CHAPITRE 1
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5/ Culmination : Pour une mort sans peur

(…) La question même de savoir ce qu’il en est de l’après vie, de l’éventualité du néant, ne se pose plus, tant il est évident que la vie ne saurait s’arrêter. Elle animait déjà le spermatozoide et l’ovule, elle anime tout l’univers, cette nature où "rien ne se perd et rien ne se crée". " Ma " vie individualisée, avec ce qui fait mes repères, est bien entendu appelée à disparaître ; mais la Vie ou la Conscience ne saurait, elle, disparaître. C’est tout bonnement impossible.
(…) ma plus grande expérience spirituelle a été l’œdème pulmonaire aigu…J’ai vraiment senti que la mort était là. Je me suis même dit : Voilà, on en parle, on écrit même un livre, puis un jour, ça arrive.
(…) le lâcher prise absolu s’est imposé, l’absence totale de peur. L’organisme tremblait, suffoquait, mais ici et maintenant il n’y a plus de passé, plus de futur. Et aujourd’hui, si on m’informait : " Vous mourrez dans cinq minutes", je me demanderais : " Est- ce que je peux faire une dernière chose utile pour les autres? C’est aussi simple que ça.
Arnaud a frôlé la mort, il l’a vue de très près. Mais il n’est pas mort.
De fait, admet-il, cela ne s’est finalement pas produit. A ce moment-là, tandis que le corps suffoquait, j’ai vraiment envisagé l’imminence de la fin. Mais peut-être y avait -il, dans la grande profondeur qui a une vue beaucoup plus vaste de l’interdépendance de tous les phénomènes, la certitude que l’heure n’était pas encore venue.
A partir de là, me dit-il en 2007, il y a eu un ultime changement, un degré supérieur franchi.
…Il y avait une demande en moi…Je sentais la possibilité, même la nécessité, de franchir un pas de plus dans la maturation intime. En même temps, je ne sentais pas que l’aide pour faire ce pas doive venir de Lee Lozowick ou de Chandra Swami, en fait de quelqu’un d’autre, si sage fût-il. Je m’appuyais donc sur ma relation intérieure permanente à Swamiji, Mâ Ananda Mayî, et tous les maîtres avec lesquels avait eu lieu une véritable rencontre, dans les deux sens. L’épisode de l’œdème est survenu comme une réponse à une demande.
…Jusqu’à ce qu’on ait pu en tirer l’enseignement, les mêmes épreuves reviennent, commente-t-il en 2000. Mais en ce qui concerne cet épisode, il a joué son rôle et maintenant, c’est fini.
Je ne dis pas que, le moment venu, je ne mourrai pas finalement d’un problème cardiaque. Ce que je veux souligner, c’est qu’une fois cet épisode si fort vécu en conscience, et ses retombées spirituelles assimilées, je ne me suis plus du tout trouvé physiquement handicapé ou même gêné au quotidien.
…Vous savez, l’entité Arnaud Desjardins est comparable à un meuble complètement mangé par les termites : extèrieurement, le meuble a encore belle apparence, on ne met pas en doute sa solidité, son existence ; mais l’invisible vérité, c’est que les termites ont pris possession de lui. Il tient encore sa place dans le salon mais peut à tout moment et en un éclair tomber en poussière. L’apparence n’est que la surface. La réalité, c’est la profondeur où le moi n’a plus d’existence.
Gageons que ces propos sont encore plus vrais aujiourd’hui.