’est pas une personne au sens d’une entité autonome et permanente. »

    Un silence s’installa, pendant lequel cette affirmation essentielle pénétra lentement l’esprit de l’assistance. Puis une voix :  « le sujet connaissant n’est pas la personne… C’est difficile!

    – Oui! C’est la grande vue pénétrante du Bouddha, reprit Tenzin Palmo d’une voix pleine de respect.
    Quand on a reconnu qu’on n’est pas la pensée ni l’émotion, on croit qu’on a tout compris, mais aller plus loin et savoir qu’on n’est pas le sujet connaissant nous amène à poser la question suivante : qui suis-je ?« 
     
    paysage vaste

    Plus on approfondit l’analyse, plus la qualité de notre conscience est l’ouverture et la vacuité. Au lieu de trouver une petite parcelle d’entité éternelle qui serait le  » moi  » , on revient à cet esprit vaste et spacieux qui est en interdépendance avec tous les autres êtres vivants. Dans l’état où nous sommes, on se demande où est le » moi » et où est « l’autre » . Tant que l’on reste dans le domaine de la dualité, il y a un « moi » et un  « autre ».  C’est l’erreur fondamentale, la cause de tous nos problèmes. C’est aussi la raison pour laquelle on a l’impression d’être très isolé. Là, réside l’ignorance foncière.

    Une fois que l’on a compris que la nature de notre existence est au-delà des pensées et des émotions, qu’elle est incroyablement vaste et en rapport d’interdépendance avec tous les êtres, ces sentiments d’isolement et de séparation, de peur et d’espoir disparaissent d’eux mêmes. C’est un immense soulagement ! »

    Tenzin Palmo, in « Un ermitage dans la neige »

     

     

  • Plus rien

    jeune-femme-marchant-sur-la-plagePlus rien ne m’intéresse. Les jours se traînent comme des vers de terre après une forte pluie et je peux rester assis là, sous ma véranda de l’aube jusqu’à la nuit sans rien faire, juste regarder les ombres se déplacer d’un arbre à l’autre jusqu’à ce que tout baigne dans une pâle obscurité, comme mon cœur vide.

    Avant, je m’intéressais au sport mais il a été complètement corrompu par l’avidité et un mépris brutal pour les supporters. Les journaux m’ont bien donné quelque espoir avec leurs histoires drôles, mais c’est fini : Calvin et son tigre étaient tout ce qui restait de bon dans une désolation qui n’était que rien d’autre que bêtise et stupidité.

    La télé broie un ennui après l’autre, les entrecoupant de publicité assourdissantes, plus déprimantes que les pires spectacles. Je suis assis sous ma véranda et tout d’un coup la revoilà.

    Chaque jour qui passe cette belle femme aux longs cheveux châtains tombant presque jusqu’à son splendide derrière. Aujourd’hui elle porte un short moulant et ses jambes sont magnifiquement musclées, ses mollets dessinant une courbe saillante, ses cuisses semblables à deux piliers effilés de chair bronzée si délicats que je pourrai presque sentir leur duvet sur mes lèvres ; puis elle a disparu derrière la butte. Où en étais -je ? Ah, oui plus rien ne m’intéresse.

    Red Hawk, The art of dying, page 105

     

  • DESIDERATA

    Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte et souvenez vous de la paix qui peut exister dans le silence.
    Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes.
    Dites doucement et clairement votre vérité, et écoutez les autres, même le simple d’esprit et l’ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire.
    Évitez les individus bruyants et agressifs : ils sont une vexation pour l’esprit.
    Ne vous comparez avec personne, vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.
    Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements.
    Soyez prudents dans vos affaires car le monde est plein de fourberies.
    Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe : plusieurs individus cherchent les idéaux, et, partout la vie est remplie d’héroïsme.
    Soyez vous même.
    Surtout, n’affectez pas l’amitié. Non plus, ne soyez pas cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l’herbe.
    Prenez avec bonté le conseil des années en renonçant avec grâce à votre jeunesse.
    Fortifiez votre puissance d’esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais, ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
    Au delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous même. Vous êtes un enfant de l’univers, pas moins que les arbres et les étoiles, vous avez le droit d’être ici. Et qu’il vous soit clair ou non, l’univers se déroule sans doute comme il le devrait.
    Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, et, quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.
    Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés;le monde est pourtant beau.

                  Prenez attention, tâchez d’être heureux.

                                     Trouvé dans une vieille église de Baltimore en 1692

                                                               Auteur inconnu                                                                         

  • Comme des Esquimaux naïfs

     

    (…) » Bien que nous soyons depuis toujours soumis à cette alternance de la veille et du sommeil, nous n’en avons vraiment jamais pris conscience, et, dans notre façon habituelle de nous définir, nous nous comportons comme le ferait un Esquimau naïf qui, pour n’avoir jamais vécu ailleurs que sur la banquise, considèrerait que l’eau est par nature un solide, froid, translucide, dont on peut se servir pour construire des igloos.
    Il sait bien qu’à la belle saison ce solide a tendance à couler un peu, à glisser et à réduire de volume, mais c’est là pour lui un phénomène marginal, aussi ne le prend-il pas en compte dans sa définition de l’eau.
    Nous aussi nous savons bien que le moi que nous prétendons être quand nous sommes réveillés n’est pas l’état permanent de nous mêmes. Quotidiennement, nous nous voyons fondre dans le sommeil.
    Mais concrètement, nous ne tenons pas compte de cet aspect de notre expérience quand nous nous définissons, identifiés que nous sommes à la banquise de l’état de veille.
    Pour savoir ce qu’est véritablement l’eau, il faut que notre Esquimau accepte de reconnaître que celle ci, une fois fondue ou évaporée, n’en demeure pas moins substantiellement identique à elle même : H2O.
    De la même façon, si nous voulons comprendre notre véritable nature, il faut que nous cessions de nous confondre avec « moi réveillé » pour nous éprouver comme le dénominateur commun de l’ensemble de nos états de conscience, veille, rêve et sommeil profond.
    Mais qui sommes-nous donc en tant que substratum de tout notre vécu ? »

    Yann Le Boucher (in « Le sommeil, les rêves, l’Eveil », thèse de doctorat)

    PS : j’ai extrait ce texte d’une brochure qui nous a été proposée à la fin de la semaine Upanishads de cet été. Il est pour moi très représentatif de ce stage remarquable que je vous invite chaudement à faire et/ou à refaire. Prochaine session de 3 jours au tout début janvier  😉