A l’occasion du départ en retraite de Mireille, nous étions retournés en Inde en janvier 2018. Notre but était double, d’une part, faire un peu de tourisme, découvrir un peu l’Inde du sud, que nous ne connaissions pas et d’autre part séjourner quelque temps à Tiruvanamalai , lieu consacré où je voulais me rendre depuis très longtemps.
Peu de temps auparavant, nous avions échangé avec Corinne Bayod pour avoir des adresses locales. A cette occasion, elle nous apprend qu’aux dates de notre séjour à Tiruvanamalai, Atmananda Udasin donnait des satsangs. Corine, qui le connait, nous a vivement conseillé d’y assister.
Les satsangs avaient lieu tous les matins sur le toit d’une guest house, en face de la colline d’Arunanchala. Cette année là, Atmananda enseignait à partir des 40 versets sur la Réalité de Ramana Maharshi.
J’ai été particulièrement touché par ce premier contact…
Depuis, je pense beaucoup à lui et je visionne régulièrement ses vidéos sur Youtube que je retranscris sur un cahier. J’aime beaucoup faire ce petit travail car je suis particulièrement touché par cette approche directe aussi piégeuse qu’elle soit.
J’ai choisi pour aujourd’hui le passage suivant tiré de l’un des satsangs que j’ai déjà retranscrit et qui m’a beaucoup plu pour des raisons spécifiques que je partagerai avec grand plaisir dans la suite à venir de cet article.
Nul doute que si vous faites bon accueil à celui-ci, d’autres suivront !
Bonne lecture

L’essence non duelle de la Réalité, le Soi, se révèle à Lui-même par Lui-même.
Dans la tradition de l’Advaita Védânta, la non-dualité, il y a plusieurs approches, plusieurs techniques. Hier, nous avons évoqué la pratique qui consiste à demeurer témoin, l’attitude de témoin, la posture de témoin SAKSHI BHAVA. C’est une approche très directe, car le Soi, la Présence en nous est le témoin et vous pouvez l’appliquer dans toutes les circonstances de votre vie. Demeurer le témoin en toute circonstance. Donc, c’est très compatible avec notre vie quotidienne bien occupée. Une autre approche qui est aussi très compatible avec notre vie moderne est l’Atma Vicara, l’enquête du Soi, telle qu’elle a été enseignée par Ramana Bhagavan Maharshi
ATMA VICARA ou L’enquête du Soi
C’est en réalité une approche très ancienne, mais elle a été développée au vingtième siècle par Ramana Maharshi. Elle est ancrée dans les Ecritures. Même Adi Shankaracharya a mentionné cette approche dans plusieurs textes. Mais elle a été développée à notre époque. Pourquoi devrions-nous pratiquer cette enquête du Soi ? C’est-à-dire : « Qui suis-je ? » (Koham ?) On pratique cette enquête pour être libre de la souffrance, car à moins que nous en venions à découvrir notre nature véritable, il n’y aura aucun bonheur durable. C’est seulement quand nous découvrons notre vrai Soi que nous devenons libre de la souffrance. Cette approche peut être appelée le « chemin inversé « , car on commence avec le « je » identifié, le « je » personnel, je suis ceci ou cela, je suis cette personne. Et on effectue une sorte de régression jusqu’à ce que l’on découvre la véritable source de ce « je », le vrai « je » qui est antérieur à la personne. Donc, c’est vraiment le chemin inversé.
La question : « Qui suis-je ? » est là seulement au tout début. Il ne s’agit pas de la répéter tout au long de sa vie. Ce n’est pas à utiliser comme un mantra. Elle vient au tout début de la recherche. C’est une technique. Car, en toute circonstance de notre vie, vous pouvez vous demander : Qui est celle ou celui qui rencontre tel ou tel problème ? Et donc, ce questionnement vous conduira lentement, graduellement, à votre présence spontanée qui précède la personne. Comment se fait-il que nous sentions que nous sommes cette personne ? Que s’est il passé en réalité ? Comme je l’ai expliqué hier, la Pure Conscience » SHUDDHA CHAITANYA », une fois qu’elle est réfléchie à travers le mental, devient le reflet que l’on appelle CHIT ABHASA, le reflet de Chit, la Pure Conscience infinie.
Et par infini, on ne devrait pas imaginer quoi que ce soit. Ce n’est rien de cosmique ou de macrocosmique. Infini veut dire : cela qui n’a pas de limite, l’illimité. La Conscience n’est pas limitée par le temps ou l’espace. Elle ne peut pas être connue par quelque entité séparée que ce soit, un sujet séparé. Vous pouvez seulement être cette Conscience illimitée, infinie. Vous êtes cette Conscience mais vous ne vous en rendez pas compte. Cette Conscience infinie, une fois qu’elle est réfléchie par le mental donne lieu à la naissance d’un sens de la subjectivité, à une subjectivité consciente. Et nous l’avons mentionné hier et avant-hier que c’est pour des raisons fonctionnelles, car sinon, aucune connaissance ne pourrait avoir lieu, la connaissance empirique, la connaissance d’autres objets. Vous ne pourriez pas remarquer d’objets, de formes, même votre corps, s’il n’y avait pas cette subjectivité consciente. Ce centre de subjectivité est la toute première contraction, la toute première expression. Mais c’est aussi la contraction très subtile de la Conscience infinie et il semble que cela donne naissance à une dualité, car il y a une subjectivité.
Il semble qu’il y ait dualité entre un sujet et un objet. Mais ce n’est pas le cas. En fin de compte, on réalise qu’il n’y a que cette Conscience infinie, continue et que cette distinction entre sujet et objet est seulement due aux mécanismes du mental. Nous devons faire cette distinction pour accumuler des connaissances. Donc, cette toute première subjectivité consciente est appelée : « l’aham vritti« . Ce n’est pas encore le concept « je », le mot « je ». C’est là, chez l’enfant, avant même qu’il dise « je ». C’est le sens de la subjectivité : » aham vritti », c’est une modification qui se produit au niveau du mental. Et c’est le tout premier nœud (granthi) qui apparaît dans la Conscience. C’est l’association de ce qui est conscient avec ce qui n’est pas sensible, ce qui est inerte.
Les Upanishads mentionnent les nœuds du cœur : « hridaya granti ». Donc, c’est le tout premier nœud, la toute première contraction, très subtile, très subtile. Et en même temps, ce aham primordial, ce « je » primordial, qui n’est pas associé avec quoi que ce soit d’autre, est aussi le seuil, le pont, pour aller vers la Reconnaissance complète de ce que nous sommes. Cet aham primordial apparaît une fois que la Conscience est réfléchie à travers le mental. Ce premier aham caractérise cette Conscience incarnée, cette conscience réfléchie. Ensuite, cet « aham » va s’associer avec toutes sortes d’attributs, d’autres objets qui sont vus. C’est ce que Bhagavan appelait : » l’idam », « ceci » , quoique ce soit et bien sûr, en premier lieu, le corps. Et cet idam apparaît aussi au niveau de la conscience mentale. C’est aussi une autre vritti, une autre modification dans la Conscience. Donc, l’aham vritti se trouve associé à l’idam vritti et donne naissance à l’aham idam: je suis ceci. C’est une association qui a lieu, encore une fois, pour des raisons fonctionnelles. Donc, une fois que le aham idam apparaît, on dit que la Conscience est identifiée. La Conscience est alors associée avec ce qui n’est pas conscient, ce qui est insensible, le « chada » , insensible ou non-conscient. C’est aussi la définition dans le Védânta, de l’âme, du « jiva ». C’est l’association de Chit la Conscience avec l’insensible (non-conscient), « l’achit » et c’est une sorte de nœud. Donc le « jiva » est aussi défini comme : « chit achit granthi« . C’est le soi, plus les contenus du mental, c’est l’âme telle qu’elle est définie par la tradition du Védânta.
Donc, cet » aham idam », je suis ceci, je suis ce corps, je suis ce mental, c’est la conscience identifiée, la conscience associée, la conscience personnelle. Et l’on vit vraiment à ce niveau. C’est une contraction complète de la Pure Conscience. Donc, l’investigation du Soi va nous ramener à l’aspect conscient, ou à l’essence de cet » aham ». On revient au pur « aham » , celui sans attributs, qui est vide de tout contenu. Et on reste là. Donc, en se posant la question : » Qui suis-je ? Qui est celui qui fait face à tel ou tel problème ? Qui est celui qui pense ? On pointe vers cette Pure Présence, cette Pure Subjectivité en nous. Mais, une fois que vous y êtes, vous n’avez plus à vous poser la question Qui suis-je ? Parce que cette question est posée par votre intellect, la partie supérieure de votre mental, la buddhi, simplement comme une facilitatrice pour revenir à votre Présence, simple, subjectivité Consciente. Après cela, vous n’avez pas à penser, à poser quelque question que ce soit. Vous devez rester là aussi longtemps que possible.
REMAIN AS THE PURE CONSCIENCE SUBJECTIVITY
A suivre…